Dax | Qui sont les prêtres et le surveillant mis en cause dans l’affaire “Cendrillon”

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L’omerta au sein des établissements catholiques
“ici Gascogne” recense à ce jour huit témoignages d’anciens élèves disant avoir été violés, agressés sexuellement ou violentés pendant leur scolarité dans le collège privé catholique, des années 1960 aux années 1980. Trois prêtres et un laïc sont mis en cause.

Le nombre d’anciens élèves du collège privé catholique de Dax Notre-Dame du Sacré-Coeur, ou “Cendrillon”, se disant victimes de viols, agressions sexuelles ou violences physiques, ne fait qu’augmenter.

“ici Gascogne” en recense à ce jour huit.

Ces huit hommes ont été scolarisés dans les années 1960, 1970 et 1980.

Ces victimes travaillent à la création d’un collectif, comme celles de Notre-Dame de Bétharram.

Dans leurs récits, plusieurs noms de prêtres et le nom d’un surveillant laïc ressortent.

Il y a d’abord l’abbé G.

D’après plusieurs témoignages, cet homme recevait, le soir dans sa chambre, des élèves pour les confesser.

Une pratique courante, à l’époque, dans l’établissement.

Au moins trois hommes affirment qu’au lieu de recueillir la parole des enfants, l’Abbé G profitait de cette occasion pour les faire asseoir sur ses genoux et leur caresser le sexe, ou les fesses.

Un autre homme assure être parti au moment où il tentait de défaire sa ceinture.

D’après le registre du personnel, que la direction de l’établissement appelé aujourd’hui Saint-Jacques-de-Compostelle a ouvert pour nous, l’abbé G. est resté six ans, de 1957 à 1963, au collège “Cendrillon”.

Selon nos informations, il a ensuite été prêtre à Biscarrosse, avant de devenir instituteur à Tartas à partir de 1965.

Cet abbé est mort en 1980.

Deux autres prêtres, morts également, sont cités par d’anciens élèves.

L’abbé C. – ayant officié de 1959 à 1968, selon les archives de l’établissement – remplaçait également les confessions du soir par “des attouchements et des baisers forcés”, quand l’abbé V. – présent dans le collège en 1957-1958 – aurait été jusqu’à violer un ancien élève.

À ces trois noms de prêtres, s’ajoute celui d’un surveillant laïc, Monsieur M.

Il aurait travaillé dans l’établissement de 1961 à 1964, puis de 1970 à 1976.

Un homme l’accuse de l’avoir violé pendant quatre ans en lui infligeant des “pénétrations anales” et des “fellations”.

On ne sait pas, à ce stade, si Monsieur M. est toujours vivant aujourd’hui.

Selon le collectif des victimes de Notre-Dame de Bétharram, Monsieur M. avait un frère, ayant officié dans l’établissement béarnais et lui-même accusé d’avoir violé et sodomisé, dans les années 1980, au moins un élève.

Rien qu’à l’évocation de ces noms, certaines victimes craquent.

“Vous avez entendu parler de lui ? Oh, je ne suis pas tout seul !”, lâche, soulagé et en larmes, l’un d’eux.

Plusieurs de ces sept hommes ont encore du mal, plusieurs dizaines d’années après les faits, à se considérer comme victimes.

Ils affirment d’abord ne pas l’être puis, au fil du récit, racontent des attouchements, des agressions sexuelles, des adultes qui regardent parfois par-dessus les rideaux des douches.

À l’époque, la majorité d’entre eux n’ont rien pu dire, ni à leurs camarades, ni à leurs familles.

“Sentiment de dégoût”

Quant aux violences physiques, la dizaine d’anciens élèves, anciens surveillants et l’ancien enseignant que “ici Gascogne” a joints jusqu’ici, en évoquent.

Ils se souviennent d’un surveillant général de la fin des années 1960 ayant “toujours un bâton à la main”, de “punitions à genoux avec de gros dictionnaires dans les mains”, de coups de pieds, de poings, de “chevalières retournées pour gifler les élèves”.

Le directeur actuel de l’établissement, Emmanuel Ortolo, convient avoir entendu à plusieurs reprises, à propos d’anciens membres du personnel, que l’un avait “la main lourde”, l’autre “était très dur”.

“L’omerta est la pire des choses, poursuit-il. J’éprouve un sentiment de dégoût et je suis terrifié pour les personnes qui ont dû porter ce fardeau depuis des années”.

Le chef d’établissement, qui est aussi directeur diocésain de l’enseignement catholique des Landes, assure vouloir faire toute la lumière sur ce qu’il s’est passé à l’époque.

Il dit n’avoir connu aucun des mis en cause cités précédemment, et n’avoir appris l’affaire que ce lundi 24 février.

L’évêque d’Aire et de Dax, Monseigneur Souchu, avait pourtant, quant à lui, reçu “deux signalements en 2021”, indique ce dernier, après que deux anciens élèves ont témoigné dans le cadre de la commission Sauvé, chargée de réparer les crimes et délits sexuels commis dans l’Église.

Pour rappel, dans cette affaire, deux plaintes ont été déposées en justice en 2021 mais classées sans suite, en raison de la prescription des faits reprochés.

Les parquets de Dax et Mont-de-Marsan, contactés, assurent n’avoir pas à ce jour reçu de nouvelle plainte concernant l’établissement.

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