Cybercriminalité | Un nouveau logiciel intensifie la lutte contre la cybercriminalité
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- 10/06/2018
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«La Mouette» a financé en début d’année un logiciel pointu pour faire remonter sur le disque dur de suspect des fichiers de pédopornographie. Un gain d’efficacité pour le groupe cybercriminalité de la SR.
La section recherches de la gendarmerie de Bordeaux compétente en Gironde, Dordogne et en Lot-et-Garonne, s’est dotée d’un logiciel redoutable de fabrication américaine de lutte contre la cybercriminalité.
Un équipement de pointe financé par l’association «La Mouette»
«C’est en décembre dernier que la présidente Annie Gourgue est venue rendre visite au groupe de cybercriminalité de la SR de Bordeaux et elle a été effarée de constater le volume d’enquêtes au quotidien et sur un écran central, le nombre de personne suspectées d’être connectées. 1 000 personnes par jour en moyenne qui fréquentent des sites de pédopornographie ou soupçonnées de détenir et/ou diffuser des images de mineurs», révèle le lieutenant Jean-Philippe Halm, chef du groupe de cybercriminalité au sein de la SR de Bordeaux.
Un groupe constitué de cinq enquêteurs qui traquent la pédopornographie infantile, la corruption de mineurs, le chantage à la sexcam… Trop peu de moyens humains pour s’atteler à un phénomène qui a pris une sacrée ampleur avec l’essor tentaculaire des nouvelles technologies.
Jusque-là, la SR opérait une surveillance du réseau «peer-to-peer» qui regroupe et mutualise des sites de partage en ligne. «Mais l’objectif quand on arrive à identifier une cible et récupérer un ordinateur, c’est de retrouver l’ensemble des fichiers contenant les images. Nos techniciens geek doivent alors cliquer sur chaque image pour remonter le fil».
Une déperdition de temps résolue depuis janvier et le financement du logiciel baptisé «Forensic Explorer» courant aux USA. En France, seule la SR de Bordeaux est équipée, à l’exception du centre de lutte contre les criminalités numériques de Pontoise. Une innovation qui permet de copier l’ordinateur de la personne interpellée «comme si vous étiez chez elle, d’obtenir tous les fichiers d’images et de procéder à une analyse complète du disque dur.
En créant un PC virtuel, tous les fichiers s’affichent. Avant, nous pouvions passer au travers de choses qu’on ne voyait pas, de fichiers cachés. C’est un gain de temps et d’efficacité», souligne le lieutenant qui mesure le fait que la cyberdélinquance s’adapte aux nouvelles techniques, en brouillant les pistes avec des serveurs «VPN» de protection des données reliés à d’autres pays. «Cette contribution est vraiment positive.
Nous nous constituons systématiquement partie civile dans les procès de cybercriminalité. Les dommages et intérêts servent à créer les 18 salles Mélanie d’audition de mineurs, mais aussi à donner les moyens aux professionnels de mener la traque sur internet», a indiqué Annie Gourgue.
«Ce logiciel est le plus performant en éléments criminalistiques à partir des disques durs récupérés. C’est un logiciel de virtualisation des données qui permet un accès direct aux fichiers originels».
La célérité est surtout obtenue dans le temps de la garde à vue : «48 heures, c’est à la fois long et court. Il faut ramener le plus d’éléments pertinents au juge d’instruction, réunir des preuves pour sortir des gens dangereux du circuit».
Avant, l’ordinateur du mis en cause était saisi et son analyse prenait plus de temps.
Depuis la mise en service du logiciel, quatre dossiers ont été bouclés et deux sont en cours. Il a servi à étayer aussi le dossier à charge contre un Tonneinquais jugé le 15 juin en correctionnelle pour des faits de pédopornographie. «La finalité est de lever aussi le sentiment d’impunité du cybercriminel derrière son écran», précise le capitaine Thierry Contardo, chef de la division délinquance économique et financière et numérique à la SR de Bordeaux.
Le logiciel peut s’intéresser aux autres infractions de la division en les matérialisant.
De 1000 à 8500 images
Les mineur(e) s victimes sur les photos partent du bébé jusqu’à 14-15 ans, des filles et des garçons de tout âge. Le profil des cyberdélinquants est polymorphe. Toutes les classes sociales sont concernées et pas que les milieux frustes et carencés. Des hommes qui écument les sites de rencontres, agissent à couvert ou découvert.
Tous les cas de figure sont observés au travers d’images insoutenables pour les gendarmes soumis à des cellules psychologiques pour surmonter ces visions.
«Parfois on tombe sur des fichiers de 8 500 photos, mais il n’est pas rare quand on identifie un auteur de découvrir jusqu’à 1 000 fichiers en moyenne».
Des suspects qui téléchargent, diffusent et tentent de passer à l’acte pour certains en «appâtant» des enfants.
Source : ladepeche.fr
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