Creil | Les violeurs de Shaïna toujours libres

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Des peines alourdies en appel, mais toujours pas un jour de prison
Charlie Hebdo
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Le tribunal d’Amiens a rendu sa décision ce jeudi : les quatre prévenus sont reconnus coupables et ont été condamnés, mais à des peines avec sursis.

Si les trois garçons qui ont agressé sexuellement Shaïna à Creil en 2017 ont été condamnés à des peines plus lourdes, ils n’écopent pas de prison ferme.

Des peines alourdies en appel, mais qui ne suivent toujours pas les réquisitions du parquet.

Au terme de son réquisitoire en avril dernier, le procureur avait requis des peines de prison ferme contre plusieurs des agresseurs de Shaïna, 13 ans à l’époque des faits.

Le tribunal d’Amiens a rendu sa décision ce jeudi : les quatre prévenus sont reconnus coupables et ont été condamnés, mais à des peines avec sursis.

Le 31 août 2017, Dylan*, le petit ami de Shaïna, lui tendait un guet-apens avec deux amis, lui donnant rendez-vous près d’un hôpital désaffecté de Creil dans l’Oise, la menaçant de diffuser une photo d’elle dénudée si elle ne s’exécutait pas.

C’est dans ce recoin d’hôpital que Shaïna subit son premier viol (les faits seront ensuite requalifiés en agression sexuelle).

Ce jeudi, le tribunal d’Amiens a condamné l’ancien petit ami de Shaïna – depuis brûlée vive par un autre individu à l’âge de 15 ans – à deux ans de prison avec sursis et mise à l’épreuve.

Il avait été condamné en première instance en 2022 à douze mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans.

Il sera également inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais).

L’avocate générale avait requis à son encontre deux ans de prison, dont un avec sursis.

En ce qui concerne les deux garçons, mineurs à l’époque, avec qui il a commis l’agression sexuelle en réunion, ils écopent d’un an de prison avec sursis probatoire pendant trois ans, contre huit mois en première instance.

Le procureur avait requis quinze mois, dont neuf avec sursis pour l’un, entièrement avec sursis pour l’autre.

Âgés de 16 et 17 ans lors des faits, ils avaient été condamnés à huit mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans en première instance. L’un d’eux a également été condamné pour violences.

Le quatrième prévenu, jugé pour une agression sexuelle commise une semaine avant les faits du 31 août, avait été relaxé en première instance et se voit cette fois condamné à six mois de prison avec sursis.

Un jour d’août, Shaïna avait reçu des messages de Dylan lui donnant rendez-vous. Sur place, elle découvrait un copain de celui qu’elle considérait encore comme son petit ami, un garçon plus vieux, âgé de 17 ans.

L’adolescente subit ce jour-là sa première agression sexuelle dont elle ne parlera pas, par peur et par honte.

Dylan et plusieurs de ses copains devront encore faire l’objet d’un procès pour violences en réunion.

Un an et demi après les faits, Dylan avait violé son contrôle judiciaire l’empêchant de se trouver à Creil et d’approcher Shaïna, la repérant dans un parc et la rouant de coups avec ses amis pour la forcer à retirer sa plainte pour viol.

Un autre procès, « le plus important » pour la famille de l’adolescente, doit s’ouvrir lundi 5 juin à Beauvais. Il s’agit du procès pour assassinat.

Le 27 octobre 2019, le corps en partie calciné de l’adolescente était retrouvé dans un cabanon en tôle rouillée au Plateau-Rouher, un des quartiers de Creil.

Un jeune de 17 ans et demi, nouveau petit ami de Shaïna sera vite désigné comme l’auteur des faits, ayant tout avoué à un copain avant de se rétracter.

C’est après avoir appris par la jeune fille qu’elle était enceinte, idée qu’il ne supportait pas, sur fond d’interdit religieux et par honte d’avoir « enfanté » un « bâtard » à la « fille facile » du quartier qu’il lui aurait donné rendez-vous, lui assénant plusieurs coups de couteau dans le ventre et l’aspergeant d’essence avant d’y mettre feu.

De ce fait, aucun ADN ne sera retrouvé sur place. Depuis son incarcération, le mis en examen n’a cessé de nier les faits.

Son procès doit se tenir du 5 au 9 juin.

Me Negar Haeri, l’avocate de la famille de Shaïna, estime auprès du Point que la décision en appel est plus sévère à deux titres :

« Le premier, c’est que tous ont été condamnés, dit-elle.

Le second, les peines sont aussi plus sévères, le principal auteur a été condamné à deux ans de sursis avec mise à l’épreuve et inscription au Fijais, ce qui est fondamental, car avec cette inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles, on se rapproche des peines infligées aux adultes.

On a considéré que l’agression sexuelle n’est pas juste une “petite bêtise” d’adolescent. C’est quelque chose de grave et qui témoigne d’une dangerosité suffisante pour qu’elle soit signalée dans un fichier.

Ça élève le niveau de la discussion », réagit l’avocate.

Me Haeri regrette cependant que la décision ait été rendue sans attendre que les parties civiles soient là.

« Le délibéré a été rendu dans une salle quasiment vide, en tout cas sans l’avocat des parties civiles, vous imaginez pour les parents de Shaïna qui étaient venus avec toute l’émotion que ça suscite…

Il y a donc eu un petit scandale et le président est venu s’en excuser à la fin en disant que le plus bel hommage qu’il avait pu rendre à Shaïna était dans le soin qu’il avait mis à rédiger cette décision », précise-t-elle.

Juridiquement, les agressions sexuelles et les faits d’octobre 2019 ne sont pas liés. Il est cependant indéniable que ce sont ces dernières qui ont créé les conditions préalables du crime survenu deux ans plus tard.

La famille de la jeune adolescente n’a cessé de dénoncer le sentiment d’abandon et de désarroi auquel elle a été confrontée, estimant que Shaïna n’a pas été suffisamment protégée par les institutions.

Yasin Hansye, le frère de Shaïna, 19 ans à l’époque des faits, s’est félicité que la parole de Shaïna ait été « réhabilitée » avec ces peines en appel, mais il regrette que les auteurs soient encore « libres comme l’air ».

Il a appelé sur les réseaux sociaux à un rassemblement devant le tribunal de Beauvais lundi 5 juin à 8 heures.

« Un rassemblement pour ma petite sœur et pour les personnes qui souhaitent nous soutenir », témoigne-t-il.

Du fait de la minorité du mis en examen au moment des faits, le procès de Beauvais devrait se tenir à huis clos.

 

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