Courbevoie | Procès des viols : L’animateur pédophile condamné à quinze ans de réclusion

Mise à jour de l’Article du 16 Septembre 2018.

Pédophilie à l’école: “Cela aurait pu s’arrêter dès 2012”

Signalé à deux reprises pour des attouchements, l’animateur périscolaire a été réintégré sans sanction. (photo d’illustration). afp.com/CHARLY TRIBALLEAU

La cour d’assises des Hauts-de-Seine s’est prononcé, ce vendredi, dans l’affaire d’un animateur périscolaire récidiviste.

“Si l’employeur avait fait son travail, à savoir dénoncer à l’autorité judiciaire les faits dont il a eu connaissance en décembre 2012, sept enfants ne seraient pas présents dans cette cour d’assises.”

Les mots sont durs. Les conséquences difficiles à nier. Me Marie Grimaud, avocate des familles de victimes, est déterminée à démontrer la responsabilité de la structure périscolaire dans cette affaire de pédophilie, dont le verdict est tombé ce vendredi.

A la barre du tribunal de Nanterre depuis le 7 septembre, Édouard de B. a écopé de 15 ans de réclusion pour deux viols et treize agressions sexuelles commis sur des mineurs. L’accusait était lui-même “surpris” d’avoir été réaffecté auprès d’enfants au cours de sa carrière.

Malgré deux signalements et une suspension pour attouchements sexuels en 2013, il n’a fait l’objet d’aucune surveillance, ni mesure d’éloignement, jusqu’à son arrestation le 21 octobre 2015. Trois ans de liberté dans la peau d’un prédateur.

Dès le premier jour de ce procès d’assises, les familles attendaient les aveux de cet animateur périscolaire. Mais aussi ceux de la structure Vacances-Animation-Loisirs (VAL) de Courbevoie, dans les Hauts-de-Seine (l’employeur d’Edouard de B.), dont la faute reste encore à déterminer. Les responsables du VAL auraient-ils dû le dénoncer aux autorités ? Fallait-il le licencier ?

L’affaire n’est pas une première. A plusieurs reprises, par le passé, des pédophiles – notamment en milieu scolaire – ont récidivé en dépit des signalements et parfois des condamnations. Les avocats des familles cherchent, une fois encore, à identifier les maillons d’une chaîne de responsabilités.

Premier avertissement

Trois ans avant sa mise en examen, Édouard de B. fait l’objet d’un premier avertissement du VAL : deux enfants se sont plaints auprès de leurs parents d’attouchements aux fesses et au sexe par l’animateur périscolaire, débutant dans le métier.

“J’ai reçu une lettre qui me disait de faire attention à mon attitude, d’avoir un comportement adapté”,

se souvient l’accusé de 29 ans, dont l’intelligence est plusieurs fois qualifiée de “limitée” au cours de l’audience. Faisant valoir des gestes accidentels lors de jeux, il s’en tire avec un sermon de la directrice de l’école : Édouard doit avoir une “attitude plus adulte” et “ne pas se mettre au niveau des enfants”.

Quelques mois plus tard, malgré ce rappel à l’ordre, un autre enfant porte le même type d’accusations. Cette fois, le représentant du VAL, également maire de Courbevoie, décide d’une suspension de quatre mois. Mais Édouard de B. réintègre l’établissement scolaire dès janvier 2014, auprès des mêmes élèves, sans sanction supplémentaire.

La situation perdure jusqu’en octobre 2015, lorsque Loïc*, un élève de CE1, confie à ses parents qu’Édouard lui a fait “un bisou sur la bouche et tripoté le zizi dans la cour” lorsqu’il était en CP. Un secret trop lourd pour le garçon, qui parle d’un sentiment persistant, “comme un cauchemar”. La famille porte plainte. Trois semaines plus tard, l’animateur est placé en garde à vue. Entre temps, deux autres enfants sont agressés.

Interrogé par la police, Édouard de B. admet les faits et donne également dix autres prénoms d’enfants qu’il aurait caressés dans le gymnase et les toilettes de l’école. Il avoue avoir pratiqué une fellation sur l’un d’eux. Les enquêteurs décident alors de convoquer plus de 400 élèves issus des écoles dans lesquelles Édouard a été affecté.

D’autres victimes sont identifiées. Au cours des interrogatoires, il est question de “zizi dans les fesses” et “dans sa bouche”. Édouard de B. évoque pour sa part des “pulsions qu’il ne sait pas contrôler”. L’expertise médico-psychologique conclut, elle, à des “déviances pédophiliques minimisées”.

Décision de réintégration

“Dès le mois de décembre 2012 [date du premier signalement], tout cela aurait pu s’arrêter, plaide l’avocate des familles, Me Marie Grimaud. Nous représentons huit enfants, qui ont été agressés et violés, dont sept en 2014 et 2015 [NDLR : après la réintégration d’Edouard de B.].”

Face à la cour, les parents d’Édouard de B. se disent également surpris de la réintégration de leur fils après sa suspension. Son père, Armand de B., met en cause la structure : “Le VAL aurait dû informer la police des informations qui étaient en sa connaissance. En tant qu’employeur, c’était à lui d’aller plus loin.”

Le centre de loisirs, par la voix de son avocat Marc Borten, se défend de tout manquement. La décision de réintégration a été prise par la Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) à l’issue d’une enquête. Puisqu’elle émane du préfet,

“le VAL n’avait aucune raison de ne pas le réintégrer”.

“Ils n’ont pas essayé de comprendre pourquoi il y avait ces rumeurs. Ils ont préféré prendre le risque de laisser un homme dangereux être en contact avec des enfants”,

s’indigne Homayra Sellier, présidente de l’association Innocence en danger. Celle-ci s’est portée partie civile lors de ce procès au même titre que… le VAL lui-même.

“Il est inacceptable qu’il soit partie civile. Ses responsables ont concouru à leurs propres dommages en permettant à l’accusé de travailler, fait valoir Me Grimaud. La qualité de partie civile se fonde dans le fait d’être victime. Mais en quoi le VAL est-il victime ? D’une atteinte à son image ? Les parents et les enfants n’ont pas à supporter cette présence. Il avait connaissance d’informations et de signalements, mais n’a pas réagi. C’est une forme de protection d’Édouard de B.”

En réalité, une enquête contre X pour non-dénonciation d’agression sexuelle sur mineur a bien été ouverte en octobre 2017. Mais si le parquet n’a pas encore statué sur les suites à donner, la présidente de la cour, Magali Tabareau, a rappelé dès le premier jour l’objectif de ce procès : “juger l’accusé et personne d’autre”.

A son sujet, une agente de la DDCS assure néanmoins que “jamais” il “n’y a eu le sentiment qu’il était dangereux, sinon il aurait eu une mesure d’interdiction”.

“Aujourd’hui, en ayant connaissance des éléments de l’accusation, de la reconnaissance de certains faits, évidemment, cela peut poser question. Mais en 2012 et 2013, le VAL a fait le nécessaire en matière de signalement”,

a fait valoir la nouvelle responsable du centre de loisirs.

“Le devoir de signalement s’applique à tous”

A Paris, l’an dernier, un instituteur de 57 ans était mis en examen pour trois agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans par personne ayant autorité. Des infractions commises entre 1991 et 2013, pour une mise en examen en 2014. Jusque-là, l’instituteur était libre d’exercer.

En février dernier, rebelote à Tours, où un professeur de chant était mis en examen pour viols sur mineur et administration de substances nuisibles – des pilules maison à base de somnifères. Il avait pourtant déjà été condamné pour des faits similaires en 2005. Suspendu du conservatoire, il l’avait réintégré après avoir engagé une procédure contre la ville.

Un cas difficilement compréhensible, notamment après l’affaire de Villefontaine. En 2015, Romain F., directeur d’une école primaire dans cette ville de l’Isère, est mis en examen et écroué en 2015 pour des viols et actes pédophiles sur au moins 61 élèves. Plus de 500 000 photos et 11 000 vidéos à caractère pédophile, capturées par ses soins, sont découvertes sur son ordinateur. Pourtant, en 2008, il avait déjà été condamné à six mois de prison avec sursis et obligation de soins pour détention d’images pédopornographiques. Mais depuis son arrivée dans l’académie de l’Isère, en 2011, après un long congé maladie, il n’avait pas attiré l’attention. L’Éducation nationale n’avait quant à elle pas été informée de cette condamnation passée. A l’époque, le scandale a un écho national et pousse le gouvernement à réagir. En août 2015, la loi dite “Villefontaine” voit le jour.

Désormais, la justice doit obligatoirement informer l’Éducation nationale des condamnations et de certaines mesures de contrôle judiciaire prononcées à l’encontre des personnes exerçant une activité en contact avec des mineurs.

Un arrêté mis en place par l’ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem autorise également le contrôle des antécédents judiciaires de ces mêmes agents grâce au fichier Fijais, où figurent les auteurs d’infractions sexuelles ou violentes.

Depuis la promulgation de la loi “Villefontaine”, une trentaine de radiations liées à des cas de pédophilie ou de pédopornographie ont été prononcées chaque année au sein de l’Éducation nationale [26 en 2017], qui emploie plus de 850 000 agents exerçant auprès de mineurs.

* Les prénoms des victimes ont été modifiés.

Source : lexpress

On ne rit pas…

https://wanted-pedo.com/bis/courbevoie-les-enfants-ont-temoigne-au-proces-de-lex-animateur-pedocriminel/

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