Commercy | Atteintes sexuelles sur mineurs, le prévenu relaxé après un an de détention

Étonnant scénario que celui vécu ce mardi au tribunal correctionnel de Bar-le-Duc où un homme de 45 ans était poursuivi pour des violences habituelles sur son ex-femme et des atteintes sexuelles sur quatre enfants, les trois siens et son beau-fils.

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Tout au long du procès, il a nié avec force les accusations portées à son encontre.

« On a eu des disputes, mais sans violences physiques. Les gifles, c’est moi qui les prenais ! Elle a inventé toute cette histoire pour que le divorce soit en sa faveur. Sauf qu’il a été prononcé aux torts partagés, sans évoquer la moindre violence », se défend-il, convaincu d’être victime d’une « machination ».

Ce dernier jure par ailleurs n’avoir « jamais touché à ses enfants. Jamais je ne leur ferais de mal. Je ne sais plus quoi dire… », martèle-t-il sans retenir ses larmes.

En détention provisoire depuis plus d’un an, le quadra a pourtant été suspecté, entre juin et octobre 2015, d’atteintes sexuelles sur les enfants, à Commercy.

Un premier signalement émane de la fille du couple lors de la visite d’une infirmière à domicile dans le cadre d’un suivi protection maternelle et infantile. Des gestes déplacés également dénoncés par ses deux fils à l’aide sociale à l’enfance et son beau-fils, avec lequel il entretenait un rapport très rude.

« J’étais sévère avec lui car il était instable et il insultait sa mère, mais pas violent », répond l’intéressé.

« Il était sa bête noire », riposte l’avocate des petits, qualifiant son vis-à-vis de « comédien ».

Un casier peu flatteur

Son casier judiciaire, il est vrai, ne plaide guère en sa faveur : plusieurs mentions pour violences (4 mois de prison effectués) et une condamnation à 6 mois ferme pour atteinte sexuelle sur un petit voisin, en 2015, décision dont il a fait appel.

Dans ses réquisitions, la substitut Floriane Dussauge a l’impression que le prévenu « livre sa vérité » et que les « troubles du comportement révélés par les expertises psychologiques des enfants, que l’on retrouve chez les victimes d’agressions sexuelles », ne peuvent mentir. Elle perçoit en lui un « double visage, en société et en famille, bien connu des schémas des femmes battues ».

Pour elle, le maintien en détention est nécessaire, 4 ans ferme, assortis d’un suivi sociojudiciaire pendant cinq ans, d’une injonction de soins, d’une interdiction de rentrer en contact avec ses victimes et du retrait de son autorité parentale sur sa fille.

C’était sans compter sur la plaidoirie de défense de Me Théo Hel, pleine de conviction. « Hormis la parole des enfants, il n’y a rien dans ce dossier, aucun élément matériel. Et la théorie du complot est plausible », s’attache-t-il à démontrer. Avec un atout de poids dans sa manche, l’absence de l’ex-compagne à la barre, pourtant avisée de la date d’audience et non représentée par son avocat qui a jeté l’éponge .

Tentative de suicide avant le jugement

L’avocat barisien se dit convaincu de « l’instrumentalisation des enfants dont on se sert comme une arme dans un contexte de divorce. Leur parole n’est pas sacrée, elle est confrontée à la présomption d’innocence ».

Et de réclamer une relaxe pure et simple de son client, victime, selon lui, d’un « faisceau d’indices douteux ».

Avant de quitter la salle d’audience, le père famille a clamé son amour pour ses enfants. « Mes enfants, je les aime. Être un enfant battu, je sais ce que c’est et je ne le souhaite à personne ».

Visiblement persuadé d’être condamné à tort, le prévenu a tenté de se suicider à la maison d’arrêt de Bar-le-Duc en avalant des médicaments. Inconscient, il a été pris en charge par les secours et aussitôt conduit aux urgences de l’hôpital, où il a été placé sous perfusion. Il n’a pu écouter la décision du tribunal, qui l’a relaxé de toutes poursuites au bénéfice du doute.

Les demandes des parties civiles ont été jugées recevables mais non fondées. Aujourd’hui, il est libre.

Source : http://www.estrepublicain.fr/

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