Cognac | Déscolarisé à 4 ans pour cause de harcèlement
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 16/05/2025
- 19:23
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Assis à la grande table de la cuisine de la maison familiale, près de Cognac, en Charente-Maritime, Léon*, 4 ans et demi, récite une fable de La Fontaine avec sa mère.
En ce mardi de début mai, elle lui fait la classe à la maison. Son mari et elle ont décidé le 27 mars dernier de retirer leur petit dernier de l’école privée catholique Saint-Eustelle de Val-de-Cognac où il était scolarisé depuis la rentrée de septembre avec son frère cadet, Jules*.
Victime de violences répétées de la part d’un camarade de classe de son âge, Léon “n’était plus en sécurité” à l’école, estiment les parents.
Ils ont fini par déposer plainte contre la directrice et la direction de l’enseignement catholique de Charente pour “non-dénonciation de violence sur mineur dont ils ont la responsabilité” et “non-assistance à personne en danger”.
“Nous avons été bien seuls dans cette histoire”, confie le père, Jérôme*.
Sur son téléphone portable, il montre les photos jointes à son dépôt de plainte, daté du 28 mars 2025.
Sur l’une d’elles, on découvre la main gonflée de son enfant, portant la trace d’une morsure profonde, la forme d’une dentition d’enfant. “Ça, c’était le 21 mars”, détaille le père.
Puis, il pointe du doigt la deuxième photo montrant le front de son fils marqué d’une grosse bosse et d’hématomes.
“Et, ça, c’était la veille, le 20 mars”, poursuit-il. “Là, j’ai dit stop”, conclut-il.
Les parents expliquent que ces blessures, constatées par le médecin généraliste, s’inscrivent dans une longue liste de violences subies par leur enfant à l’école.
Depuis la rentrée de septembre, leur fils se plaint quotidiennement des agissements d’un camarade de classe du même âge dont il semble être devenu le souffre-douleur.
“Tous les soirs, dès qu’on lui demandait, ‘qu’est-ce que t’as fait à l’école aujourd’hui ?’, sa réponse, en boucle, c’était, X. m’a tapé. Et il ne nous racontait plus rien”, détaille le père.
Témoigner pour les autres
En ce début mai, la famille continue de témoigner, non pas en raison de “la situation de [leur] fils – parce que, de fait, elle est close ; il est hors de question qu’il retourne là-bas”, mais “par rapport aux autres (enfants) et à ce qui pourrait se passer par la suite”.
Les parents estiment que les réponses apportées par la direction de l’école et la direction de l’enseignement diocésain au vécu de leur enfant, ont été inadaptées.
Pour eux, la situation est “insupportable”.
“C’est pour cela que je me positionne très fermement à l’encontre notamment des directeurs diocésains, son adjointe et la directrice de l’école. Tout, ces derniers mois, depuis le retrait de Léon, a conduit à essayer d’étouffer cette affaire”, estime le père.
La famille considère que l’école n’a pas su protéger son enfant de la violence répétée d’un camarade de classe.
“On m’a beaucoup parlé du fait qu’il fallait protéger cet enfant dans l’école. Au détriment de la protection de mon enfant !, qui, j’estime, n’a eu aucune protection réelle; et, alors qu’on faisait jouer la protection de l’autre enfant contre celle de mon fils, cet autre enfant n’a pas davantage été protégé.”
Dans son dépôt de plainte, le père retrace “les blessures” de Léon depuis la rentrée de septembre :
“Des hématomes (…), sur le bras et [le] visage”. Il indique aussi que le “vendredi du départ des vacances de Noël, Léon s’était encore une fois plaint de violences de X. [Il avait reçu un choc à la tête de la part de X., explique le père.] Le lendemain, Léon a fait une convulsion qui a nécessité [de] consulter un médecin”.
Cette convulsion, la famille l’attribue au harcèlement subi à l’école par le camarade de classe et au stress qu’il a pu générer chez leur enfant pendant le trimestre.
Le certificat médical établi par le médecin généraliste, que France 3 a pu consulter, confirme le risque de crises convulsives.
En dépit du retrait de l’enfant de l’école, ce stress semble toujours avoir encore des conséquences sur le quotidien de Léon.
Au moment du week-end de Pâques, soit un mois après son retrait de l’école, l’enfant a subi une nouvelle “convulsion” et une “urticaire géante” qui ont nécessité son hospitalisation.
Un courriel “d’intimidation”
Les parents estiment que les enseignants et les Atsem de l’école ont répondu du mieux qu’ils ont pu à la violence de X. sur leur fils.
En revanche, selon le père, la direction de l’enseignement catholique :
“N’a pris contact avec moi que le 27 mars, dans un mail dans lequel [elle] remettait notre choix éducatif en cause, [notre choix] de retirer notre enfant de l’école alors qu’on l’a fait sous l’impulsion du médecin qui demandait le retrait de Léon”.
Deux jours plus tôt, dans un nouveau certificat médical que France 3 a pu consulter, le médecin écoute l’enfant qui raconte avoir été “agressé à plusieurs reprises”.
Le généraliste constate “des traces de morsures [à la] main”, mais aussi “des hématomes multiples” perpétrés “dans l’enceinte de l’école”. Il prescrit alors un “arrêt scolaire jusqu’à régularisation de la situation scolaire, éviction de l’agresseur et suspension des risques encourus”.
Le père, qui “alerte depuis octobre” l’école et la direction de l’enseignement catholique, voit dans cet échange du 27 mars, “un courriel d’intimidation”.
S’il estime, “à titre individuel, avoir les moyens, les ressorts, les connaissances pour [se] défendre”, il affirme, en dénonçant la situation vécue par sa famille, vouloir se mettre “à la place de familles” qui n’auraient pas les mêmes ressources pour se défendre.
“On enlève notre enfant parce qu’il y a un certificat médical qui demande qu’il soit retiré, (…) et la seule réponse qu’on me fait, c’est “vous faites de mauvais choix éducatifs” ?!”
La situation de Léon a déjà fait l’objet d’un récit dans la presse, de la part de nos confrères de La Charente libre, début avril.
Alerté, Christophe Grellier, directeur de l’enseignement diocésain de Charente et Charente-Maritime, nous confirme avoir été “informé” de la situation de Léon. En revanche, il précise que “les éléments recueillis de mon côté m’amènent à une analyse différente de celles qui vous [a] été partagée”.
Il assure que ce type de situation est d’abord prise “en charge par les chefs d’établissement sur place”, mais aussi par “les différents acteurs des communautés éducatives et les services des directions diocésaines”, tout en restant “aussi en lien avec les services de l’[Education nationale]”.
Dans un courrier du 3 avril 2025 adressé à la famille, que France 3 a pu consulter, le Recteur d’Académie, Frédéric Périssat, détaille lui aussi les différentes initiatives prises pour gérer la situation dénoncée par la famille.
Dès octobre 2024, est mentionnée une rencontre entre l’équipe éducative et les parents de l’enfant posant difficulté et des démarches entreprises en vue de gérer la situation. Dans cet échange, Jérôme relève “quelques approximations… et des formules”, mais pour lui, le Rectorat “ne s’occupe pas de savoir ce qui a été mis en place pour protéger Léon”.
Dans cette affaire, une tentative de médiation a également été initiée par le député (LFI) de la circonscription, René Pilato, et sa suppléante, Aude Marchand.
“Nous sommes là pour aider à débloquer la situation, explique Aude Marchand. Quand nous avons reçu [le] mail alarmant [de la famille], nous avons décidé d’écrire au DASEN et au Rectorat, puisque l’école est sous contrat. M. le député a décidé d’avoir un entretien avec l’évêque, Mgr Gosselin.”
À l’heure où nous publions, l’équipe de l’élu de Charente n’a pas eu de retour.
“Je ne suis pas dans une démarche de vengeance, assure Jérôme. Je suis dans une démarche de reconnaître qui est vraiment responsable. À l’heure actuelle, ce sont les ATSEM, les maîtresses, et indirectement la directrice, qui prennent tout”, juge-t-il.
Désormais confronté au dépôt de plainte de la famille de Léon, Christophe Grellier prend “acte que la situation s’est tendue entre école et familles” et “que c’est trop tard”.
Il souhaite désormais laisser “la justice faire son travail”, pour “établir si nous avons pu commettre une erreur et la reconnaître”.
Pour lui, l’enjeu restait de “donner droit aux deux enfants d’être scolarisés”.
Il assure que “contrairement à ce qui a été dit, il n’y a pas rien qui a été fait”. Il met notamment en avant la sollicitation par l’école de la MDPH, en vue d’une prise en charge d’un handicap chez l’enfant posant problème.
“C’est aussi pour cette raison que la déscolarisation n’est une solution satisfaisante ni pour l’une des familles, ni pour l’autre”, assure-t-il.
Sollicité par France 3, l’Education nationale estime que la direction de l’enseignement catholique a répondu de manière adéquate à la violence à laquelle a été confronté l’enfant. L
Le Rectorat de Poitiers explique que
L’enfant qui est accusé de ces violences a été suivi par l’établissement depuis la rentrée, en lien avec sa famille, afin qu’il y ait une reconnaissance de handicap et un placement”. Le Rectorat précise que “le support d’une équipe spécialisée a été ajouté en appui par le diocèse et la direction pour les équipes auprès de cet élève”.” Concernant [Léon], l’équipe éducative a mis en place une surveillance accrue dès les retours du père en novembre”, précise le Rectorat.
*Les prénoms ont été modifiés à la demande de la famille
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