Chaumont-en-Vexin | Prison ferme pour le voisin accusé d’attouchements sexuels sur mineurs

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Condamné 20 ans plus tard, il écope de quatre ans de prison dont trois avec sursis
Un frère et une sœur se sont retrouvés face à l’homme qui les avait agressés lorsqu’ils étaient enfants. Ce dernier a toujours nié les faits mais a été condamné à de la prison ferme.

Il aura fallu attendre 20 ans pour qu’ils soient entendus et écoutés.

En audience correctionnelle au tribunal de Beauvais, un frère et une sœur originaires de Chaumont-en-Vexin ont fait face à celui qu’ils accusent depuis de nombreuses années d’attouchements sexuels alors qu’ils étaient mineurs.

À la barre, le prévenu a très vite annoncé la couleur :

 “Je comprends ce qui m’est reproché mais tout est faux !“

Des heures durant, l’homme de 68 ans campera sur ses positions et ne changera pas de version.

Même lorsque ses jeunes victimes lui feront face.

Si cette audience a pu se tenir, c’est parce qu’en septembre 2020, Cécile* a décidé de porter plainte pour des faits qui s’étaient produits en 2002 alors qu’elle était encore une jeune fille.

Bien qu’elle ait tenté de passer à autre chose et se concentrer sur sa vie de femme, ces évènements passés la rattrapent toujours et l’empêchent d’avancer.

Lorsqu’elle dépose plainte, celle qui est aujourd’hui une femme, explique que lorsqu’elle était enfant et qu’elle allait jouer chez sa copine de palier, il se passait des choses anormales avec le père de cette amie.

Le président du tribunal s’adresse à la victime :

“Vous avez indiqué que cet homme était très tactile et vous chatouillait dans un premier temps.

Souvent il vous serrait contre lui, vous ressentiez alors des tremblements chez lui, il vous embrassait dans le cou ou sur le front.“

Le magistrat a poursuivi en précisant que ces gestes, déjà inappropriés, ont évolué dans le temps.

Jusqu’au jour où la petite fille aurait été caressée sur la poitrine et au niveau du sexe d’abord à travers ses vêtements puis en dessous.

À cette période, la jeune fille a parlé de ces agissements à sa sœur.

Cette dernière a rapidement prévenu leur mère.

En entendant ses explications, le frère de Cécile, Jérôme*, décide de parler également.

Il est lui-même victime de ce même voisin qui n’est autre que le papa de son meilleur ami.

Mais, malgré le témoignage de ses deux enfants, la mère de famille ne les a pas cru.

Elle leur a d’ailleurs expliqué que c’était grave d’inventer de telles accusations.

Face à cette réaction, les enfants ont décidé de se taire.

Ils ont continué à voir leurs amis et expliquent tous deux que les attouchements ont perduré.

“Un jour, j’ai voulu parler de tout cela à ma copine, précise alors Cécile.

Elle ne m’a pas cru et nous nous sommes disputées.

Je n’y suis plus retournée.“

De son côté, Jérôme a continué à aller chez son ami.

Puis finalement, ils se sont éloignés et les choses se sont arrêtées de cette manière.

“Éviter qu’il s’en prenne à d’autres enfants”

À la barre, le jeune homme explique :

“J’aurais pu vivre avec ça, j’avais décidé de ne rien dire à la base car son fils était mon ami.

Il avait déjà perdu sa maman, je ne voulais pas aggraver sa situation.

Mais ma sœur ne supportait plus de garder ça pour elle et, en plus, mon ami ne me parle plus depuis.”

Lorsque Cécile a porté plainte, il l’a alors suivie.

Pour celui qu’ils accusent, c’est bien la preuve que c’est un mensonge.

Le prévenu lance à la barre :

“Il suit sa sœur, mais rien de tout cela n’est vrai.

J’ai souvent joué avec les enfants, peut-être qu’une fois ma main les a touchés au niveau des parties intimes mais ce n’était pas intentionnel.

La seule chose que je faisais c’était leur pincer les cuisses pour rigoler.”

Un acte “déjà anormal“ d’après le président de l’audience.

Ce dernier a finalement demandé à Cécile ce qui l’avait décidé à porter plainte, près de vingt ans après les faits.

Elle explique :

“Il cherche à se faire remarquer dès que j’arrive chez ma mère, il faut qu’il se montre et que je le croise.

Il a déjà essayé de donner des gâteaux à mon fils et je sais qu’il voit souvent les enfants de l’immeuble.

Je voulais donc éviter qu’il s’en prenne à d’autres enfants.“

Face aux dires de deux victimes, l’homme garde sa version des faits : tout est faux.

Me Marc Baclet, avocat de Cécile, a alors pris la parole :

“Je ne ferais pas une plaidoirie d’assises même si on pourrait y être.

Nous sommes face à une situation de pédophilie (…).

Ces deux jeunes n’avaient pas de papa, ils étaient amis avec des jeunes qui en avaient un.

C’est une bonne dose de perversité qui nous a conduit jusqu’ici.“

Le procureur de la République a, quant à lui, reconnu :

“Ces deux jeunes ont eu du courage, ils ont tenu bon“.

Et de poursuivre :

“Moi, je les crois et je veux leur dire.

Nous sommes face à deux personnes dont le discours est riche de détails.

Ils ont connu une douleur qui a traversé les décennies (…)

Leur discours n’a jamais changé, les victimes ne sont pas dans la surenchère.“

Il a requis quatre ans de prison dont deux avec sursis probatoire ainsi qu’une obligation de soin et l’interdiction d’entrer en contact avec les victimes ou des mineurs.

Le tribunal a suivi une partie de ces réquisitions, le condamnant à quatre ans de prison dont trois avec sursis.

La peine d’un an de prison ferme sera aménageable sous forme de bracelet électronique.

Renvoi sur intérêts civils

Pour chiffrer le préjudice moral de Jérôme, un renvoi sur intérêts civils à été prononcé.

De son côté, Cécile devra être indemnisée à hauteur de 10 000 € pour son préjudice moral.

* les prénoms ont été changés

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