Chalon | Jugé pour détention d’images pédoporno, jusqu’à des enfants de moins de deux ans

oui

Pédocriminel En liberté

Comportement déviant devant mineurs, pédopornographie, zoophilie et du sursis !
Illustration | Tribunal Judiciaire de Chalon
Un homme âgé de 46 ans est poursuivi pour la détention d’images pédopornographiques, de 2017 à 2020. Les circonstances de révélation de cette affaire donnent à ce dossier une couleur moche. Plongée dans un monde souterrain.

Ce vendredi 21 novembre, le tribunal correctionnel, présidé par Eric Plantier, par ailleurs président du TJ, a jugé un dossier particulier : un homme inséré, socialement et professionnellement, au casier vierge, en proie à des obsessions sexuelles qui toutes ont à voir avec des transgressions, jusqu’au tabou ultime : les enfants.

Derrière la façade

Marié, père de famille, profession de soin, vie sociale investie.

Socialement, l’image qu’aiment donner (et revendiquer) le prévenu et son épouse, c’est celle d’un couple « à la sexualité épanouie ».

Voilà pour la façade, parce qu’en fait c’est une vie sexuelle qui s’affranchit des lois et du respect des personnes, particulièrement des enfants, de préférence très jeunes.

C’est donc une vie sexuelle qui ne s’épanouit que de transgresser : masturbation filmée dans l’habitacle de la voiture alors que les enfants sont assis à l’arrière ; et pour le couple : mises en scènes de viol, de partenaires multiples, de rapports sexuels avec leur chien.

La perversion ce n’est pas juste être détraqué

La présence des enfants dans la voiture alors que le couple vivait sa vie sexuelle ?

« Ils ne pouvaient rien voir. »

L’argument n’est pas sérieux, forcément. La perversion n’est pas qu’un mode « décalé » de sexualité, c’est un mécanisme d’emprise par lequel le pervers cherche à imposer sa loi à autrui, en le niant.

C’est ainsi qu’un profil inquiétant se superpose au profil du prévenu socialement irréprochable, au fur et à mesure de l’exposé de la procédure que fait le président Plantier pour les juges assesseurs.

Une discussion avec un homme qui utilise sa propre fille

L’enquête démarre dans le cadre d’une autre enquête ouverte en région parisienne.

Un homme est mis en examen du chef de viol sur mineur de moins de 15 ans. L’exploitation de son téléphone met au jour une discussion entre lui et un autre, sous alias, centrée “sur la sexualité avec des enfants”.

Les guillemets s’imposent : ces mots ne vont pas ensemble, d’où le caractère criminel (pas au sens pénal en l’absence de passage à l’acte, mais au sens commun) d’un tel centre d’intérêt.

Le saône-et-loirien fait donc une première garde à vue à Paris, on perquisitionne le domicile du couple, on entend son épouse.

Il montre à sa femme une vidéo criminelle dans laquelle un bébé…

On trouve plus de 140 fichiers pédopornographiques (avec des enfants dès l’âge de 2 ans) dans l’ordinateur du prévenu, ainsi que quelques vidéos pornographiques du couple qui ne tombent pas sous le coup de la loi, mais dont un détail alerte la brigade de protection des mineurs de Paris : le couple utilise le poupon baigneur de leur fille, comme un sex toy. Typique de la perversion : no limit.

Il a même montré à sa femme deux vidéos pornographiques dans lesquelles un bébé au moins est abusé, souillé. Elle dit qu’il voulait son « ressenti », il dit qu’elle voulait « qu’elle le stoppe ».

Il est infirmier en psychiatrie mais aller consulter un psychiatre, non, c’est pas pour lui.

« Il n’a nullement conscience d’avoir causé du tort à ses enfants »

Il explique aux enquêteurs avoir commencé sa vie souterraine en passant par le Dark Net, luttant, dit-il contre des angoisses.

Le rapport de l’expert psychiatre parle de « ruminations anxieuses », « un sentiment de vide », dans ce contexte le prévenu développe « des conduites paraphiliques, notamment exhibitionnistes et voyeuristes, mais également pédophiliques ». Pas d’altération du discernement, pas de maladie mentale.

A sa charge : « il n’a nullement conscience d’avoir causé du tort à ses enfants ».

Le prévenu vit sous contrôle judiciaire depuis mars 2021. Il en a respecté les obligations, il est suivi par un médecin psychiatre.

Réquisitions et défense

Charles Prost, vice-procureur de la République, requiert une peine de 4 ans de prison assortis d’un sursis simple, un suivi socio-judiciaire pendant 10 ans, avec une injonction de soins, pas de dispense d’inscription au bulletin n°2 du casier judiciaire, interdiction des droits civiques, civils et de famille*.

L’essentiel de la défense du prévenu, assurée par maître Ronfard, repose sur le fait que non seulement il n’attente pas à ses enfants (et ceux-ci, d’abord placés, ont pu revenir au foyer familial), mais que :

“on a choisi de lui faire confiance en permettant aux enfants de revenir vivre avec leurs parents”

Et puis, “c’est quelqu’un qui a tout fait pour prendre en charge sa problématique, il cherche et donne des explications. Elles ne sont pas forcément faciles à entendre, mais sa démarche et sa position aujourd’hui sont rassurantes.”

L’avocat parle de “prise de conscience”. Le prévenu dit savoir qu’il a eu un comportement “déviant”.

Suivi socio-judiciaire pendant 6 ans, et 3 ans avec sursis

Après en avoir délibéré, le tribunal (trois juges) déclare le prévenu coupable, le condamne à la peine de 3 ans de prison assortis du sursis simple, à un suivi socio-judiciaire pendant 6 ans (sinon 3 ans ferme), avec obligation de travailler et injonction de soins. Ordonne l’interdiction définitive d’exercer une activité impliquant un contact avec des mineurs.

Rejette la dispense d’inscription au B2. Constate son inscription au FIJAIS, le fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes.

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