Castres | Deux ans de sursis pour avoir envoyé des SMS pornos à son élève de 12 ans

Un enseignant a été condamné ce jeudi par le tribunal de Castres (Tarn) à deux ans de prison avec sursis pour “corruption de mineur”. Il avait envoyé pendant plusieurs mois à un élève de 12 ans des SMS pornographiques.

Plus rien ne semblait pouvoir arrêter la dérive d’une extrême perversité de cet homme de 46 ans, devenu tardivement professeur d’histoire-géographie qui était jugé hier par le tribunal correctionnel de Castres.

Entre mars et août 2014, au collège Jean-Monnet à Castres, cet ancien employé dans le tourisme, professeur stagiaire, avait manifestement choisi de jeter son dévolu et ses déviances sur un élève de classe de 6e en lui adressant des SMS salaces au contenu innommable, tous ou presque à caractère sexuel doublés d’insinuations voire d’invitations. Le tribunal présidé par Séverine Romi qui jugeait hier l’ancien prof pour «corruption de mineur» s’est pudiquement abstenu de trop mettre en avant les mots crus, cruels même, qu’il employait ou d’exhiber les photos qu’il lui envoyait, tant ces évocations sont insupportables.

Une étrange proximité

Depuis, la victime âgée de 15 ans aujourd’hui, se reconstruit à petits pas, mais trois ans après, le traumatisme, les angoisses et le mal-être sont toujours là. Très entouré, le garçon devenu adolescent, est suivi de près par sa famille et le corps médical. Il n’était pas présent à l’audience hier mais ses parents et ses proches l’ont représenté. Pour témoigner, même silencieusement.

Tout avait commencé par une étrange proximité qu’avait instaurée le professeur avec quelques élèves autour d’un groupe de parole informel entre les cours ou à la pause déjeuner. Il en a profité pour s’approcher davantage de sa victime. Puis les premiers textos sont venus, des mails légèrement déplacés , puis des invitations, refusées par le garçon, à se rejoindre devant Skype, puis davantage de SMS toujours plus indécents à l’attention de cet enfant de 12 ans.

Il n’y a jamais eu de contact physique et le préadolescent ne répondait pas aux invitations, esquivait comme il le pouvait jusqu’au jour où, quatre mois après avoir demandé au prof de cesser absolument ces messages, il en parlera à des amies puis à la vie scolaire. L’alerte était alors déclenchée et le professeur, qui avait entre-temps changé de collège, fut mis à pied et présenté devant un juge d’instruction après une première enquête de police.

Virtuels mais …

L’ex-professeur était à la barre hier et a beaucoup parlé. Divorcé et père de 3 enfants, il a refait sa vie avec une nouvelle compagne. Il a expliqué que, de lui même, il avait consulté un psychiatre, que depuis il avait engagé un profond travail thérapeutique. En substance, il expliquera qu’il était devenu addict aux réseaux sociaux, aux «tchats» en direct à caractère sexuels avec des inconnus adultes, hommes ou femmes d’ailleurs, avant d’aller chercher davantage d’excitation sexuelle vers les jeunes gens. L’enquête établira qu’il fréquentait aussi certains sites pédophiles.

Maître Hervé Rénier, pour la famille du jeune homme, s’indignera : «Il a été recouvert d’obscénités, piétiné dans son intimité, agressé avec des photos sordides. C’est un majeur qui s’est attaqué à un enfant. Jamais la victime n’a accepté de participer aux échanges que lui proposait cet adulte. C’était peut-être des messages virtuels mais très concrets.»

Et le procureur Céline Raignault de rester très méfiante : «Cet enfant était une cible. Il a été poussé à bout, porteur de honte et de culpabilité jusqu’à ce qu’il finisse par parler.» Et à propos du prévenu : «Je ne suis pas convaincue par son discours. Il nous plaque une réponse attendue mais a-t-il vraiment dit ce qu’il y a derrière ? Il cherche à se déculpabiliser grâce au fait qu’il s’agit d’échanges virtuels et qu’il ne serait pas allé au delà. Mais quelle analyse fait-il maintenant de son comportement ? Nous ne le savons pas.»

Quant à Maître Pierre Lebonjour, pour la défense du prévenu : «Il s’est limité au monde virtuel même si, bien sûr, le virtuel n’est pas neutre. Et ce n’est pas en voyant le pire que l’on règle le tout. Vous devez prendre en compte son ouverture à la discussion, que depuis il n’a jamais réitérée, qu’il a fait les suivis qu’il devait faire et pris les dispositions nécessaires.»

À l’issue de son délibéré hier soir, le tribunal, suivant à la lettre les réquisitions du parquet, l’a condamné à 2 ans de prison avec sursis avec un suivi sociojudiciaire pendant 5 ans, obligation de soins et interdiction d’avoir une activité professionnelle en relation avec des mineurs pendant 10 ans.

Et il sera inscrit au Fijais, le fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles.

Source: ladepeche.fr

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