Canada | Des sexologues dès l’école primaire ?

Les sexologues veulent obtenir un statut officiel dans les écoles primaires et secondaires au même titre que les éducateurs spécialisés ou les conseillers pédagogiques.

L’Ordre des sexologues du Québec entend profiter de la rentrée scolaire pour relancer le débat auprès du gouvernement, des syndicats d’enseignants et des comités représentant les parents.

Depuis l’implantation d’un projet pilote dans une quinzaine d’écoles, il y a deux ans, l’éducation à la sexualité est intégrée sur une base volontaire par les écoles.

Dans certains établissements, les cours sont donnés par des conseillers pédagogiques des commissions scolaires, par des infirmières du centre de santé local ou encore sous forme d’ateliers.

«Nous, on fait valoir qu’un élève sur trois âgé de 18 ans et moins est victime d’une forme […] d’agressions sexuelles au Québec, explique en entrevue avec La Presse la présidente de l’Ordre des sexologues, Nathalie Legault, qui représente environ 600 membres.

Il existe une loi prévoyant que certaines interventions doivent être exclusivement données par des sexologues.

C’est le cas pour les élèves atteints d’un trouble mental ou neuropsychologique présentant des besoins spécifiques liés aux comportements sexuels.»

«Depuis la mise en place du projet pilote, ça n’a pas tellement bougé dans les écoles.

On n’a pas de statistiques, on n’a pas de cadre obligatoire.

Nous, ce qu’on dit, c’est qu’il faut du matériel pédagogique selon l’âge des enfants pour ne pas traumatiser ou choquer», dit Mme Legault.

L’Ordre a eu l’occasion d’en discuter une première fois avec le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, au printemps dernier.

Il s’est aussi inscrit au Registre des lobbyistes en se donnant notamment le mandat suivant :

«Dans le contexte où les projets pilotes en éducation à la sexualité s’élargiront à l’ensemble des écoles québécoises, les démarches de l’Ordre visent l’augmentation et l’amélioration de l’offre de services en sexologie dans le réseau scolaire québécois afin de répondre aux divers niveaux de besoins des élèves ainsi que des équipes-écoles dans ce secteur.

Pour ce faire, l’Ordre souhaite l’inclusion des sexologues à la nomenclature des titres d’emploi du réseau de l’éducation, l’inclusion des services en sexologie dans la liste des services complémentaires du Régime pédagogique de l’éducation préscolaire, de l’enseignement primaire et de l’enseignement secondaire.»

Selon les lignes directrices du projet pilote, le projet d’éducation à la sexualité est offert dès le préscolaire jusqu’en cinquième secondaire.

Au primaire, il est divisé en thèmes : identité, rôles, stéréotypes sexuels et normes sociales; croissance sexuelle et image corporelle; vie affective et amoureuse; agression sexuelle; grossesse et naissance.

Au secondaire, des thèmes s’ajoutent sur la violence sexuelle et les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS).

Pas de projet d’intégration au cursus

Contrairement à l’éducation financière qui sera obligatoire pour les élèves de cinquième secondaire à compter de septembre, il n’y a pas de projet au gouvernement pour intégrer la sexualité au cursus scolaire, a réitéré à La Presse le cabinet du ministre.

Et il n’y a pas de nouvelles données sur le nombre d’écoles qui vont offrir le cours en 2017-2018.

Dans les écoles primaires et secondaires de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), l’éducation à la sexualité passe par des ateliers.

«On observe que ce qui intéresse les jeunes, c’est surtout les notions de consentement sexuel, les notions interpersonnelles.

On constate aussi que les jeunes ne parlent pas beaucoup d’estime de soi avec leurs parents», indique la présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon.

À la Fédération des comités de parents du Québec, on craint par-dessus tout que l’internet ne remplace les pédagogues dans l’éducation à la sexualité.

Dans une lettre ouverte envoyée aux médias, en avril dernier, la Fédération a rappelé qu’il y avait recrudescence des ITSS et des comportements sexuels à risque chez les jeunes.

Source : La Presse

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