Caen | Violée en Normandie, Anna attend son procès depuis six ans : un juge regrette « le manque de moyens »

Anna, une victime de viol attend un procès depuis six ans. Elle dénonce la lenteur de la justice. Le juge d’instruction de Caen, en charge du dossier admet un manque de moyens.

Le 28 avril 2017, Anna, de son « nom d’auteure », a lancé une pétition en ligne à l’intitulé explicite :

« #JeSuisAnna – Mon violeur toujours dehors et non jugé après cinq ans et demi de procédure ».

Elle y interpelle le tribunal de Caen (Calvados) pour faire avancer son dossier afin de pouvoir « se reconstruire ».

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Les faits se sont déroulés en 2011, j’ai porté plainte le lendemain, explique-t-elle à Normandie-actu.

Mon agresseur a été placé sous contrôle judiciaire en 2014. L’enquête a été terminée en décembre 2015. Et depuis, ça traîne…
La pétition a recueilli plus de 120 000 signatures en l’espace de trois mois.

« Je reçois de nombreux témoignages de femmes qui sont dans le même cas que moi, des victimes de viol à qui on n’a jamais rendu justice. Je fais ça pour moi mais aussi pour les autres. »

Le parquet veut renvoyer l’affaire aux assises

Quelques jours après le lancement de la pétition, le 11 mai 2017, la procureure de la République de Caen, Carole Étienne, a transmis ses réquisitions.

Elle a ordonné la mise en accusation de l’agresseur d’Anna « devant la cour d’assises du Calvados » pour « crime de viol », peut-on lire dans le document officiel.

La décision est aujourd’hui entre les mains du juge d’instruction.

« Le parquet a mis 16 mois à transmettre ses réquisitions au juge d’instruction. Et ce dernier avait un mois de délai pour prendre sa décision, on en est déjà à trois mois… », soupire Anna.

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Un manque criant de moyens pour la justice

Contacté par Normandie-actu, le juge d’instruction en charge du dossier, François Lalès, dit « comprendre parfaitement l’impatience de la plaignante » et confie « regretter cette situation ».

Malgré la faiblesse des moyens humains alloués à la justice, dénoncée de longue date et unanimement par les professionnels du droit, l’ensemble des personnes en charge de ce type d’affaire s’attache à les traiter au plus vite mais aussi avec la plus grande attention. Malheureusement, certains dossiers, comme celui de la plaignante, pâtissent plus que d’autres de ce manque de moyens.
Le juge assure cependant que « ce dossier compte parmi ceux que je vais traiter tout prochainement ».

Un syndrôme de stress post traumatique

La jeune femme, âgée de 29 ans, veut bien entendre le manque de moyens que la justice subit, le temps long de l’instruction…

Mais depuis près de six ans, elle n’en peut plus d’attendre le procès de son agresseur.

« On ne prend pas en compte ma souffrance, c’est de l’indifférence totale de la part de la justice », crie-t-elle.

Après son agression, la jeune femme a réussi à continuer ses études d’enseignante, elle a donné la vie à un enfant et écrit un livre…

Anna s’est battue pour vivre un quotidien. Mais il y a deux ans, ce qu’elle avait subi en 2011 à Lisieux l’a rattrapée.

J’ai un syndrôme de stress post-traumatique. Ma vie a complètement changé. Depuis deux ans, je me bats contre l’agoraphobie, l’anorexie-boulimie, les peurs inexpliquées…

Un procès avant juin 2018 ?

« J’ai besoin d’un procès pour tourner la page, pour me reconstruire »,

martèle la jeune femme. Anna aimerait que le procès puisse se dérouler à la cour d’assises du Calvados avant juin 2018.

Mais elle n’est pas optimiste.

Source : Actu

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