Brest | Agression sexuelle : relaxe pour le prof de techno

Des deux principaux protagonistes de l’histoire, on n’entendra pas grand-chose, dans la salle d’audience du tribunal correctionnel de Brest. Dommage, quand l’essentiel de l’affaire repose sur la parole de l’un face à celle de l’autre : les accusations d’agression sexuelle portée par une jeune fille de douze ans contre son ancien prof de techno.

Tribunal de Brest (29)

L’affaire éclate en novembre 2018, lorsque des élèves alertent la principale de ce collège de la deuxième couronne brestoise sur l’histoire du « viol d’une élève par un prof ». Saisie, la gendarmerie entendra les lanceuses d’alerte, amies de la victime présumée. Leurs déclarations sont extrêmement graves : elles évoquent des viols répétés dans le courant de l’année scolaire passée. Des coups également, et encore des messages d’intimidation de l’agresseur.

La victime, Vanessa*, élève de cinquième, sera à son tour entendue par la gendarmerie. Dans sa déposition, elle évoque deux faits. Le 15 février 2018, d’abord, et la main de ce prof glissée sur sa poitrine. Puis une seconde agression, « au retour des vacances, alors qu’on travaillait sur les maquettes ». Cette fois-là, le prof l’aurait conduit dans une arrière-salle de la classe, l’aurait bloquée contre un mur, avant de passer sa main sous son haut, puis de tenter d’enlever son pantalon. Elle serait parvenue à s’enfuir, en larmes, avant de regagner la classe quelques minutes plus tard.

La rumeur des viols

Interrogée par les gendarmes sur les accusations formulées par ses amies, elle évoquera de possibles « transformations », peut-être dues aux cauchemars qu’elle a racontés. Des agressions vécues, elle n’en avait parlé à personne. Jusqu’à cette soirée pyjama entre copines, en juillet 2018, où elle se confie à sa meilleure amie, qui elle-même racontera aux autres, et déclenchera le signalement à l’établissement, puis l’enquête. Depuis, le prof a été suspendu. Et une autre élève du collège s’est souvenue d’un geste déplacé de l’adulte, un an plus tôt.

Elle a eu le courage de se présenter au tribunal, d’affronter le regard de celui qu’elle accuse. Au président qui lui demande si elle confirme aujourd’hui, les déclarations faites devant les gendarmes, elle dit « oui », d’une voix forte et claire, appuyée d’un hochement de tête. Et les faits plus graves, évoquées par ses amies ? « Non », tout aussi catégorique. À la barre, le prof de techno encaisse, sans broncher.

Pour la partie civile, Maître Appéré souligne le profil de l’excellente élève, l’absence d’épisode de vexation entre elle et son prof. « Mais alors, pourquoi vous pointerait-elle du doigt si vous n’avez rien fait ? », interroge-t-il, comme on montre l’évidence. « C’est la question que je me pose tous les jours depuis dix mois », lâche le prévenu. Contractuel, il change d’établissement chaque année depuis dix ans. Affiche un casier judiciaire vierge, mais quelques « ratures » sur sa copie professionnelle. Ici, une gamine à qui il a dit « Tu as de beaux yeux ». Là, une autre qui l’a accusé de lui avoir mis une main aux fesses, lors d’un voyage scolaire.

Prison ferme requise

Dans ce dossier, pas de preuve matérielle ni de témoin. « Mais les déclarations de Vanessa sont précises et circonstanciées », appuie le parquet, qui requiert 18 mois d’emprisonnement et l’interdiction de mener toute activité en contact habituel avec des mineurs. En défense, Maître Grimaldi sort une copie de l’agenda du prof. Et souligne une incohérence : « Les faits sont censés se dérouler au retour des vacances de février, alors que les élèves commencent les maquettes. Mais ce n’est au programme qu’en mai et juin… ». Et l’avocat de pointer les carences de l’instruction, les possibles mensonges de Vanessa à ses amies, pour ouvrir la thèse d’une « accusation irrationnelle ».

Le tribunal n’ira pas jusqu’à valider cette hypothèse. Mais il décide de relaxer le professeur, précisant que « ça ne veut pas dire que Vanessa a menti. Mais nous n’avons pas d’élément suffisant pour prouver sa culpabilité ».

(*) Prénom d’emprunt.

Source : letelegramme.fr

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