Besançon | Une affaire d’agression sexuelle résolue 20 ans après les faits

Confondu par son ADN suite à un récent vol de tronçonneuse, un Doubien de 60 ans a reconnu avoir sexuellement agressé deux adolescentes, il y a vingt ans dans une cabine téléphonique de Besançon

Stéphane Gauffeny, général de gendarmerie de la région Franche-Comté, et Étienne Manteaux, procureur de la République de Besançon, ont détaillé les coulisses de l’enquête. /Arnaud CASTAGNÉ

La semaine dernière, deux décennies de blocage judiciaire ont volé en éclat suite au placement en garde à vue d’un Doubiste de 60 ans, pour des faits remontant au 1er  janvier 2000, rapportent nos confrères de l’Est Républicain.

L’agression dans la cabine

Deux adolescentes de 13 ans ont vécu cette nuit-là un enfer, alors qu’elles se trouvaient dans la cabine téléphonique située au pied de la basilique Saint-Ferjeux, à Besançon. Bloquant toute sortie, un inconnu, jailli de nulle part, les avait forcées à se déshabiller, puis à le masturber. L’une des victimes avait ensuite subi « un début de pénétration avec un doigt dans son sexe », indique le procureur. de la République, Etienne Mantaux

L’impasse

« On avait très peu d’éléments sur l’auteur. L’enquête s’est concentrée sur les traces de sang recueillies sur le combiné et le tee-shirt d’une victime, desquelles a pu être extraite une empreinte ADN », poursuit-il. Le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) – dont la création était très récente – ne renfermait à l’époque que peu de données… Sans surprise, aucun profil ne matchera.

Et l’instruction s’enlisera, pour aboutir à un non-lieu prononcé en 2004.

L’espoir de l’ADN

Irrésolu, le sordide viol de la cabine téléphonique tombe dans les oubliettes. Jusqu’à juin dernier. C’est un vulgaire vol de tronçonneuse qui, au final, ressuscite le dossier.

« Le profil génétique du mis en cause a été prélevé et un rapprochement informatique positif a été révélé par le FNAEG. Les scellés, précieusement conservés dans leurs enveloppes kraft, sont exhumés des sous-sols du palais de justice de Besançon. Le sang présent sur le tee-shirt réalisée permet d’affirmer que le récent voleur a le même profil génétique que l’ancien violeur.

Les aveux, décisifs

Le suspect a été arrêté jeudi matin à son domicile d’Avanne-Aveney, puis interrogé selon une stratégie finement préparée par les gendarmes de la brigade de recherches, aguerris aux dossiers délicats.

« Il a vite admis sa présence sur les lieux ce soir-là et face aux preuves, il a très progressivement admis la réalité de ses actes. Il a même fini par exprimer son soulagement à l’idée qu’on soit venu le chercher », développe le procureur.

Détail qui n’en est pas un : malgré leur ancienneté, les faits ne sont pas prescrits aux yeux de la loi.

L’hypothèse d’autres agressions

Une terrible question se dessine désormais… Ce père de trois enfants, jeune retraité et sans aucun antécédent judiciaire, n’a-t-il fauté qu’une seule fois ? « On parle de faits particulièrement graves et détestables », convient Étienne Manteaux, « qui laissent penser qu’il a peut-être sévi à d’autres reprises. Une enquête sur son entourage permettra peut-être de nouvelles révélations. Des investigations complémentaires vont être menées sous commission rogatoire. »

Les autorités ont informé les victimes de l’impensable rebondissement. L’une d’elles, qui réside toujours dans le secteur, a déjà été auditionnée et a formellement reconnu son bourreau. L’autre le sera bientôt. « Elles sont surprises, soulagées et satisfaites », confie le général Stéphane Gauffeny, qui commande la région de gendarmerie.

Vingt ans après, les adolescentes sont devenues des femmes. À l’évocation de cette nuit d’horreur, leur douleur reste vive. « Parler d’un traumatisme, c’est le revivre », confirme le procureur, par ailleurs ravi du dénouement positif de ce cold case.

Vingt ans de prison encourus

« Très honnêtement, nous avons été nous-mêmes surpris, c’est une affaire exceptionnelle. Cette avancée inespérée est le résultat de la rigueur dont a fait preuve toute la chaîne judiciaire, de 2000 à aujourd’hui », conclut le général Gauffeny, en insistant sur la puissance du FNAEG, qui à l’instant où vous lisez ces lignes, croise 400 000 traces d’ADN inconnues avec trois millions de profils génétiques identifiés.

Le suspect doubien, lui, a été mis en examen pour agressions sexuelles et pour viol sur mineure. Crime pour lequel il encourt jusqu’à vingt ans de prison.

Source : leprogres.fr

 

Source(s):