Beaumont-les-Autels | Un ancien moniteur de la MFR accusé d’agressions sexuelles

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« Je veux briser la loi du silence » : Hugo, la voix des victimes de la MFR
Hugo Galloyer, 18 ans, est un lanceur d’alerte. Le 12 juillet 2025 dans les colonnes du Maine Libre, il dénonce ce qu’il a subi lors de sa scolarité à la Maison familiale rurale de Beaumont-les-Autels (Eure-et-Loir). Aujourd’hui, il incarne et porte les voix de toutes les victimes.

Le 12 juillet dernier, Le Maine Libre révélait dans ses colonnes que trois mineurs de la Maison familiale rurale (MFR) de Beaumont-les-Autels avaient notamment porté plainte pour des attouchements de la part d’un ancien moniteur et l’envoi de photos dénudées de ce dernier.

Laurent était alors un prénom d’emprunt.

Mais depuis, Hugo Galloyer a décidé de se dévoiler pour une raison qui lui est chère :

Je veux permettre aux victimes de témoigner en leur montrant qu’il est possible de dénoncer tout ce que nous avons subi.

Sa crainte de dévoiler au grand jour son nom est derrière lui.

J’avais peur pour mon avenir professionnel. Si je postule chez un patron et qu’il découvre cette histoire sur le web, je ne sais pas comment il pourrait réagir. Mais je suis une victime, et quand on embauche quelqu’un, on le prend aussi avec son passé.

Ce 21 août, nous rencontrons à nouveau Hugo à La Ferté-Bernard où il réside.

Sur un banc dans le jardin de l’espace jeunesse, il se dit à la fois heureux et très surpris de

“Tous les témoignages d’anciens élèves que j’ai reçus. Je ne m’attendais pas à en recueillir autant”.

Humiliations, violences physiques, homophobie, harcèlement non pris au sérieux selon eux par la direction de la MFR : des dizaines de jeunes ont confié leur désarroi.

Et ce, alors qu’au moins un membre du conseil d’administration (CA) de la MFR a envoyé des messages via Messenger – consultés par Le Maine Libre – à d’anciens élèves pour les dissuader de témoigner, en sous-entendant d’éventuelles poursuites judiciaires.

Certains témoignages font froid dans le dos.

Des éléments encore plus graves ont été rapportés à Hugo, même si tous les anciens élèves n’osent pas franchir le pas en allant porter plainte.

Des viols sont notamment évoqués au sein de la MFR il y a quelques années.

La direction actuelle, qui a pris ses fonctions en 2024, assure n’avoir jamais été mise au courant de tels faits dans ses locaux.

Passionné d’équitation, Hugo, qui a grandi à Cherré avant d’être scolarisé au collège Georges-Desnos de La Ferté-Bernard pendant trois ans, avait intégré la MFR de Beaumont-les-Autels à l’âge de 14 ans en classe de troisième.

L’espoir d’un avenir radieux et d’une scolarité saine.

Il en est ressorti en 2025 fatigué et blessé par ce qu’il a enduré.

J’ai aussi subi des propos homophobes réguliers de la part d’un ancien enseignant et de violences physiques. Tout le monde savait et il y avait des témoins. Mais malgré mes témoignages, rien ne s’est arrêté.

Aujourd’hui, il n’a qu’une chose en tête : Aller de l’avant et faire ressortir cette affaire qui a été étouffée par la direction.

Une version démentie en bloc par le CA de la MFR.

« Il nous était interdit d’en parler »

Début juillet, nous avions également recueilli le témoignage d’une ancienne enseignante qui venait de quitter l’établissement. Elle confirmait les propos d’Hugo Galloyer.

“Il nous était interdit d’en parler, même entre enseignants. Quand j’ai posé la question la première fois, on m’a tout de suite dit qu’il ne fallait pas évoquer ce sujet. C’était catastrophique pour l’image de la MFR”, donc c’était silence radio.

Toujours est-il qu’après la parution de notre enquête le 12 juillet, la presse nationale s’est ensuite emparée du sujet.

Il faut que les choses bougent et que justice soit faite, explique Hugo. J’espère que la télévision, comme BFM ou TF1, s’y intéressera. Nous voulons médiatiser cette affaire. Je veux briser la loi du silence pour toutes les victimes.

L’affaire semble prise au sérieux.

Hugo sera prochainement convoqué à Chartres.

J’ai eu un appel de la gendarmerie d’Authon-du-Perche qui m’a annoncé que j’aurai un rendez-vous psychologique à Chartres dans le cadre de la procédure. Ça avance et on ira jusqu’au bout. Hugo annonce que de nouvelles plaintes pourraient d’ailleurs être déposées dans les prochaines semaines par d’anciens élèves et leurs familles.

La Draaf (https://agriculture.gouv.fr/les-directions-regionales-du-ministere-draaf) assure « ne pas avoir été informée »

En amont de la parution de notre premier article le 12 juillet, le conseil d’administration de la MFR de Beaumont-les-Autels s’était défendu en rappelant que le moniteur qui avait envoyé des photos dénudées à des élèves avait été renvoyé dès le lendemain de la révélation des faits.

Les équipes de la MFR ont fourni aux autorités tous les éléments qu’ils ont pu avoir afin de permettre à la direction de la MFR et du Conseil d’administration élus en 2024 de prendre les décisions et sanctions nécessaires face à une telle situation.

En revanche, le CA n’a pas prévenu son autorité de tutelle, la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf).

C’est ce que confirme aujourd’hui Virginie Jorissen, directrice de la structure.

La Draaf de Centre-Val de Loire n’a pas été informée des éléments rapportés dans les articles récents de la presse régionale.

La Draaf ne reste pas les bras croisés face à l’avalanche de témoignages.

La Draaf a, d’une part, saisi le procureur de la République de Chartres dès la fin juillet et, d’autre part, demandé à la direction de la MFR et à la direction régionale des MFR de lui apporter tous les éléments nécessaires à sa bonne compréhension du traitement de ce dossier par ladite MFR et la fédération des MFR, en particulier s’agissant des suites envisagées.

Enfin, Virginie Jorissen indique que la directrice de la MFR de Beaumont-les Autels (Katy Rigaud), la directrice régionale des MFR (Catherine Baudoin) et le président de la MFR de Beaumont-les-Autels (Romuald Renault) ont été entendus cette semaine par la Draaf.

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