Bar-le-Duc | Il agresse sexuellement sa fille de 5 ans et s’en sort avec 6 mois de sursis et 3.000 euros d’amende

« Dans cette affaire, il y a un menteur.

Vous ou votre fille.

L’instant est solennel car le tribunal va devoir prendre une décision ».

En s’adressant ainsi à ce père de famille de 40 ans, poursuivi pour agression sexuelle sur son enfant de 5 ans et demi, le procureur Olivier Glady tente de briser la placidité du prévenu devant les graves accusations dont il fait l’objet.

Un peu plus tôt, la présidente, Isabelle Drean-Rivette, l’avait déjà sondé en lui demandant d’expliquer les affirmations de sa fille.

« Je ne sais pas du tout », s’est-il contenté de répondre.

Tout juste a-t-il reconnu avoir dormi avec elle, « une seule fois », entre le 9 et le 13 décembre 2013.

« On a fait des jeux, des chatouilles sur le ventre avec des lettres de l’alphabet, c’est tout ».

Pourtant, c’est bien la fillette qui a révélé à son institutrice, le 17 décembre, que son papa l’avait touchée au niveau du sexe.

Entendue par les gendarmes et divers intervenants médicaux, elle n’a jamais varié dans ses propos.

Son père non plus lors de sa garde à vue, en août 2014.

« Je n’ai pas touché ma fille ».

 

« De graves carences éducatives et affectives »

Depuis, l’enfant a été placé en famille d’accueil, puis en foyer.

Séparée de ses parents et de sa fratrie, qui ont déménagé en Nouvelle Aquitaine.

L’enquête sociale a souligné de « graves carences éducatives et affectives » chez la fillette, suivie par la Protection maternelle et infantile, le centre médico-psychologique et le centre médico-scolaire.

Interrogé sur la question, le père de famille semble découvrir ce contexte familial.

« Pour moi, tout allait bien… »

Avocate de l’Association d’action éducative, administrateur de la fillette, Me Bourel pointe du doigt la constance de ses déclarations.

Elle souligne aussi que l’expertise psychologique n’a révélé aucun signe d’affabulation mais de l’anxiété.

« Aujourd’hui, c’est une petite fille qui souffre et qui paie tous les jours ses dires »,

défend l’avocate, qui réclame 4 000 € au titre du préjudice moral.

 

« Des enquêteurs insistants »

Pour le procureur, le dossier est typique d’un huis clos familial, « la parole d’un enfant contre celle d’un parent ».

Mais la réitération des déclarations, l’examen gynécologique « compatible avec une tentative de pénétration digitale » et les signes de mal-être de la fillette sont éclairants.

« Je suis convaincu d’un épisode unique et que la fillette dit la vérité ».

Et de requérir 6 mois de prison avec sursis à l’encontre d’un père au casier judiciaire vierge, assorti une inscription au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais).

En défense, Me Lagriffoul estime que « la machine judiciaire s’est emballée » et que l’audition de la fillette est « critiquable ».

« Elle a passé deux heures face à des enquêteurs aux questions insistantes.

Au bout d’une heure et demie, elle a craqué en disant ce qu’ils voulaient entendre.

Mon client a un parcours professionnel respectable, avec des valeurs.

Il est aussi fatigué de cet acharnement », a-t-elle plaidé en sollicitant une relaxe.

Le tribunal ne l’a pas entendu ainsi en condamnant le père de famille à 6 mois de prison avec sursis, à régler 3.000 € à l’AEE au titre du préjudice moral et à une inscription au Fijais.

Source: L’Est Républicain

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