Toulouse | Audition des mineurs – Ce père se bat pour «changer la loi»
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- 15/09/2015
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Audition des mineurs : ce père se bat pour «changer la loi»
Ce jour-là, le ciel lui est tombé sur la tête.
Ce père de famille ariégeois, aujourd’hui installé à Toulouse, a appris que son fils de 4 ans et demi avait été victime de violences sexuelles.
«J’ai mis presque deux ans à supporter cette idée», confie-t-il aujourd’hui.
Mais une nouvelle épreuve l’attendait : voir son enfant subir des auditions à la chaîne : devant les enquêteurs, le médecin légiste, chez le juge, au cours d’une confrontation, puis chez l’avocat en charge du dossier.
Une souffrance de plus, une souffrance de trop, a estimé Gilles(1).
«Mon fils voulait que son agresseur soit puni, explique-t-il.
Mais il ne voulait plus répéter son histoire.
J’ai décidé de retirer ma plainte, puis l’histoire a été classée.
Mais je ne voulais pas que les choses en restent là.
Mon fils a été courageux, alors que d’autres victimes ont refusé de témoigner.
Il faut avoir du courage pour faire ça, pour tout répéter devant un juge…
C’était un point de départ, ça m’a fait réfléchir»
Gilles se lance alors dans une croisade pour obtenir la réforme du code de procédure pénale et notamment des règles d’audition des mineurs.
Il a adressé de nombreux courriers à des élus de Haute-Garonne, obtenant le soutien du député PS Gérard Bapt, qui a écrit un courrier à Christiane Taubira voici un an environ.
De tous premiers résultats
En mai, Laurence Arrigabé, députée de Haute-Garonne (Les Républicains) a saisi à son tour différents parlementaires, dont Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat.
Ce dernier, dans un courrier du mois de juillet, indique que Philippe Bas, président de la commission des lois, a été saisi à son tour du «traumatisme que la répétition de ces auditions peut entraîner» chez les victimes mineures d’agressions sexuelles : «J’ai pris connaissance avec intérêt des différentes correspondances que vous m’avez adressées et qui mettent en exergue l’absence d’équilibre entre les nécessités de la procédure judiciaire et de la protection judiciaire», indique l’élu.
Pour sa part, dans un courrier adressé à la fin du mois de juillet, la garde des Sceaux Christiane Taubira reconnaît que «les victimes (sont) entendues à plusieurs reprises tout au long de la procédure, par le juge d’instruction et lors de l’audience».
Elle «envisage» de diffuser de nouvelles instructions de politique pénale, afin que la première audition de la victime, qui fait l’objet d’un enregistrement, soit utilisée plus largement par la suite, «notamment dans le cadre des confrontations et de l’audience de jugement».
Une première victoire pour ce père en lutte, qui veut continuer son combat, et espère de nouvelles avancées.
(1) C’est un prénom d’emprunt.
Ce père ne peut témoigner à visage découvert.
Son fils mineur serait identifié du même coup, ce que la loi interdit, afin de protéger les victimes mineures d’infractions pénales.
Source : http://www.ladepeche.fr
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