Annecy | L’ancien dirigeant du club de l’US Pringy a été condamné à 10 ans de prison

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Pédocriminel En liberté

Le récidiviste, avait pourtant une interdiction définitive d’entrer en contact avec des mineurs
Le tribunal correctionnel d’Annecy a condamné ce mercredi matin l’ancien vice-président et éducateur sportif du club de foot de Pringy à 10 ans de prison pour agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans.

Actualisation du 11 avril 2024 :

Le tribunal correctionnel d’Annecy a condamné ce mercredi matin l‘ancien vice-président et éducateur sportif du club de foot de Pringy à 10 ans de prison pour agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans.

L’ancien président du club est condamné lui à six mois de prison avec sursis.

Ce procès, les huit familles parties civiles l’attendaient depuis deux ans pour faire entendre la souffrance de leurs enfants, leur colère, leur sentiment de culpabilité, le séisme émotionnel provoqué par les agressions sexuelles subies en mai 2022 lors d’un voyage de trois jours en Vendée, des jeunes footballeurs du club de Pringy (Haute-Savoie).

Seize heures d’audience, trois heures de délibéré

Le vice-président et ancien éducateur sportif de 57 ans, poursuivi pour agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans et violation d’une interdiction définitive d’entrer en contact avec des mineurs, a été condamné à 10 ans de prison pour six des huit agressions commises sur les mineurs et jugées ce jour.

Un mandat de dépôt a été prononcé dès l’audience. Il a été aussi condamné à un suivi socio-juridique, l’interdiction de séjourner en Haute-Savoie. Son inscription au FIJAIS, le fichier des délinquants sexuels est confirmé.

L’ancien président du club de football de l’US Pringy, poursuivi pour complicité d’exercice d’encadrement d’activités sportives et physiques auprès de mineurs malgré interdiction, a été condamné à six mois de prison avec sursis pour la période de ce séjour en Vendée en 2022.

L’ancien président condamné à six mois avec sursis

Durant toute l’audience, le dirigeant a nié sa responsabilité et soutenu que le voyage n’était pas organisé par le club, et donc qu’il n’avait pas à prévenir qui que ce soit du passé de son collaborateur dont il a eu connaissance quatre mois avant le voyage.

Et que s’il a :

“Gardé cette information confidentielle, c’est à la demande de son interlocuteur à Jeunesse et Sport” dit-il.

“Ce qui s’est passé dans ce bus ne se serait jamais produit si le président du club n’avait pas continué à lui confier des enfants, des responsabilités et s’il ne l’avait pas encouragé à obtenir une licence de dirigeant après la connaissance du passé judiciaire de cet homme”.

“C’est ça la complicité : il a fermé les yeux”, assène le procureur de la République quand il requiert à son encontre six mois d’emprisonnement avec sursis probatoire.

“Vous avez ouvert la boîte de Pandore, vous cherchez un bouc-émissaire et mon client, à 75 ans et 40 ans de présidence, est la cible idéale. Il s’est retrouvé tout seul, lâché, perdu avec un courrier illisible pour l’avertir des condamnations passées de celui qui s’investit à ses côtés depuis 10 ans au club et doit lui succéder à la présidence. Mais cet homme en question, il a en plus interdiction d’exercer. C’est le coup de massue pour lui, sans savoir quoi réellement faire de cette information”, tempête son conseil, Maître Jullien.

“Le passé pédophile du prévenu nous a explosé à la figure”

Cette journée interminable était chargée de tensions et d’émotions où l’ancien vice-président du club et éducateur sportif, acculé par les précisions réclamées par les défenseurs des jeunes victimes dont trois d’entre eux étaient présents.

Des enfants de 12 à 13 ans au moment des faits qui ont souhaité être là pour entendre ce que leur agresseur avait à dire.

Un homme que tous, parents et jeunes, appréciaient, et en qui “nous avions une totale confiance”, confesse une maman.

Mais un homme dont “le passé pédophile nous a explosé à la figure”, clame le défenseur de l’une des familles, Patricia Lyonnaz.

Deux condamnations aux Assises pour viols, 12 ans de réclusion criminelle

L’avocate souligne un “fiasco judiciaire” quand elle résume la matinée consacrée aux infractions, délits, sanctions, interdictions, suivi médical et liberté conditionnelle prononcées ces 20 dernières années à l’encontre d’un prévenu :

“Qui continue à jouer sa partition de pédophile. Il est le loup dans la bergerie en intégrant un club de football de près de 500 adhérents dont la moitié de mineurs “et va donc jusqu’à braver l’interdiction définitive d’exercer l’encadrement d’activités sportives et physiques en rapport avec des mineurs.

“Personne n’a jamais vérifié ce qu’il faisait ou pas et aujourd’hui ça rend dingue les parents”, s’indigne Maître Lyonnaz.

“Il a fallu attendre un changement de la loi en 2021, que l’honorabilité des bénévoles des associations et des clubs soit vérifiée pour que le pédigrée du prévenu soit porté à la connaissance du président du club, lequel a préféré sciemment l’omerta à la protection des jeunes avec pour conséquence les agressions sexuelles jugées ce mardi”.

“Je demande pardon à tous et je demande à la justice de me donner une dernière chance”

“Vous me jugez pour la personne que j’étais il y a deux ans”, pleure à la barre le prévenu avant le début des plaidoiries.

“Mais j’ai vraiment travaillé et progressé, j’ai pris conscience que je ne guérirai jamais de la pédophilie, je suis une psychothérapie, je prends des médicaments pour inhiber mes pulsions et je sais que je ne dois plus approcher un jeune.

Une prise de conscience dont l’avocate de la partie civile Aurélie Zarkar :

“Doute de la réalité quand celui qui l’énonce conteste dans le même temps les déclarations des enfants qu’il a agressés”.

” Je demande à la justice de me donner une dernière chance. Je comprends la haine que les familles éprouvent à mon égard”, répète le prévenu qui, durant l’audience, a reconnu une agression sexuelle sur les huit dont il devait répondre.

Concernant les sept autres jeunes victimes :

“Je suis très tactile, alors oui je leur ai fait des petits massages du dos, des épaules, des caresses sur les cuisses, quelques baisers ici et là près de la bouche mais jamais je ne leur ai caressé le sexe”.

Plus tôt dans la journée, le quinquagénaire a raconté comment lui-même enfant avait été violé par un copain de son frère aîné.

“A cette époque, ce n’était pas médiatisé, je ne savais pas que c’était mal et j’y ai même trouvé du plaisir”.

“Des caresses sur le dos ou les cuisses ne sont pas des atteintes d’ordre sexuel”

“Tous les gestes affectueux exprimés par mon client à l’égard de sept des parties civiles ont été revisités à posteriori quand son passé pédophile a été révélé”, dénonce l’avocat de la défense.

Dans la définition pénale d’une agression sexuelle rappelle Quentin Marchandise :

“Les seules parties du corps qui permettent de la qualifier sont le sexe, les fesses et la poitrine pour les femmes. La prison ne soignera pas la pédophilie. Il faut un suivi socio-judiciaire et un suivi médical contraint.”

“Ce ne sont pas des dérapages”

“Quand on a été condamné deux fois par une cour d’assises et une fois en correctionnelle, on ne peut pas qualifier de dérapages les gestes que vous réduisez à d’innocents massages ou des petites chatouilles, on ne peut pas sous-entendre que les enfants ont menti ou ont voulu se donner de l’importance”, fustige le Procureur de la République.

Fouad Messai a réclamé une condamnation pour agressions sexuelles sur tous les enfants victimes dans cette affaire, soit une peine de 10 ans d’emprisonnement et le placement sous mandat de dépôt.

Actualisation du 23 octobre 2023 :

Une avocate des parties civiles s’émeut :

« La justice a failli »

Un ancien dirigeant d’un club de football de Haute-Savoie, détenu dans une affaire d’agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans et qui devait être jugé vendredi au tribunal d’Annecy, a été remis en liberté le jour même en raison d’un problème de procédure.

L’homme de 57 ans était en détention provisoire depuis mai 2022 dans le cadre d’une information judiciaire ouverte pour des faits présumés d’agressions sexuelles sur des enfants de l’US Pringy – des garçons âgés d’une dizaine d’années – lors d’un voyage en Vendée organisé par le club.

Son procès, qui devait se tenir en juin dernier, puis en août et enfin ce vendredi, a été renvoyé une troisième fois au 2 avril 2024.

Il risque de « faire irruption » dans la vie des enfants

« La justice a failli », a lancé à l’audience Maître Marjorie Berruex, avocate de plusieurs parties civiles, « parce que des enfants ne sont pas protégés »

Elle a jugé « très inquiétant » que le prévenu sorte de prison et puisse « faire irruption » à tout moment dans leur vie.

Cette libération est à même de « réactiver leur psycho-traumatisme », estime-t-elle alors que certains garçons « parlent d’arrêter le football »

Ce nouveau renvoi intervient alors que la défense a obtenu gain de cause devant la Cour de cassation sur un point de procédure.

L’avocat du mis en cause, Maître Quentin Marchandise, y a « contesté la régularité » de l’avis de fin d’information judiciaire, « rendu par un autre magistrat » que celui en charge du dossier. Sa requête, jugée recevable, va désormais être examinée par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Lyon.

En attendant, le prévenu ne pouvait pas rester en détention provisoire au-delà du 27 octobre. La justice a « un délais de 6 mois » pour juger un détenu à partir de son renvoi devant le tribunal correctionnel, informe-t-il.

Le ministère public reconnaît « un échec »

« Au nom du ministère public, je vois ça comme un échec de devoir [le] libérer pour l’ensemble des faits qu’il a commis », a réagi le vice-procureur de la République d’Annecy Fouad Messai, qualifiant l’homme dans le box de « prédateur sexuel »

L’individu, qui était co-président de l’US Pringy, avait notamment été condamné à des peines de prison en 1998 (10 ans) et 2008 (8 ans) dans des affaires de viols sur mineurs de moins de 15 ans, et avait l’interdiction d’exercer une activité en contact avec des mineurs.

Des mesures de sûreté strictes

En attendant son procès, le tribunal lui a interdit de paraître dans les départements de la Haute-Savoie, de la Savoie et de l’Ain, mais également de se rendre dans les lieux fréquentés par des mineurs ou aux abords.

Dans le cadre de son contrôle judiciaire, il doit par ailleurs se présenter une fois par jour au commissariat de police de Grenoble, suivre des soins et a l’interdiction d’exercer une activité impliquant un contact habituel avec les mineurs.

Le tribunal d’Annecy a voulu « trouver un juste équilibre dans cette situation particulière », tout en se disant « désolé » pour ce moment difficile vécu par les familles.

« Les délais dans ce dossier ne sont pas raisonnables et acceptables », a reconnu la présidente Valentine de Montgolfier. Toutefois, « dans le cadre de la procédure pénale, il y a des recours possibles en matière de droit », rappelle-t-elle.

 

Actualisation du 18 Janvier 2023:

En Haute-Savoie, un éducateur s’est vu retiré sa licence car il était condamné pour viol sur mineur… avant que la Ligue ne lui délivre une licence « dirigeant » !

C’est une histoire à dormir debout. Une histoire qui montre les dysfonctionnements qui existent aujourd’hui encore dans le football français.

En juin 2022, la radio locale H2O révélait qu’un dirigeant de l’US Pringy avait été incarcéré pour des soupçons d’agressions sexuelles sur mineurs de moins de 13 ans.

En effet, plusieurs enfants de ce club de Haute-Savoie s’étaient plaints d’attouchements au retour d’un voyage en bus au Puy-du-Fou.

« Il avait été condamné pour viol dans une autre région.

Une condamnation à une interdiction définitive de rentrer en contact avec des mineurs.

Cela n’interdit pas de tenir une buvette, mais cela ne permet pas d’encadrer un séjour.

Cet homme n’entraînait pas les enfants mais l’enquête devra déterminer les responsabilités. »,

avait indiqué la procureure de la république d’Annecy Line Bonnet.

Mais comment cet homme a-t-il pu accompagner des enfants alors qu’il était inscrit au Fichier des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijais) ?

Un dirigeant “simple” n’entre pas dans le contrôle d’honorabilité

C’est là que cette histoire va prendre une tournure assez inattendue.

Le 13 janvier 2022, la Délégation régionale académique à la Jeunesse, à l’Engagement et aux Sports (DRJSCS) a averti l’US Pringy que Vincent Cesbron est inscrit au Fijais.

Le 21 février, sa licence « éducateur fédéral » lui est retirée par la Ligue Auvergne Rhône-Alpes (Laura Foot).

Mais dans la foulée, le club haut-savoyard demande une licence « dirigeant » à la Ligue le 9 mars 2022.

Soit quelques semaines avant la supposée agression sexuelle de plusieurs enfants !

« Celle-ci a été validée par la Ligue le 11 mars 2022 à réception des pièces parce que cette demande ne mentionnait pas le rôle de dirigeant « administrateur » du club.

Or, le champ du contrôle honorabilité fixé par le Ministère s’applique à ce jour sur les éducateurs et les dirigeants administrateurs de club (président, secrétaire, trésorier).

Toutes les autres licences « joueurs » et « dirigeants » ne rentrent donc pas, à ce jour, dans le contrôle automatisé du Ministère des Sports. »

nous a expliqué la Ligue Auvergne Rhône-Alpes

La Ligue a finalement décidé d’agir.

« Le 5 septembre dernier, le Bureau Plénier de LAuRAFoot a cependant décidé d’aller plus loin que la seule interdiction d’encadrer pour Vincent C. en lui interdisant toute prise de licence, même si cette mesure de la Ligue va au-delà de la procédure du contrôle d’honorabilité mise en place avec le ministère des Sports »

nous a-t-on précisé.

La délégation Jeunesse et Sports responsable?

Mais le mal est fait et une licence a été délivrée à une personne condamnée pour viol sur mineur et qui a ensuite récidivé.

La Ligue se décharge sur la DRJSCS et le club.

« A la suite d’un rendez-vous avec le service départemental à la Jeunesse et aux Sports de Haute-Savoie pour savoir si le club pouvait confier des missions autres à M. Vincent C., le club concerné a fait une demande de licence dirigeant. »

Ce que confirme Alain Bocquet, président du club à l’époque.

« Jeunesse et Sport a reçu un courrier avec accusé de réception de ma part, reprenant leurs termes que j’avais mis en place sans attendre à l’US Pringy,

Je n’ai jamais eu de réponse mais je tiens ces courriers à disposition.

J’ai fait exactement ce que l’on m’a demandé.

S’ils m’avaient demandé de le virer, je l’aurais fait mais cela n’a pas été le cas.

Le courrier initial de jeunesse et sport date du 13 janvier dernier. M. Cesbron était déjà au club depuis 10 ans. »

confiait-il le 2 juin 2022 à H2O radio.

Malgré plusieurs demandes, la DRJSCS n’a pas souhaité nous répondre.

Le règlement de FFF prévoit le retrait de licence

Ce cas d’agressions sexuelles montre que le système mis en place n’est pas encore tout à fait au point.

Car il est impensable de pouvoir délivrer une licence à une personne inscrite au Fijais.

« Tout licencié peut être en fonction auprès d’une équipe de jeune, ce qui ne facilite pas les contrôles »

concède Didier Esor, le président de la Ligue des Pays de la Loire, qui a été confronté à plusieurs cas de retrait de licence depuis le début de la saison.

« On prend des risques mais personne n’a contesté ces retraits devant le tribunal administratif » ajoute-t-il.

En fait, ces retraits de licence sont prévus dans le cadre de l’article 85 des règlements généraux de la FFF.

« Toute personne frappée d’une sanction pénale, privative de liberté ne comportant pas l’application du sursis, pour faute contre la morale, l’honnêteté ou l’honneur peut se voir refuser la délivrance d’une licence ou se voir retirer une licence en cours de validité. »

Le 11 mars 2022, la Ligue Auvergne Rhône-Alpes aurait donc pu refuser la licence à Vincent Cesbron.

 

Article du 3 Juin 2022

A Annecy, un des dirigeants du club de foot de l’US Pringy vient d’être mis en examen et placé en détention provisoire pour des faits d’agressions sexuelles sur deux mineurs de moins de 15 ans.

Elle précise que l’homme, âgé de 55 ans, avait déjà été condamné pour « des faits de la même nature, voire plus graves dans une autre région » et avait interdiction d’entrer en contact avec des mineurs dans le cadre d’une activité bénévole ou professionnelle.

“Dans le cadre de ses fonctions à l’US Pringy, il n’entraînait pas les enfants, mais faisait partie de l’équipe dirigeante du club”, affirme la procureure.

L’homme était bénévole et était l’un des dirigeants du club de foot de Pringy depuis plusieurs années.

Selon les informations communiquées par le parquet d’Annecy, les faits se sont déroulés la semaine dernière, lors du week-end de l’ascension alors que les enfants du club rentraient d’un séjour au Puy-du-Fou.

Un jeune garçon a raconté à sa mère qu’il venait de subir des attouchements dans le car de la part du dirigeant.

C’est elle qui a donné l’alerte :

“L’homme a reconnu les faits en garde à vue, il a été déféré, mis en examen et incarcéré à la prison de Bonneville”, confirme la procureure.

Une information judiciaire a été ouverte pour des faits d’agressions sexuelles sur mineurs de moins de 13 ans et l’enquête a été confiée à un juge d’instruction.

« Pour l’instant, deux victimes – des jeunes garçons – se sont fait connaître, mais l’enquête a pour but de déterminer s’il y en a eu d’autres ou pas, » ajoute la procureure.

Du côté du club de foot, les dirigeants ne souhaitent pas communiquer pour l’instant. La ville d’Annecy a mis en place une cellule psychologique.

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