Angleterre | Trois questions sur le scandale qui touche l’ex présentateur de la BBC

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Encore un pedocriminel en liberté
Le journaliste Huw Edwards, célèbre présentateur depuis vingt ans sur la « BBC », a plaidé coupable cette semaine de détention d’images pédopornographiques.

Huw Edwards, longtemps le journaliste et présentateur le plus célèbre de la BBC, a reconnu ce mercredi 31 juillet 2024 la détention de dizaines d’images pédopornographiques.

Sous contrôle judiciaire, le journaliste risque dix ans de prison.

On vous résume ce scandale sexuel qui implique le présentateur star du groupe audiovisuel public britannique.

1. De quoi Huw Edwards est-il accusé ?

Sa chute est intervenue brutalement l’été dernier, lorsque le tabloïd The Sun a affirmé qu’il avait payé un adolescent en échange de photos à caractère sexuel.

Il avait été suspendu. Aucune poursuite n’avait été lancée.

En avril, la BBC a annoncé sa démission, décidée « sur les conseils de ses médecins ».

Deux mois plus tard, il était inculpé pour de nouvelles accusations, restées secrètes jusqu’à lundi.

Ce mercredi, l’ex-présentateur du journal de 22 h, des soirées électorales et des grands événements royaux a plaidé coupable de détention d’images pédopornographiques.

Au cours d’une brève audience, Huw Edwards a sobrement répondu « coupable » à la lecture par le juge Paul Goldspring des trois chefs d’inculpation de « réalisation d’images indécentes d’enfants » – ce qui peut signifier la détention d’images électroniques.

Il est poursuivi pour 41 images, certaines concernant un enfant âgé de 7-9 ans, reçues sur la messagerie WhatsApp entre décembre 2020 et août 2021, de la part d’Alex William, un homme de 25 ans condamné en mars à une peine de prison avec sursis pour possession d’images pédopornographiques.

Conséquence de ce plaider coupable, la peine sera prononcée ultérieurement sans procès.

Le journaliste reste en liberté sous contrôle judiciaire en attendant une prochaine audience le 16 septembre.

Il risque dix ans d’emprisonnement, même si le parquet a suggéré à l’audience qu’une peine de prison avec sursis, assortie d’une obligation de traitement, pourrait suffire étant donné ses problèmes psychologiques et les « remords sincères » exprimés.

2. Pourquoi est-ce un véritable séisme en Grande-Bretagne ?

Huw Edwards a longtemps été l’un des présentateurs les plus connus de la BBC et le journaliste le mieux payé, avec un salaire pour l’année 2023/2024 de plus de 475 000 livres sterling (plus de 560 000 euros).

C’est lui qui avait annoncé aux Britanniques la mort de la reine Elizabeth II, le 8 septembre 2022.

Il avait aussi commenté le mariage du prince William et de Kate, l’ouverture des Jeux olympiques en 2012 et plus récemment le couronnement de Charles III en mai 2023.

Il avait révélé dans un documentaire en 2021 souffrir d’une dépression qui l’a régulièrement « cloué au lit ».

« J’ai pensé que cela pourrait aider les gens si je m’ouvrais à eux et si je leur disais : ’’Vous pouvez faire un travail et vous pouvez réussir’’ […] tout en gérant des problèmes de ce genre », a-t-il raconté.

Chrétien pratiquant, Huw Edwards est marié à une productrice de télévision, Vicky Flind, avec laquelle il a cinq enfants.

Le Premier ministre Keir Starmer s’est dit « choqué et épouvanté » par cette affaire.

3. Que reproche-t-on à la BBC ?

La BBC a-t-elle tardé à agir ?

Que savait-elle et quand ? Pourquoi a-t-elle augmenté son salaire de 40 000 livres par rapport à l’année précédente ?

Le groupe audiovisuel public britannique se trouve une nouvelle fois en pleine tempête.

Dans une interview à la BBC ce jeudi, son directeur général Tim Davie a fait valoir que l’augmentation du présentateur vedette, dont il a bénéficié en grande partie alors qu’il n’était plus à l’antenne, avait été décidée en février 2023, avant que n’émergent les premières accusations, et dans un contexte de forte inflation.

Il a assuré que le groupe public examinerait « toutes les options » pour essayer de récupérer une partie de l’argent versé à Huw Edwards.

L’entreprise se trouve aussi sous le feu des critiques car elle avait été informée dès novembre dernier des accusations de détention d’images pédopornographiques, et n’avait pas licencié le présentateur.

Selon Tim Davie, la police avait demandé à la BBC de maintenir la confidentialité autour de sa garde à vue et souligné qu’il aurait été délicat d’agir dans l’hypothèse où aucune inculpation ne suivrait cette arrestation.

La BBC s’est dite « choquée » par la révélation des nouvelles accusations et a assuré qu’il aurait été licencié s’il avait encore été parmi les effectifs du groupe au moment de son inculpation, survenue en juin.

Elle a souligné que les faits révélés mercredi n’étaient « pas liés » au scandale de l’été dernier, dont sa gestion avait été très critiquée.

Une enquête interne a depuis conclu à des insuffisances dans ses procédures pour traiter des plaintes relatives au comportement de ses employés.

Le géant audiovisuel reste traumatisé par sa gestion de plusieurs scandales à caractère sexuel, en premier lieu l’affaire Jimmy Savile, qui a éclaté en 2012, un an après la mort de cet animateur star, auteur de viols et d’agressions sexuelles à l’encontre de mineurs pendant des décennies.

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