L’inculpé, 22 ans, a séquestré la victime, 16 ans, en le menaçant à l’arme blanche.
Jeudi 20 avril, le tribunal criminel près la cour d’Oran a jugé une sombre affaire de mœurs dans laquelle un adolescent de 16 ans a été séquestré et pris en photos dans des positions dégradantes sous la menace d’une arme blanche. Selon l’accusation, B. Abdelfettah, ouvrier en bâtiment âgé de 22 ans, a séquestré B. Daoud pendant plusieurs heures dans un immeuble en construction situé dans la commune de Belgaïd, à l’est d’Oran.
Dans sa plainte, le plaignant affirme que Abdelfettah l’avait contraint, sous la menace d’une arme blanche, à se dévêtir et à prendre des positions dégradantes pendant qu’il le filmait à l’aide son téléphone portable. Selon la plainte, l’accusé avait également enregistré des photos présentant les organes génitaux du mineur avant de lui ligoter les mains et les pieds.
Durant le procès, Abdelfettah reconnaîtra les faits dans leur globalité mais niera l’intention de commercialiser les images ou la vidéo.
“À Jijel où nous habitons, Daoud s’en est pris à ma petite sœur Souad (malentendante et souffrant de troubles de vision, ndlr) et l’a agressée. Je me devais de le punir. Un jour, il m’a appelé pour se plaindre de sa situation familiale et me demander s’il pouvait le rejoindre à Oran pour travailler. J’ai dit oui et lorsque je l’ai eu en face de moi, je l’ai interrogé à propos de ma sœur. Il a reconnu les faits alors j’ai décidé de le punir”, avouera-t-il, en niant, toutefois, avoir utilisé une arme blanche ou lui avoir lié les pieds.
Accompagné de son père, le plaignant donnera une autre version à la cour :
“C’est lui qui m’a demandé de le rejoindre pour travailler sur le même chantier. Il m’a menacé avec un couteau, m’a obligé à retirer mes habits et à me toucher pendant qu’il me filmait avec son portable. Cela a duré 30 minutes environ, ensuite, quand il est sorti pour répondre à un appel téléphonique, j’ai pu libérer mes pieds et fuir”, déclarera-t-il en rejetant les accusations d’agression contre la petite Souad.
Après une brève plaidoirie de l’avocat de la partie civile qui relèvera que l’accusé aurait dû porter plainte pour l’agression de sa sœur (pour autant qu’elle ait existé) au lieu de se venger par lui-même, le représentant du ministère public affirmera que les faits sont prouvés par les aveux de l’accusé et les vidéos trouvées sur son portable. Il rappellera les chefs d’accusation pour lesquelles Abdelfettah est poursuivi (menace de voie de faits selon l’article 287 du code pénal, attentat aux mœurs sur mineur suivant l’article 333 bis, et séquestration conformément à l’article 291) et requerra dix années de réclusion criminelle et 100 000 DA d’amende.
L’avocate de la défense axera sa plaidoirie sur l’environnement conservateur de l’accusé qui exige que toute atteinte à l’honneur soit sanctionnée. “Il a agi de la sorte pour laver l’honneur souillé de sa sœur et non pas pour un intérêt commercial”, affirmera-t-elle en appelant la cour à prendre en compte les aveux qui témoignent de la bonne volonté de son client. Pour finir, elle présentera un dossier prouvant l’agression de la sœur de l’accusé, et demandera la clémence de la cour et les plus larges circonstances atténuantes. Après délibérations, B. Abdelfettah écopera de sept ans de prison ferme.
Source: Liberté Algérie