L’annonce de la mise en examen de Jacques Lapasset(1), cet instituteur retraité de 62 ans, pour agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans, a provoqué un profond malaise tant à la Tour-du-Crieu que dans la communauté éducative d’Ariège.

Hier matin, la nouvelle s’est répandue dans la Tour comme un feu de brousse.

«Les gens se posent beaucoup de questions, c’est un véritable choc. J’ai averti le maire, qui est absent, et qui sera de retour lundi, nous verrons alors la suite à donner» a expliqué Monique Bordes, maire adjoint de La Tour-du-Crieu et conseillère départementale.

«Dans le magasin, il n’y avait pas d’autre sujet abordé, cela fait énormément parler. Beaucoup de Critouriens ont eu leurs enfants scolarisés ici, et notamment dans la classe de ce monsieur» explique cette commerçante, qui comme beaucoup ici, a du mal à croire à cette annonce.

Des mails s’échangent en grand nombre entre parents, lesquels d’ailleurs interrogeraient avec inquiétude leurs enfants pour ceux qui ont été scolarisés dans la classe de l’ancien enseignant mis en examen. Quant à l’équipe pédagogique, elle serait particulièrement choquée.

Pour partie, elle a été renouvelée depuis la période où les faits se seraient produits et nombre d’enseignants actuels n’ont pas connu le retraité du temps de son activité.

«Nous sommes très surpris»

Malaise également dans la communauté éducative du département.

«Nous sommes totalement sous le choc» explique un enseignant qui connaît l’instituteur retraité.

Jacques Lapasset était une figure de La Tour-du-Crieu, investie dans le milieu associatif départemental ou local, tant à vocation sociale que sportive. Il a notamment présidé les Francas. Il s’est engagé dans les mouvements d’éducation populaire pendant plusieurs années. Il avait même bénéficié d’un détachement.

«Il est connu partout en Ariège, il bénéficiait d’une notoriété départementale. En tant que président des Francas, il était un interlocuteur des collectivités», se souvient un autre enseignant, aujourd’hui à la retraite.

«Pour moi c’était quelqu’un de calme, de discret, de posé, de sérieux, jamais je n’aurais imaginé une chose pareille» explique ce vieux Critourien.

A quelques jours de la rentrée des classes et à une quinzaine de jours de l’anniversaire du changement de nom de la commune de la Tour, cette affaire a jeté la consternation. C’est une adolescente de 15 ans qui a révélé les faits en se confiant à sa mère qui a déposé plainte.

Au cours de l’enquête préliminaire, les gendarmes entendent deux autres jeunes filles qui décrivent le même type d’agissements de la part de l’ancien enseignant de cours préparatoire (CP), en direction des fillettes alors âgées de 6 ans.

«Jaques Lapasset leur demandait de venir sur ses genoux pour faire des corrections et il procédait à cette occasion à des attouchements de nature sexuelle, sur ou sous les vêtements» a indiqué Karline Bouisset, procureur de la République.

Interpellé par les gendarmes, Jacques Lapasset aurait reconnu immédiatement les faits au cours de sa garde à vue.

Il a indiqué le nom de sept autres victimes pour des faits qui se sont déroulés entre 2003 et 2007.

L’enquête se poursuit

Jacques Lapasset a été présenté au parquet et une information judiciaire a été ouverte.

L’enseignant retraité a été mis en examen pour agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans par personne abusant de l’autorité conférée par sa fonction. Il a été placé sous contrôle judiciaire strict.

Les gendarmes poursuivent maintenant leurs investigations, sur commission rogatoire, pour déterminer s’il y a eu d’autres agressions au cours de ces années. L’enseignant est à la retraite depuis 2010. Il était jusqu’à présent inconnu des services de police et de justice.

(1) Toute personne mise en examen bénéficie de la présomption d’innocence.