Québec| La lutte contre l’exploitation sexuelle des mineurs devient une priorité nationale

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La Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs a formulé 58 recommandations
photo d'une adolescente tendant la main pour échapper a l'agression
Ajouter les crimes liés à l’exploitation sexuelle à la liste du programme d’indemnisation des victimes d’actes criminels, ainsi que le proxénétisme et la traite des personnes ou encore, mieux soutenir les victimes en leur accordant de l’aide sociale.

Le premier ministre François Legault s’est engagé jeudi à appliquer les recommandations de la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs, quelques heures après un vote unanime de l’Assemblée nationale pour que la lutte contre ce fléau soit une priorité nationale.

Il s’agit de la première des 58 recommandations du volumineux rapport de 139 pages sur ce fléau.

« Je veux assurer à tous ceux qui ont participé à cette commission-là [que] ce ne sera pas tabletté, a déclaré M. Legault en conférence de presse. Il va y avoir des actions, puis c’est Geneviève Guilbault qui va être en charge de ça. »

Plusieurs des recommandations concernent la ministre de la Sécurité publique, mais d’autres s’adressent plutôt aux ministères de la Justice, de l’Éducation ainsi que de la Santé et des Services sociaux.

Verra-t-on des résultats concrets avant la fin du mandat caquiste ? Mme Guilbault a affirmé :

« Oui, d’ici l’automne 2022, absolument ».

Elle a toutefois reconnu que le gouvernement ne pourra pas appliquer l’ensemble des 58 recommandations « en même temps » et qu’il devra effectuer une priorisation. Elle n’a pas voulu dire si celles sur la sécurité publique allaient être appliquées en premier.

« La première recommandation, pour moi, elle va de soi parce que c’est une priorité nationale, c’est bien entendu, a-t-elle dit. On parle de la sécurité de nos jeunes, on parle de l’exploitation sexuelle de personnes mineures ».

Dans cette recommandation, on suggère également au gouvernement d’élaborer un plan d’action « révisé périodiquement par un comité interministériel ». Celui-ci devra faire rapport à l’Assemblée nationale tous les deux ans.

Rose Sullivan, la cofondatrice du Collectif d’aide aux femmes exploitées sexuellement (CAFES), a déclaré :

« Ça donne beaucoup d’espoir et ça donne l’impression d’avoir été entendue ».

Cette femme qui a quitté le milieu de la prostitution après avoir subi une violente agression sexuelle avait témoigné devant la Commission il y a un an du parcours difficile des victimes.

Certaines de ses suggestions sont incluses dans les 58 recommandations, comme celle d’ajouter les crimes liés à l’exploitation sexuelle à la liste du programme d’indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC).

La Commission recommande d’ajouter le proxénétisme et la traite des personnes à cette liste par une modification législative. Elle propose également de mieux soutenir les victimes en leur accordant de l’aide sociale pour éviter qu’elles ne tombent dans le cycle de la pauvreté après leur sortie de la prostitution.

« C’est un crime majeur qui va marquer des femmes, des hommes ou des enfants pendant tout le reste de leur vie », Maria Mourani.

Ces gestes pourraient être faits rapidement, selon la criminologue et ex-députée fédérale Maria Mourani. Plusieurs de ses suggestions ont aussi été retenues par la Commission, dont celle de demander au gouvernement fédéral d’autoriser l’imposition de peines consécutives pour les trafiquants de personnes mineures.

En entrevue, elle a expliqué :

« Les peines consécutives, donc des peines plus sévères, c’est pour montrer que, pour nous, ce crime-là est un crime majeur. Ce n’est pas un petit délit. C’est un crime majeur qui va marquer des femmes, des hommes ou des enfants pendant tout le reste de leur vie ».

Beaucoup n’en guérissent pas et doivent vivre avec un stress post-traumatique.

Elle a ajouté :

« C’est un crime aussi atroce qu’un meurtre. La seule différence, c’est que la personne est encore vivante, mais à l’intérieur, elle est morte ».

La Commission a également retenu la suggestion de Mme Mourani de rendre les subventions des grands événements, comme le Grand Prix de Montréal, conditionnelles à la mise en œuvre de mesures de prévention.

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