Françoise Dolto | La “psychanaliste” et ses propos bienveillants à l’égards des pédophiles

Faut-il débaptiser les collèges et lycées « Françoise Dolto » ?

 C’est un fait malheureusement avéré, Françoise Dolto a tenu, d’une part sur la pédophilie et l’inceste, d’autre part sur les violences faites aux femmes et aux enfants, des propos étonnamment bienveillants à l’égard des violeurs incestueux et des conjoints brutaux.

Seuls les enfants et les femmes porteraient la responsabilité de ces actes odieux. Ces propos reflètent-ils la pensée profonde de Françoise Dolto ? Ou bien ont-ils été sortis de leur contexte pour nuire à son image ?

Les remous de ce que l’on nomme désormais « L’affaire Gabriel Matzneff» ont conduit les médias à s’interroger sur la complaisance passée du milieu littéraire – auteurs, éditeurs et journalistes confondus – confronté à des apologies de la pédophile dont l’écrivain s’est fait une spécialité dans plusieurs de ses romans et essais.

Une complaisance corporatiste dont le chroniqueur Bernard Pivot, ex-animateur du magazine télévisé Apostrophes, a été l’un des symboles. Cible collatérale de cette polémique : la psychanalyste Françoise Dolto dont certains propos pour le moins dérangeants ont été repris dans Le Canard enchaîné du mercredi 8 janvier qui cite des extraits d’une interview datant de 1979 et du livre L’enfant, le juge et la psychanalyste publié par Gallimard en 1999.

On y lit notamment ceci sur les rapports incestueux* :

« Dans l’inceste père-fille, la fille adore son père et est très contente de pouvoir narguer sa mère. »

C’est donc ça, la bonne explication ! La gamine séduit son père et impose à cet homme sans défense un rapport physique pour défier sa génitrice. Notez bien que l’on comprend ce père :

« C’est sa fille, elle est à lui. Il ne fait aucune différence entre sa femme et sa fille. »

Voilà qui explique pourquoi certains sont conduits, malgré eux, à des coïts avec leur progéniture. Et pour lever toute ambiguïté, à la question

« Donc, la petite fille est toujours consentante ? »,

Françoise Dolto répond sans hésiter

« Tout à fait ! »

Elle enfonce même le clou lorsqu’on lui fait remarquer qu’

« il y a bien des cas de viol. »

Que nenni :

« Il n’y a pas de viol du tout, elles sont consentantes » !

affirme-t-elle. En résumé, les parents abuseurs n’existent pas, ils sont d’innocentes victimes d’un jeu de séduction.

On lit* également dans Le Canard enchaîné d’aussi décoiffantes prises de position de Françoise Dolto sur les violences au sein de la cellule familiale* :

« On comprend qu’un homme marié qui attendait [de sa femme] qu’elle fasse ce qu’elle avait à faire en vienne à lui taper dessus, en espérant la faire changer. »

La disciple de Lacan ajoute même ceci :

« C’est le mari qui doit être aidé, et non la femme battue. »

Ou bien encore cela :

« Les coups ne veulent pas dire absence d’amour. »

Cogner sur sa conjointe est même sans doute une marque d’amour, si l’on en croit l’éminente psychanalyste ! Et tant pis si les femmes battues, fussent-elles dépassées dans la gestion de leur foyer, se retrouvent à l’hôpital, voire au cimetière. Quant à l’enfant battu, là aussi le parent violent n’y est pour rien. D’après Françoise Dolto, il faut mettre le gamin devant ses responsabilités :

« Il faut lui dire : Ne le cherches-t-u pas ? Ne veux-tu pas faire d’histoires avec tes parents ? »

Eh oui, les enfants roués de coups n’ont, à l’image des épouses, que ce qu’ils méritent !

Certes, l’on ne peut résumer la vie et l’œuvre de Françoise Dolto aux seuls propos rapportés par Le Canard enchaîné. Mais n’en déplaise à Catherine Dolto – la fille de la psychanalyste – qui a réagi sur le web (cf. lien) aux polémiques induites par l’article de l’hebdomadaire satirique, on ressent un vrai malaise.

Et cela sans faire partie de la « fachosphère » évoquée par le HuffPost qui, dans un article du 14 janvier (lien), amalgame des polémiques anciennes orchestrées par l’hebdomadaire Minute avec les écrits du Canard enchaîné ; une absurdité pour quiconque connait le positionnement socio-politique du volatile médiatique.

Catherine Dolto voit dans ces remous concernant sa mère « des dénonciations calomnieuses ». Et cela sur la base de

« citations tirées de leur contexte dans lesquelles Françoise Dolto parle de l’inconscient et non du registre conscient [ce qui] dénature totalement ses propos ».

Ainsi, ces incestes seraient la conséquence directe de pulsions « inconscientes » de l’enfant soumis à des coïts intra-familiaux. Mais quid du parent confronté à ces pulsions enfantines ? Difficile pour lui, l’adulte, d’invoquer l’« inconscient » qui le pousserait à solliciter et à obtenir le « consentement » décrit par la psychanalyste !

Et que penser de cette question : « D’après vous, il n’y a pas de père vicieux et pervers ? » à laquelle Françoise Dolto répond avec une effarante naïveté :

« Il suffit que l’enfant refuse de coucher avec lui, en disant que cela ne se fait pas, pour qu’il la laisse tranquille. »

Comment Catherine Dolto peut-elle justifier une telle réponse de sa mère aux yeux de tous les gamins victimes, jusque dans leur vie d’adultes, de graves traumatismes liés à des incestes subis durant leur enfance ?

Il se trouve que l’une de mes sœurs et son mari ont été assistants familiaux – autrement dit « famille d’accueil » – et ont, à ce titre, eu en charge de nombreux enfants placés par la DDASS puis l’ASE (Aide sociale à l’Enfance).

Des enfants meurtris par un climat familial violent ou alcoolique, par le délaissement et la privation de soins, par les coups répétés, et trop souvent par les agressions sexuelles incestueuses, jusque sur des garçons et filles en bas-âge. Des enfants parfois mutiques, stressés ou apeurés, quelquefois caractériels, et pour certains suicidaires, à l’image de cette adolescente qui ne supportait pas le rejet affectif dont elle faisait l’objet de la part de sa mère biologique depuis la dénonciation du père violeur.

Et que dire de cet autre gamin qui, malgré les précautions, est un jour revenu d’une visite chez son père incestueux avec un slip tâché de sang ? Sincèrement désolé, madame Catherine Dolto, votre plaidoyer ne passe pas !

Dans un tel contexte, il semble légitime qu’à la lumière de ces prises de position – révoltantes si elles reflètent le fond de la pensée de la psychanalyste, stupéfiantes si elles relèvent d’un délire intellectuel –, la question puisse être posée, et elle l’est de facto ici et là : faut-il maintenir le nom de Françoise Dolto au fronton des établissements scolaires qui rendent hommage à cette personnalité devenue sulfureuse aux yeux d’une partie de nos compatriotes ? Cette réponse appartient aux parents d’élèves des établissements concernés, et à eux seuls.

À noter qu’une question analogue peut être posée à propos de l’écrivain Romain Gary dont le nom a également été donné à des collèges et des lycées de notre pays. Dans La promesse de l’aube, le romancier affranchit de facto les violeurs d’enfants au sein de la cellule familiale comme le montre cet extrait du livre dans lequel Romain Gary exprime très librement le fond de sa pensée* :

« Toutes les frénésies de l’inceste me paraissent infiniment plus acceptables que celles d’Hiroshima, de Buchenwald, des pelotons d’exécution, de la terreur et de la torture policières, mille fois plus aimables que les leucémies et autres belles conséquences génétiques probables des efforts de nos savants. Personne ne me fera jamais voir dans le comportement sexuel des êtres le critère du bien et du mal. La funeste physionomie d’un certain physicien illustre recommandant au monde civilisé de poursuivre les explosions nucléaires m’est incomparablement plus odieuse que l’idée d’un fils couchant avec sa mère. À côté des aberrations intellectuelles, scientifiques, idéologiques de notre siècle, toutes celles de la sexualité éveillent dans mon cœur les plus tendres pardons. »

« Autres temps, autres mœurs ! » diront certains. Pas sûr que cela suffise à convaincre les parents du bien-fondé de laisser des noms comme ceux de Françoise Dolto ou Romain Gary au fronton des écoles que fréquentent leurs enfants.

Ces établissements où l’on doit non seulement enseigner, mais aussi avertir les enfants des dangers de la société, ne méritent-ils pas d’être dédiés à la mémoire de personnalités irréprochables au plan de l’éducation ? Encore faut-il faire la part des choses : contrairement à la psychanalyste, l’écrivain n’a jamais prétendu jouer un rôle pédagogique, et cela fait toute la différence.

Source : agoravox

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