Compiègne | Un père alcoolique délaisse ses enfants ; le fils de 12 ans violé par une mineur de 16 ans
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 02/07/2017
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Vous avez été défaillant sur tous les plans, Monsieur ! » La procureure de la République, Virginie Girard, n’a pas caché sa colère, vendredi 30 juin, face au prévenu qui se trouvait devant elle.
À la barre, un Compiégnois de 46 ans, père de quatre enfants. Après la séparation avec leur maman, il a obtenu la garde des deux aînés, la maltraitance du beau-père et le manque total d’implication de la mère ayant motivé la décision du juge. Mais les enfants, une fille et un garçon de 16 et 12 ans, n’ont pas trouvé meilleur repère chez leur père.
« Aimer, c’est éduquer et éduquer, c’est contraindre, non pas dans la violence, mais en donnant un cadre »
Virginie Girard, procureure
C’est un voisin, qui s’est pris d’affection pour le jeune garçon, qui alerte les services sociaux. Il indique nourrir matin, midi et soir le petit Vincent (le prénom a été modifié), après avoir constaté qu’au domicile de ce dernier, les placards étaient vides.
Le frigo ne contenait que des sachets de ketchup. Selon le père, c’est parce que le frigo était en train de dégivrer. Pour les enfants, c’est parce que le peu d’argent du foyer passait dans l’alcool.
Ils expliquent d’ailleurs que leurs nombreuses absences au collège s’expliquent par le fait que leur père ne se réveillait pas le matin pour les conduire, parce qu’il avait trop bu la veille.
C’est un épisode particulièrement glauque qui a poussé le voisin à faire un signalement.
Vincent, 12 ans, lui raconte subir des agressions sexuelles d’une amie de sa sœur, âgée de 16 ans.
« Je pensais qu’avoir une copine, c’était juste s’embrasser sur la bouche, je n’étais pas prêt à aller plus loin », a-t-il déclaré aux enquêteurs.
Il a pourtant, il a été forcé à avoir des rapports sexuels, alors que ces trois frères et sœurs se trouvaient dans la même chambre, sur le lit superposé du dessus.
Lorsque le jeune garçon s’est confié à son père, il a reçu des claques et ce commentaire :
« Elle est très bien pour toi, ce sont des choses de ton âge. »
Les faits se sont produits quatre fois, jusqu’à ce que le voisin décide d’aller parler lui-même aux parents de la jeune fille.
Maître Bellier, qui défend les intérêts des enfants décrit un
« garçon extrêmement traumatisé, qui paraît souffrir du même symptôme post-traumatique que les victimes d’agressions sexuelles, de viols »
Pour maître De Boislaville, avocate du prévenu, il s’agit « d’un papa qui aime ses enfants, mais qui est profondément démuni, qui n’a aucun soutien de la maman des enfants et qui s’est senti dépassé ».
« Aimer, c’est éduquer et éduquer, c’est contraindre, non pas dans la violence, mais en donnant un cadre », insiste le Parquet.
1 500 euros de dommages et intérêts à chaque enfant
L’homme a été condamné à 20 mois de prison, dont dix avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans avec une obligation de travailler et de suivre des soins concernant son addiction à l’alcool
« Vous avez été un père destructif, ils vous voient comme un alcoolique invétéré, incapable de vous imposer. Il faut aujourd’hui qu’ils sachent que ce n’est pas de leur faute ce qui est arrivé, mais la vôtre »,a expliqué le président Pascal Cladière, pour justifier les 1500 euros de dommages et intérêt qu’il devra verser à chacun de ses enfants.
Source : Courrier Picard
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