“Nous sommes nées dans un mouvement sectaire qui, pendant des années, a dicté nos vies et celle de nos parents. Nous sommes trois sœurs sur les quinze enfants nés de sept mères différentes de Christopher Jones, notre père. Pour rejoindre les Enfants de Dieu, en 1973, il a plaqué ses études d’art dramatique. A ce jour, il est toujours membre de la secte. Dès la naissance, nous avons été conditionnées pour suivre les règles sectaires et y obéir. Nous n’avions pas le choix et ne connaissions rien d’autre.
Cette enfance cauchemardesque a été dominée par un homme : David Berg. Ce dernier était la force perverse et manipulatrice qui se cachait derrière la secte, les Enfants de Dieu. Le gourou David Berg s’attribuait le rôle de figure parentale bienveillante. On apprenait aux enfants à l’appeler “Grand-père” ou “Mo”. Il était le chef de notre famille, notre prophète, notre leader, notre “lumière au milieu des ténèbres”. Il dictait les règles, en réalité des délires abusifs et pédophiles, que nous devions suivre aveuglément.
“Nous n’étions que de vulgaires jouets”
Le dévouement de notre père envers cet homme et la foi qu’il avait dans ses prophéties étaient inébranlables. Ainsi, dès notre plus jeune âge, nos journées étaient consacrées à l’étude et à la pratique de ses écrits délirants. Pour le gourou de la secte, le contrôle des naissances était un acte de rébellion envers Dieu, dont il était le messager. Ainsi, en quelques années, des milliers d’enfants sont nés au sein de la secte. Nous étions “l’espoir du futur”, une deuxième génération pure, non corrompue, libérée des chaînes du “Système”, comme on appelait le monde extérieur.
On nous apprenait qu’être nés dans “la Famille” était le plus grand privilège qui soit, que nous étions des élus. C’était notre destinée de devenir “les Soldats de Dieu” et de sacrifier nos vies à notre cause. David Berg prédisait que la fin du monde aurait lieu en 1993, et que nous deviendrions alors les dirigeants du “Nouveau Millenium”. Comme nos vies terrestres devaient être de courte durée, nous, les enfants, n’étions que de vulgaires jouets, utilisés pour servir les intérêts collectifs du groupe.
L’inceste est autorisé s’il est fait “dans l’amour”
Mais le pire restait à venir. La croyance qui nous a le plus fait souffrir était ce que nous appelions la “Loi d’Amour”. Dieu était l’amour et, selon le gourou David Berg, l’amour était réduit au sexe. Tout ce qui est fait dans l’amour, y compris le sexe, est approuvé par Dieu. Puisque les adeptes étaient tous mariés les uns aux autres, il n’existait pas d’adultère.
Le sexe, présenté comme la plus haute expression de l’amour et de la générosité, était hypocritement appelé “partage”. L’adultère et l’inceste, les relations hors mariage et celles entre adultes et enfants n’étaient désormais plus des péchés, tant qu’ils étaient faits “dans l’amour”. Partager son corps avec les autres disciples était considéré comme la plus haute expression de l’amour.
Les femmes doivent satisfaire les besoins sexuels des hommes
L’âge ne constituait en rien une barrière dans la “Loi d’Amour”, en suivant les principes de David Berg. Par conséquent, les enfants de “la Famille” devaient aussi prendre part à sa philosophie perverse et pédophile. Des milliers d’enfants ont souffert de ses prédilections incestueuses. Chaque membre devait appliquer de façon active cette nouvelle orientation ou bien quitter la secte. Nombre d’adeptes de “Mo” étaient restés fidèles à leur conjoint et formaient toujours des cellules familiales. Subitement, les femmes de “la Famille” devaient satisfaire aux besoins sexuels des hommes, et plus particulièrement à ceux des célibataires.
Certains adeptes profitaient de l’occasion pour multiplier les partenaires, tandis que d’autres avaient du mal à se faire à ces nouvelles libertés. C’est la raison principale pour laquelle les deux tiers du groupe sont partis, à cette époque. Notre père, lui, est resté. Il y est toujours… Quant à nous, parce que nous sommes nées dans cette secte, notre enfer sur Terre a pu commencer…”
Retrouvez son témoignage dans Jamais sans mes sœurs, de Kristina Jones, Celeste Jones et Juliana Buhring (éd. Archipoche).
http://wanted-pedo.com/bis/book-review/jamais-sans-mes-soeurs/
Source: Closer