J’étais assise sur le canapé quand il a mis sa main sur mon ventre et a descendu par-dessus mon pyjama. Puis j’ai entendu ma mère, à l’étage, m’appeler pour dormir. » En l’absence de la victime mardi soir à l’audience correctionnelle, c’est Ombline Parry qui rapporte le témoignage de la fillette, 12 ans au moment des faits survenus en 2007 dans le Pays-Haut.
Avant une autre agression sexuelle en 2008 :
« A l’étang de pêche. Un homme est arrivé, donc il a arrêté », indique la présidente du tribunal de Briey à la lecture du dossier.
Face à elle, le prévenu écoute. À l’époque, il avait nié les attouchements et sa concubine, la mère de l’enfant, « n’avait pas bougé », rappelle la juge. Le signalement finira par aboutir quelques années plus tard quand l’adolescente, alors chez son père, se confiera à sa belle-mère.
À la barre, le quadragénaire poursuivi par la justice ne se démonte pas.
« Cette jeune fille a eu des soucis familiaux. Moi, j’avais déjà été accusé à tort pour mes enfants. Elle a agi par haine. Une fois, j’étais intervenu parce qu’elle manquait de respect à ses parents ; elle avait alors menacé de nous en faire voir de toutes les couleurs. Je clame mon innocence ! »
Ombline Parry lui oppose l’expertise psychiatrique de la mineure : « Ses propos sont cohérents et elle n’a pas de tendance à l’affabulation. À l’inverse, l’expert vous décrit comme une personnalité fruste, égocentrique, difficilement réadaptable, qui critique ceux qui l’accusent»
Le parquet retient également la version de la victime.
« Je ne vois aucune raison de penser que Mademoiselle ment même si ses parents ne l’ont pas crue », assène Émily Bandel. La vice-procureure rappelle aussi qu’« elle avait peur des représailles » du mis en cause.
Un père de quatre enfants, déjà condamné pour violences et harcèlement sur conjoint « et qui fait l’objet de quatre ou cinq plaintes pour des faits de nature sexuelle ».
En défense, Me Caroline Pelas plaide néanmoins la relaxe pour son client: « Les faits ne ressortent qu’aujourd’hui et on n’évoque que des caresses. C’est la parole d’une jeune fille rebelle contre celle du prévenu. »
Manuel Bantignie* est finalement condamné à un an de prison avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans avec obligation de soins. Son nom sera inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles. Comme l’avait demandé le ministère public.
L’accusé a fait appel de cette condamnation.
* L’identité est publiée à partir d’une peine de quatre mois de prison ferme ou d’un an avec sursis
Source: Le Républicain Lorrain