Senneville-sur-Fécamp | Le mari de la nounou abusait des enfants
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
- 31/12/2015
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Dans la dénégation jusqu’ici, l’agresseur sexuel passe aux aveux à la barre. Quinze ans après la fin des délits. Il aurait eu pour victimes bien plus que les deux sœurs parties civiles.
Huit femmes ont dénoncé les agressions sexuelles que Roger Polly leur a fait subir alors qu’elles n’étaient que des enfants, des années 1970 à 2000.
Seulement, pour six d’entre elles, le prévenu a bénéficié de la prescription. Sur le banc des parties civiles du tribunal correctionnel du Havre, mardi, se trouvent ces deux dernières victimes. Deux sœurs que l’épouse de Roger Polly gardait en tant que nounou. Enfin, uniquement à la barre, l’habitant de Senneville-sur-Fécamp (Seine-Maritime) de 70 ans va formuler des aveux.
Presque par obligation, le président du tribunal se tourne vers les sœurs désormais âgées de 26 et 30 ans pour poser à chacune la même question. Alors que les agressions se sont déroulées entre 1991 et 2000, pourquoi ne les ont-elles dénoncé qu’en 2014 ? Parce qu’après avoir subi cela, « c’est la honte, décrivent-elles. Pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’ai fait ? »
« Vous aviez nié pendant des heures ! »
L’homme bedonnant, les mains sur son banc, les cheveux plaqués en arrière, tend l’oreille, les regarde. Ses aveux minimalistes vont venir. « Vous aviez nié pendant des heures et des heures en garde à vue ! », rappelle le président. « C’était parti de mon esprit. C’était tellement loin », flanque l’agresseur. Quand le tribunal lui remémore les noms des six autres plaignantes – enfants gardées par son épouse, enfants d’amis ou proches – toutes prépubères à l’époque, il réponde : « Ça remonte à tellement loin, c’est possible. »
Dans leurs plaintes, elles ont décrit les mêmes scènes. Uniques parties civiles, les deux sœurs sont gardées de 3 mois à 5 ans pour l’une, de 1 à 11 ans pour l’autre. Quand leur nounou « a le dos tourné », la main de son mari vient frotter la cuisse.
Il touche le sexe, se masturbe, diffuse des films pornographiques. « Il me prenait la main. Il voulait que je le masturbe. »
« Du chantage aux bonbons »
Lors de la sieste, l’homme peut se glisser dans le lit. Il fait du « chantage aux bonbons ». Les conclusions de l’expert-psychiatre cinglent. « Le tableau d’un prédateur sexuel » est évoqué, ainsi qu’une « grande dangerosité ». Mais pour Me Guillaume Routel, son client a fait « un pas en avant considérable aujourd’hui » par ses aveux. Aussi, les faits reprochés sont anciens et le prévenu ne serait plus passé à l’acte.
Les juges écartent les quatre années de prison pour moitié ferme réclamées par le parquet.
Ils prononcent trois années avec sursis et obligation d’indemniser les parties civiles. Le retraité, ancien employé aux cantines scolaires, est inscrit au fichier des délinquants sexuels et a l’interdiction définitive d’exercer une activité en lien avec des mineurs.
Source: http://www.paris-normandie.fr/
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