Dinan | Un homme condamné à 5 ans pour agressions sexuelles incestueuses et pédoporno

non

« Ce qui entoure l’inceste c’est le plus grand des dénis »
Un homme de 66 ans du pays de Dinan, était jugé pour agressions sexuelles sur sa nièce lorsqu’elle avait entre 3 et 11 ans. Il était également poursuivi pour détention d’images à caractère pédocriminel. Il a été condamné à cinq ans d’emprisonnement.

Les faits ont eu lieu alors qu’elle avait entre 3 et 11 ans.

Cette jeune femme, aujourd’hui, âgé de 22 ans, aura pourtant attendu ses 19 ans pour pousser la porte d’une gendarmerie.

Elle y a dénoncé les agressions sexuelles subies, enfant, par son oncle paternel, à son domicile et celui de ses parents, près de Dinan (Côtes-d’Armor).

L’homme, aujourd’hui âgé de 66 ans, comparaissait pour ces faits d’inceste par le tribunal correctionnel de Saint-Malo, jeudi 20 novembre 2025.

Il agissait « toujours avec calme »

La victime, appelée à témoigner, n’a eu la force que d’exprimer quelques phrases et confirmer ses déclarations.

C’est donc par la voix de la présidente que les faits ont été détaillés.

D’après les procès-verbaux, la victime indique avoir subi depuis son plus jeune âge, à plusieurs reprises, des pénétrations digitales et autres agressions sexuelles de la part du prévenu.

Elles avaient lieu, le plus souvent, dans l’atelier de son oncle, attenant à la maison de sa grand-mère.

Elle-même située dans un hameau où la petite vie également avec ses parents.

La victime indiquera que son oncle agissait toujours « avec calme ».

C’est seulement à son entrée au collège, qu’elle prend conscience du caractère anormal de ces agissements.

Bien avant de porter plainte, l’adolescente de l’époque fait part de ces agressions à son entourage.

À des amis, puis à la famille.

« Mon frère et mes cousins m’ont toujours cru », livre-t-elle timidement.

D’ailleurs lors des auditions, ses cousins se souviendront d’une conversation très précise lorsqu’ils avaient entre 6 et 10 ans où elle aurait partagé des indices sur ces relations non consenties.

Du côté de ses parents, qu’ils l’ont adoptée à l’âge de deux mois, le chemin pour la croire a été plus long et sinueux, mais ils sont aujourd’hui tous les deux de son côté. L’expertise réalisée sur la victime montre chez elle « une mémoire qui apparaît authentique faisant apparaître des scènes de flash-back ».

Son quotidien est aujourd’hui marqué par des difficultés sociales, des problèmes de santé et des addictions.

Un homme « narcissique et manipulateur »

« On a des paroles qui s’opposent et deux versions qui divergent. Mais pas de témoins directs des faits, pas d’ADN, pas de photo ni vidéo. On se base sur la théorie du faisceau d’indice », souligne l’avocate de la défense Camille Étienne.

Pour son client, une seule explication possible :

« Ce qu’elle dit n’est pas toujours vrai », affiche-t-il d’un ton tout à fait détaché, en répétant à plusieurs reprises le caractère de « menteuse » de la jeune fille.

Son comportement pendant les débats pose question et « sidère » même la procureure.

« Il est confronté à l’immense malheur, sans la moindre empathie, sans sourciller, parfois même en souriant », s’indigne-t-elle.

Son expertise psychiatrique le dépeint comme quelqu’un « de hautain, condescendant, théâtral, narcissique et manipulateur ».

Et pointe « une immaturité dans sa sexualité avec des pulsions perverses ».

Également jugé pour détention d’images à caractère pédocriminel, le prévenu ne semble pas comprendre ce qui lui est reproché.

Il prétend avoir téléchargé ses photos « pour des sculptures d’angelots destinés à une fontaine ».

Ce qui a le don d’agacer la présidente.

« Vous vous interrogez sur le consentement de ces jeunes enfants à voir des photos d’eux nus diffusées sur internet ? »

, lui lance-t-elle.

 

« Je vois un homme dans la toute-puissance et dans le déni le plus total »

, note la procureur.

Et de déni, il en sera justement question pour l’avocate des parties civiles, en ce jour international pour le droit des enfants.

« Ce qui entoure l’inceste c’est le plus grand des dénis »

, rappelle Mélanie Brisard.

Aujourd’hui, la victime « est dans une double attente de vérité et de tranquillité ».

La procureur salue « l’immense courage », dont a elle fait preuve pour « passer les portes de cette gendarmerie et confronter la machine judiciaire ».

Conformément aux réquisitions de la procureure, le tribunal le condamne à cinq années d’emprisonnement (1), ainsi qu’un suivi socio judiciaire d’une durée de trois ans.

S’il ne le respecte pas, il devra effectuer deux années supplémentaires.

Un mandat de dépôt à délai différé et avec exécution provisoire a été ordonné à son encontre.

En outre, il lui est interdit toute activité en lien avec des mineurs et sera inscrit au Fijais.

Il devra également indemniser sa victime de 8 000 €.

Nous (ndlr : Ouest-France) ne mettons pas les noms des personnes condamnées à des agressions sexuelles dès lors que la victime peut être identifiée.

 

Source(s):