Oise | Condamné pour avoir prostitué sept femmes et une adolescente de 16 ans

Six ans de prison ferme pour des faits de proxénétisme.

Un an supplémentaire pour s’être évadé.

Ce lundi 20 octobre, en fin de soirée, lorsque le tribunal correctionnel de Beauvais prononce la sentence à l’encontre de Junior S., un Méruvien de 27 ans, le prévenu hurle sa colère.

Elle redoublera lorsque le président lui annonce qu’il devra également payer 5 000 euros de dommages et intérêts à une de ses victimes présente dans la salle.

« Je ne lui donnerai pas un euro, vous pouvez déjà le rajouter à ma peine », lance Junior S., au milieu d’insultes, avant d’être expulsé manu militari de la salle d’audience.

Deux heures plus tôt, Sheraze (le prénom a été changé) racontait au tribunal comment elle était tombée dans la prostitution.

« Il est entré dans ma vie en 2021, je l’ai rencontré en bas de chez moi à Méru, précise-t-elle.

Il m’a draguée et voulait que je travaille pour lui.

J’ai résisté au début mais il a fini par m’inculquer les avantages de cette profession.

J’ai cédé. »

Junior S. gère les annonces, les clients, la location d’appartement.

« Il récupérait la moitié de mon argent, indique Sheraze.

Il était présent à chaque fois même si le client ne le voyait pas.

Ça s’est arrêté parce qu’il est allé faire ça avec une de mes amies. »

Dans un murmure, la jeune femme de 24 ans déclare se sentir « coupable » avant d’avouer sa « honte. »

Dans la prévention, pas moins de 21 faits de proxénétisme sont reprochés entre 2021 et 2025 à Junior S.

Au final, huit femmes, dont une mineure de 16 ans, auront travaillé pour lui sur tout le territoire.

En effet, les actes de prostitution se sont déroulés à Méru, Hardivillers, Chantilly, mais aussi Paris, Courbevoie (Hauts-de-Seine), Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne), Chaumontel (Val-d’Oise), Grenoble (Isère), Béziers (Hérault).

C’est à Reims qu’il est interpellé le 6 octobre dernier avant de s’évader.

Il est repris à Villiers-le-Bel (Val-d’Oise) avant d’être emmené à Beauvais pour être jugé ce lundi en comparution immédiate.

« Je faisais ça parce qu’elles me le demandaient, j’étais obligé, assure-t-il dans un premier temps.

Je ne savais pas que c’était du proxénétisme.

Je restais avec elle pour les sécuriser.

Je touchais entre 50 et 150 euros pour ça. »

Mais le prévenu montrera un tout autre visage après le témoignage de Shéraze.

« Ce qu’elle a dit est faux, elle voulait me faire un enfant dans le dos, affirme-t-il.

Elle faisait ça avant, pour 20 euros ou pour des paquets de cigarettes.

Je ne l’ai pas forcée. »

Déjà condamné à 23 reprises

Pour se justifier, Junior S. explique qu’il n’avait pas de travail.

« Je n’avais plus d’argent, souligne-t-il.

J’ai écrit au président de la République pour un travail.

S’il m’en avait donné un, je ne serais pas ici. »

Et le proxénète de répéter :

« J’ai pas eu le choix. »

« Une femme est venue me demander de faire la sécurité contre un petit billet, indique-t-il ensuite.

J’ai dit oui, ça s’est fait comme ça.

J’ai fait n’importe quoi de ma vie.

J’ai compris que toutes ses femmes sont des victimes.

Je ne le referai pas du tout et je ne suis pas fier de moi. »

Déjà condamné à 23 reprises, il a déjà passé un total de 6 années en prison pour des faits de violences et de stupéfiants.

Junior S. est présenté par un psychologue comme un individu manipulateur, égocentrique avec des failles narcissiques qui se présente en victime.

En demandant 7 ans de prison avec mandat de dépôt, la procureure a déclaré que les victimes de Junior S. n’avaient pas à « avoir honte ».

« Il est dans la séduction et montre qu’il peut rendre service avant de basculer vers des violences psychologiques ou réelles, résume-t-elle.

Il s’attaque à des femmes fragiles, victimes de violences.

Le risque de récidive est réel. »