Eure | Bienveillant en apparence, le père de famille tentait de rencontrer des mineures

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C’était un double de moi, je ne pouvais pas m’empêcher
Confondu en septembre 2024 par une enquête sous pseudo menée par les services spécialisés de la gendarmerie nationale, un habitant de Louviers de 51 ans a comparu jeudi 4 septembre devant le tribunal pour répondre de la détention d’images à caractère pédocriminel.

Le 10 septembre 2024, cela fait déjà un peu plus de quatre ans que le Lovérien, bon mari et bon père de famille, navigue en secret – pour ne pas dire en eau trouble -, sur des plateformes aussi sulfureuses que coco. gg, interdite depuis, ou autres comptes Snapchat sulfureux.

À l’époque de l’enquête, Lola 2010, une jeune fille âgée de 13 ou 14 ans, est en réalité un gendarme. Pendant plusieurs jours, les échanges explicites vont bon train.

L’écart d’âge, tant qu’il reste secret, ne semble pas déranger PC3A2Tissier, pseudonyme derrière lequel se cache le Lovérien quinquagénaire.

Au terme de l’enquête en cybercriminalité, l’homme est interpellé et placé en garde à vue. La perquisition et l’analyse des téléphones, ordinateurs, clefs USB révèlent cinq fichiers à caractère pédocriminel de très jeunes filles.

«Il faut garder le secret»

À la barre, le petit bonhomme replet, petit nez court à la Tintin au milieu d’un visage rond, rose cramoisi d’émotions, semble pétrifié.

Malgré les semaines d’enregistrements jointes au dossier, il dénie toute attirance spécifique envers les très jeunes filles.

C’est pourtant lui qui relance la gamine:

« On pourrait se voir ? », demande-t-il par message, puis enchaîne: « Ce serait sympa en toute discrétion, au jardin public par exemple, mais il faut garder le secret. Tu dis que tu es avec une copine. Tu risques de mourir si tu dis à tes parents que tu parles avec quelqu’un de 45 ans. »

Face aux évidences, l’homme se tortille, bredouille, se justifie :

«Ça a commencé avec le Covid, j’étais confiné, j’avais besoin de parler, je me rendais sur les sites de discussion en ligne pour des contacts sociaux. » (ndlr : oui, une multitude d’hommes sont devenus des déviants pendant ces confinements)

Mais, finalement, c’est avec des filles mineures de 15 ans qu’il échange « des scénarios de sexe», comme il dit.

Quoiqu’il prétende ne pas les avoir rencontrées physiquement, il admet avoir eu deux rapports tarifés avec une jeune fille de 17 ans dont on retrouve la photo sexe rasé dans son téléphone.

L’homme doux, serviable, bienveillant, dévoué envers son épouse handicapée et à sa fille est un peu comme docteur Jekyll et Mister Hyde:

« C’était un double de moi, je ne pouvais pas m’empêcher », convient-il la gorge nouée.

Mais encore une fois il minimise :

« Je ne fais que des discussions de sexe avec des mineures, je ne les rencontre pas. » Ce n’est pas faute d’avoir essayé pourrait-on dire. « Il n’y a rien de mal », ajoute-t-il en désespoir de cause.

“Tout ça c’est derrière moi, je veux m’en sortir”

Ce n’est pas l’avis du substitut du procureur qui requiert douze mois de prison dont six avec sursis probatoire.

Les six mois de peine ferme doivent être aménageables en détention à domicile sous bracelet électronique accompagnés d’obligations, de soins psychologiques, de travail et d’interdiction définitive de travailler avec des mineurs.

Pour sa défense, l’homme se confond en suppliques:

« Tout ça est derrière moi ! Je veux m’en sortir. Je suis motivé, je veux voir grandir ma fille. Je suis motivé pour redémarrer une vie correcte»,

implore le prévenu au bord des larmes, terrifié par la perspective d’un séjour en prison. Machinalement, il répète à l’envi « motivé, motivé », comme un moulin à prière.

Sans surprise, le tribunal a suivi à la lettre les réquisitions du parquet et ordonne en complément l’inscription du prévenu au fichier des auteurs d’infractions sexuelles (FIJAIS).

L’homme a eu la peur de sa vie et méditera sans doute cet aphorisme d’Albert Camus : « Un homme ça s’empêche ».

 

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