La Roche sur Yon | Cinq ado traumatisées en ligne, quatre ans ferme pour le pédo

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“Je me suis sentie très sale. Aujourd’hui, j’ai envie de mourir”
JP. Palardis, 42 ans, a été condamné à quatre ans de prison ferme. Décrit comme un prédateur, le quadragénaire visait des jeunes filles sur les réseaux sociaux pour assouvir ses fantasmes en ligne. Absent à l’audience, un mandat d’arrêt a été décerné à son encontre.

Elle peine à tenir debout.

Soutenue par sa mère, retenue par la main de son avocate, la jeune fille murmure dans le micro du tribunal de La Roche-sur-Yon .

« Il faisait des appels vidéo, dans la nuit ou à 5 h du matin. Il se touchait. Il ne parlait pas. Il me demandait de jouir », avoue-t-elle, honteuse.

Emilie Rayneau, présidente de l’audience, la rassure.

« Tu n’as à avoir honte de rien. Ici, c’est toi la victime. »

Mercredi 3 septembre 2025, Jean-Philippe Palardis, 42 ans, a été jugé en son absence, pour avoir fait vivre un calvaire à cinq mineures pendant deux ans.

Le père de famille recherchait ses victimes sur les réseaux sociaux ou le répertoire de son jeune fils, pour « assouvir ses pulsions sexuelles », comme le décrit l’expert psychiatre.

Aux cinq mineures, âgées de 11 à 15 ans, il a imposé l’envoi de photos ou vidéos sexuelles, leur en a réclamé, les a incitées à se mettre en scène.

Il est allé jusqu’à proposer de leur donner de l’argent ou les a menacées de diffuser les images qu’elles lui avaient envoyées, selon son humeur.

« Je me sens coupable pour moi et responsable pour les autres »

« Monsieur est un prédateur », tranche Élise Perrin, substitute de la procureure.

« On a quasiment deux ans ininterrompus de faits. Un mode opératoire identique. Et un homme qui, même quand les enfants le bloquent sur les réseaux sociaux, crée de nouveaux comptes pour continuer de les harceler. »

Ces faits, l’intéressé les a en partie reconnus en garde à vue, tout en minimisant évidemment leur portée.

« L’empathie est au-delà de son intelligence », plaide son avocat, Olivier Martinez.

L’expert psychiatre voit surtout un homme « impulsif, pervers, dangereux » et pour lequel « un risque de réitération des faits n’est pas exclu » .

Des mots froids sur du papier glacé.

La victime est venue mettre en perspective les abysses dans lesquels ce comportement peut faire plonger un enfant.

« Je me suis sentie très sale. Aujourd’hui, j’ai envie de mourir. Je me sens coupable pour moi. Et responsable pour les autres victimes », lâche-t-elle, incapable de dire un mot de plus.

C’est sa mère qui a raconté le cauchemar quotidien de la famille.

Les tentatives de suicide à répétition. Les hospitalisations en psychiatrie. Les médicaments et les couteaux mis sous clés.

L’arrêt du travail pour surveiller sa fille au quotidien.

Les autres enfants sous antidépresseur.

« Il a détruit ma fille et ma famille aussi. On vit dans l’angoisse de sa mort », souffle la mère de famille, en larmes.

« Elle veut mourir pour mettre fin à sa souffrance »

Myriam Guedj Benayoun, venue de Toulouse (Haute-Garonne) pour accompagner la famille, montre une photo de la jeune fille aux magistrats.

« Voilà la petite avant que monsieur n’entre dans sa vie. »

Le contraste est saisissant.

« Elle veut mourir pour mettre fin à sa souffrance, parce qu’elle ne la supporte plus. J’aurais aimé que monsieur l’entende », se désole la robe noire.

Meriem Abkoui, avocate d’une autre jeune fille et de l’association Victime en Danger, l’assume : « Je suis sûr qu’il y a d’autres victimes. »

Un fantasme pour Olivier Martinez.

« Monsieur a été élevé à coups de poing. Il ne connaît que la violence et l’alcool. Mais il n’est pas un monstre. »

Face à son manque de remise en question au cours de sa garde à vue, son casier épais de dix-huit mentions et son absence au procès, les magistrats ont pris une décision à la hauteur de la souffrance de la jeune fille.

Jean-Philippe Palardis a été condamné à quatre ans de prison ferme. Son sursis probatoire de quatre mois a été révoqué.

À sa sortie de prison, il sera sous le coup d’un suivi sociojudiciaire pendant cinq ans. Il devra se soigner, indemniser les victimes et ne devra plus entrer en contact avec elles, sous peine de repartir trois ans en détention.

Il aura l’interdiction d’exercer toute activité auprès de mineurs pendant dix ans.

Et un mandat d’arrêt a été décerné à son encontre.

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