Château-Thierry | Pascal Lafolie jugé aux assises 27 ans après le meurtre d’une lycéenne

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«Je ne pensais pas que ça finirait en meurtre pour une fellation»
L’accusé, doublement condamné pour des violences sexuelles, a été retrouvé grâce à son ADN, prélevé à la suite d’une gifle donnée à sa compagne. Il encourt jusqu’à trente ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Nadège Desnoix en 1994.

Pascal Lafolie a tout avoué, avant de se rétracter.

Confondu par son ADN vingt-sept ans après les faits, l’accusé, aujourd’hui âgé de 58 ans, va être jugé de lundi à mercredi par la cour d’assises de Laon, dans l’Aisne, pour le meurtre de la lycéenne Nadège Desnoix.

Fin mai 1994 cette année-là, un passant découvre le corps de la jeune fille de 17 ans, lacéré de coups de couteau.

La victime est à moitié dissimulée sous des feuillages sur un chemin de traverse menant à son lycée de Château-Thierry, où elle était scolarisée en classe de première.

Près de son cartable, la police trouve une cordelette en nylon et une rose, fraîchement cueillie.

L’autopsie du corps ne révèle pas de traces d’agression sexuelle.

Les enquêteurs se lancent alors sur les traces du tueur, mais manquent cruellement d’éléments.

Des lycéens affirment avoir vu l’adolescente peu avant les faits au café du coin, mais aucun témoignage ne permet de faire avancer l’affaire.

De nombreuses pistes sont explorées par la suite, de l’exhibitionniste de passage au petit ami de la victime, et même celle du tueur en série Michel Fourniret.

En vain.

Passage aux aveux

Le dossier est resté un mystère pour les enquêteurs, jusqu’à ce qu’un rebondissement conduise à l’interpellation de l’accusé.

Déjà condamné pour agression sexuelle sur mineure en 1997 et pour viol en 2002, son profil ressurgit en 2021 grâce à l’intervention de la police pour violences conjugales : l’homme a giflé sa compagne, son ADN est prélevé dans le cadre de cette affaire.

Par la suite, de nouvelles expertises sur les scellés de l’affaire Nadège Desnoix révèlent que l’ADN de l’accusé correspond à celui retrouvé sur le chouchou que la lycéenne portait dans ses cheveux au moment de sa mort.

Pendant sa garde à vue, Lafolie passe aux aveux.

«Je ne pensais pas que ça finirait en meurtre pour une fellation», déclare le quinquagénaire.

Avant de rétropédaler, retrouvant prétendument la mémoire lors d’un cauchemar, rapporte l’Union.

Et de rejeter la faute sur son frère… mort en 2021.

«Trous de mémoire»

Dans sa nouvelle version des faits, il raconte qu’il conduisait son frère à un rendez-vous le jour où ils ont croisé la route de Nadège Desnoix.

Il soutient même s’être interposé entre la victime et son frère pour éviter qu’il ne fasse du mal à l’adolescente.

Lafolie aurait ensuite reçu un coup à la tête qui l’aurait laissé inconscient, expliquant ses «trous de mémoire».

«Sa capacité à se souvenir n’est pas entière, ce sont des faits qui remontent à plus de trente ans, explique son avocate, Me Justine Devred.

Il reconnaît avoir été sur les lieux, il a le souvenir d’y avoir été avec son frère, puis il a des trous de mémoire.»

Le frère de Lafolie a par la suite été exhumé afin d’effectuer des relevés ADN et les comparer aux traces présentes sur les affaires de la victime.

Sans résultat.

L’accusé se dit toujours innocent, selon son avocate, tandis que la famille de Nadège Desnoix espère de son côté des réponses.

«Ça fait quatre ans que j’attends de pouvoir croiser son regard. Et faire enfin mon deuil», livre à l’Union William Desnoix, le frère de Nadège.

Pascal Lafolie encourt jusqu’à trente ans de réclusion criminelle.

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