Castres | Une ado de 15 ans interpellée dans une affaire de prostitution

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On lui détruit sa vie parce qu’on n’a pas su la sauver
L’interpellation de 4 personnes dont une adolescente de 15 ans dans une affaire de prostitution de mineures fait réagir. L’association Nos ados oubliés monte au créneau.

Elle ne peut cacher son sentiment d’un immense gâchis.

Jennifer Pailhé, présidente de l’association “Nos ados oubliés”, qui vient en aide aux mineurs victimes de prostitution, suit le dossier de très près depuis plus d’un an.

Une jeune fille “traumatisée”

Ce dossier, comme écrit dans La Dépêche mercredi 10 septembre, est celui de l’interpellation de 4 personnes dont une jeune fille de 15 ans, à Castres, par la brigade de recherches de la gendarmerie, dans le cadre d’une longue enquête autour d’un réseau de prostitution de jeunes filles mineures, lié à la DZ Mafia.

Les investigations avaient débuté le 1er octobre 2024, quand “la brigade de recherches de Castres était saisie par le parquet au sujet de la situation préoccupante d’une mineure intégrée dans un réseau de prostitution”, expliquait la procureure de la République de Castres, Élodie Buguel.

Les enquêteurs établissaient alors que l’adolescente se prostituait au profit d’individus affiliés à la “DZ Mafia”, une organisation criminelle active à Marseille, mais qu’en plus, elle jouait le rôle de “rabatteuse”, en tentant de “recruter” d’autres adolescentes.

Cette jeune fille de 15 ans, Jennifer Pailhé connaît bien son histoire car elle est, avec son association, au côté de sa mère depuis longtemps.

“C’est une jeune fille traumatisée. En 2023, après une fugue, elle était retrouvée à Marseille par les autorités, victime d’un proxénète.”

Les demandes pour contraindre l’adolescente et l’empêcher de fuguer à nouveau restent sans effet. Elle s’enfuyait d’ailleurs une nouvelle fois du foyer qui l’accueillait.

“Deux ans plus tard, on voit qu’elle a basculé de l’autre côté, et là tout le monde s’affole…”

Pour Jennifer Pailhé, ce dossier montre “qu’en France, il n’y a pas de structure de prise en charge pour les victimes de prostitution de mineures.

En revanche, dès qu’elles deviennent “auteur”, on trouve des moyens pour les contraindre.

C’est très triste.

” Paradoxalement, “c’était la seule solution pour la sauver. C’est quand même horrible ! On n’a pas pu la sauver quand elle était victime. Maintenant, elle aura un casier, elle ne pourra peut-être pas travailler plus tard dans le domaine qu’elle souhaitait. On lui détruit sa vie parce qu’on n’a pas su la sauver…”

Elle salue cependant “le travail exceptionnel des enquêteurs” de Castres.

Et espère que la jeune fille “sera maintenant protégée”.

Interpellés à ses côtés, deux hommes âgés de 20 ans et une jeune femme du même âge.

D’après nos informations, plusieurs d’entre eux devaient être présentés devant les magistrats du pôle criminel de Toulouse (Haute-Garonne).

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