
Marseille | Julien Palisca de la brigade des mineurs jugé pour viol et pédopornographie
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 01/09/2025
- 13:05

Julien Palisca, 46 ans, sera jugé à partir du lundi 1er septembre 2025 devant la cour criminelle d’Aix-en-Provence.
Cet ancien policier de la brigade de protection des mineurs (BPM) de Marseille (Bouches-du-Rhône) est accusé de viols et agressions sexuelles sur deux enfants, rapporte La Provence . Il comparaîtra également pour détention d’images à caractère pédopornographique.
L’affaire a débuté avec la plainte d’un adolescent de 17 ans, déposée en août 2020. Mais l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) ne sera saisie qu’un an plus tard pour enquêteur sur les agissements de ce fonctionnaire au-dessus de tout soupçon.
L’homme n’avait jamais fait de vagues en dix-huit ans de carrière et était impliqué dans une association de protection des enfants défavorisés aux Philippines.
Plus de 3 000 images et films à caractère pédopornographiques
C’est d’ailleurs dans ce pays d’Asie que deux victimes du policier ont été identifiées : un jeune garçon de 13 ans et son frère de 11 ans. L’aîné a pu témoigner des viols et agressions sexuelles subies lors d’un voyage de l’accusé sur place.
Pour l’heure, on ignore le nombre de victimes exact du brigadier.
Par ailleurs, les enquêteurs ont découvert plus de 3 000 images et films à caractère pédopornographiques dans son matériel informatique. Des fichiers accablants représentant des enfants âgés de 6 à 16 ans, posant nus ou violés par des adultes.
Le policier se serait servi de son travail au sein de la brigade des mineurs pour récupérer certaines images.
« Le masque de l’homme de confiance »
« Ce sont les fonctions mêmes de l’accusé […] qui lui ont doublement favorisé l’accès à des contenus confidentiels et de potentielles victimes, mineur.e.s vulnérables, qu’il devait initialement protéger », dénonce Me Anastasia Pitchouguina, avocate de l’association Agir contre la prostitution des enfants.
Elle souligne que les pédocriminels « peuvent revêtir le masque de l’homme de confiance », « loin des clichés de personnages inquiétants ».
Le quadragénaire sera jugé toute la semaine prochaine. Il est en détention provisoire depuis 2021.
La double vie d’un policier pédophile à Marseille au-dessus de tout soupçon

Pendant des années, Julien Palisca est parvenu à se dissimuler au cœur d’un service spécialisé dans la traque les délinquants sexuels. Manipulateur et rusé, il s’était construit un personnage de bon samaritain pour mieux agir dans l’ombre.
Comment Julien Palisca a-t-il pu dissimuler pendant tant d’années sa personnalité déviante à ses collègues successifs des brigades des mineurs d’Épinay-sur-Seine, de 2011 à 2015, et de Marseille, entre 2018 et 2021 ? Comment ces policiers formés à confondre les pédophiles les plus retors ont-ils pu ne pas voir qu’ils avaient un prédateur comme voisin de bureau ?
“C’est un menteur redoutable“, a justifié un psychologue de la police peu après son arrestation, tandis que ses anciens confrères se sont dits “stupéfaits” de la manière dont ils avaient été “manipulés” en soulignant avec amertume “l’intelligence” dont Julien Palisca avait fait preuve pour que chacun, ou presque, “adhère” à sa cause.
Il faut dire que le natif de Saint-Etienne, décrit comme nonchalant et toujours de bonne humeur, avait travaillé son rôle avec un certain machiavélisme, tel un “Dexter” du crime sexuel.
Pour se fondre dans le paysage et évacuer d’éventuelles questions sur sa sexualité, Julien Palisca avait prétendu avoir une relation amoureuse avec une certaine “Lulu”. Une jeune femme aux cheveux châtains dont la photo trônait sur son bureau, au côté de celle de son cher Gabin.
Le fils d’une cousine, disait-il, dont il racontait avoir la charge après un passage à vide de la mère. Une apparence de normalité, de vie lisse et dévouée, qu’il alimentait au quotidien en commentant des SMS de Gabin, qu’il s’envoyait lui-même.
En réalité, la photo était celle d’un jeune DJ Belge. Quant à sa prétendue compagne, “Lulu”, son image était extraite du compte Facebook d’un de ses contacts.
Ancien scout d’Europe, se disant habité par la foi, le brigadier mettait encore en avant son engagement de président bénévole de l’antenne Marseillaise de l’association Virlanie, dont l’objet était de protéger les enfants des rues de Manilles.
Une couverture lui permettant de voyager régulièrement en Asie, où il parrainait plusieurs gamins. Un terrain de chasse idéal pour y commettre ses abus.
“Un côté mère Thérèsa”
Malgré ces scénarios très élaborés, des collègues parisiens avaient noté qu’il s’impliquait “particulièrement dans les dossiers concernant les garçons en fugue entre 8 et 15 ans“.
À Marseille, d’autres s’étaient étonnés qu’il traîne devant l’imprimante, à éplucher les procédures des collègues et des dossiers contenant des images pédopornographiques. Autre fait troublant : de nombreux clichés de Philippins de moins de 10 ans étaient disposés autour de son lieu de travail. Sur le terrain, “il allait toujours vers les petits garçons et non vers les petites filles. Une fois, à Carrefour, il a donné son numéro à un gamin“, a confié après coup une policière du groupe Habitat indigne où il avait été “placardisé”.
Une mise à l’écart de la brigade des mineurs qui doit beaucoup à l’acharnement de celui qui a partagé son bureau pendant 18 mois. Malgré une excellente entente professionnelle, Christophe A. a toujours eu le “sentiment diffus” d’une “ambiguïté“.
Quand le premier comportement inapproprié de Julien Palisca a été révélé en août 2020 par un mineur venu déposer plainte (lire ci-dessus), Christophe A. s’est mis à enquêter dans son coin, jusqu’à être convaincu que son coéquipier cachait de lourds secrets. Mais dans un premier temps, il s’est heurté à sa hiérarchie et ses collègues, qui ont cru aux protestations d’innocence du policier au-dessus de tout soupçon.
Un jour de mars 2021, ulcéré par les provocations de Palisca, lui annonçant qu’il allait “effacer son icloud“, Christophe A. lui a renversé son bureau dessus. Deux mois plus tard, l’IGPN était enfin saisie. Et le scandale éclatait.
Devant l’enquêteur de personnalité, Julien Palisca a été interrogé sur son choix de carrière.
“J’ai toujours eu ce côté mère Thérèsa“, a-t-il osé.
Quand la juge d’instruction lui a lu ses notes de voyages, où il décrivait crûment ses actes, elle a noté qu’il “bougeait la tête de droite à gauche et souriait“.
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