Fréjus | 23 ans de réclusion pour le père qui violait sa fille ainsi que sa nièce

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Cet homme est un monstre
Yannis T. a été reconnu coupable ce mercredi de viols incestueux commis sur sa fille ainsi que sur sa nièce à Fréjus. La cour d’assises du Var a suivi à la lettre les réquisitions de l’avocate générale.

Durant les longues minutes de lecture du verdict par le président Patrick Véron, répondant « oui à la majorité de sept voix au moins » aux 15 questions posées à la cour d’assises, Yannis T. est resté immobile, le regard tourné le sol.

Pas un geste non plus lorsqu’est tombée la sentence : 23 ans de réclusion criminelle et, à l’issue, un suivi socio-judiciaire de 10 années comprenant une injonction de soins, l’interdiction d’entrer en contact avec les victimes et, à titre définitif, d’exercer une quelconque activité en lien avec des mineurs.

Tout juste a-t-il secoué la tête lorsque le président l’informait de son droit d’interjeter appel sous dix jours.

Sur le banc des parties civiles, passé un moment de flottement, Vanessa et sa cousine Sophie (les prénoms ont été modifiés) pouvaient éclater en sanglots.

Une page se tourne.

La vie continue.

« Peut-être que je suis un monstre, en fait »

Reconnu coupable de viols incestueux et d’agressions sexuelles sur sa fille âgée de 12 à 17 ans entre 2015 et 2020 ainsi que de viol et agressions sexuelles par personne ayant autorité commis sur sa nièce entre 1998 et 2001 quand celle-ci avait entre 9 et 12 ans – le tout en récidive pour avoir été condamné pour agression sexuelle sur mineur en 2013 –, Yannis T. passera donc le prochain quart de siècle derrière les barreaux.

Une culpabilité que l’accusé a pleinement endossée lors de ces deux jours de procès.

Sans pouvoir toutefois parvenir à mettre des mots sur les « pulsions » qui l’ont amené à violer plus d’une centaine de fois sa fille durant cinq ans.

«Je ne veux pas me trouver d’excuse. Peut-être que je suis un monstre, en fait, a-t-il marmonné lors de son dernier interrogatoire. Je n’ai pas les mots pour dire pourquoi j’ai fait ça. Je m’excuse. »

Choisie « car elle était forte »

Des excuses, Yannis en proférait après chaque passage à l’acte sur Vanessa.

Elles venaient après les menaces, les viols.

Après qu’il lui a dit aussi, un jour, qu’il l’avait « choisie car elle était forte ». À 12 ans.

« Vos excuses, elle les a entendues 150, 180 fois, s’impatiente Me Damien Balmeur aux intérêts des parties civiles. Ce n’est pas cela qu’elle veut entendre. »

« Ce manque d’explications, d’introspection, est une nouvelle violence, plaide à ses côtés Me Lionel Ferlaud. Même Emile Louis, à votre place en avait donné plus ! »

Il faudra pourtant se contenter de « ce silence assourdissant » regrette l’avocate générale Adeline Réau. Celui sur lequel l’inceste, si souvent, se cultive.

Vanessa, elle, était « bouche cousue » durant toutes ces années.

Sous la domination de ce père violent et manipulateur, elle n’avait pas voix au chapitre.

Réduite à un corps d’adolescente utilisable au gré de ses pulsions.

Comme ce jour où, alors qu’il lui apprenait à conduire un scooter, il lui imposait une fellation…

« Elle ne dormait pas la nuit car la veille au soir, son père lui rappelait leur rendez-vous matinal, assène l’avocate générale. Durant cinq ans, il n’est pas possible de soutenir n’être animé que de pulsions. C’était surtout un moyen de dominer. »

Une enfance chez les Thénardier

Incapable, selon l’expert psychiatre Serge Suissa « d’imaginer le vécu subjectif de l’autre », Yannis T. ne serait-il finalement que le fruit d’une enfance passée au sein d’une famille comparée par le président Véron aux Thénardier des Misérables de Victor Hugo ?

« Évidemment non, explique Me Roméo Lapresa en défense. Mais il a grandi au milieu d’un drame sexuel où l’interdit n’était pas clairement identifié. Tout cela a mené, chez lui, a une confusion des rôles et des sentiments. »
« Excité par son pouvoir de domination » Yannis a tout détruit sur son passage. Vanessa, 22 ans dans un mois, n’a «plus rien à lu idire» .Sophie, toujours sur le qui-vive, a installé des clochettes au-dessus des portes des chambres de ses filles.

 

1. Pour préserver l’identité de la victime, le nom de l’accusé n’est pas dévoilé.

2. En mars 2004, Emile Louis, surnommé « le boucher de l’Yonne », avait été condamné à Draguignan à 20 ans de réclusion pour viols et actes de torture et barbarie.

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