Gard | La fillette de 12 ans violée par son père aurait aussi été prostituée
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 22/11/2024
- 21:16
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C’est en 2020, après le confinement que la petite Emma (le prénom a été modifié), une enfant fragile, alors âgée de 12 ans s’est confié à sa maman. L’enfant ne voulait plus aller en vacances chez son père et a décrit des violences, des agressions sexuelles et des viols.
Les premières violences, agressions sexuelles et viols auraient débuté lorsqu’elle était âgée de 8 ans, en 2014 et se seraient poursuivis jusqu’en 2020.
Samuel Verbeke, son père l’aurait incité à boire de l’alcool et à visionner des films à caractère pornographiques, relate l’enfant.
Les agressions, violences et viols ont été commis au domicile du père divorcé, pendant les vacances, dans un petit village des Cévennes gardoises, relèvent les gendarmes de la Drôme qui recueillent le témoignage de la petite fille et la plainte de la maman.
L’enquête progresse ensuite dans le Gard où réside Samuel, le père divorcé et est confiée aux gendarmes de Vézénobres en mai 2021
Le père nie puis reconnaîtra avoir violé sa fille. Deux autres enfants dont sa demi-sœur de la jeune victime décrivent des violences et atteintes sexuelles.
Accusé de viols et d’agression sexuelle, Samuel, 42 ans comparait à partir de ce lundi 4 novembre devant la cour criminelle du Gard et sera assisté par Maître Khadija Aoudia. Il est aussi accusé d’avoir agressé sexuellement la demi-sœur mineure d’Emma et ce jeune garçon âgé de moins de 15 ans.
Des faits de proxénétisme contestés
L’affaire est déjà sordide mais on sombre ensuite dans l’abjecte. Samuel est aussi accusé d’avoir prostitué sa fille. Ce qu’il a contesté.
Des amis de l’accusé, dont un couple, auraient sollicité le père et l’auraient payé pour avoir des relations sexuelles avec la petite fille et l’aurait violée.
Selon la petite victime, une dizaine de clients et « une quinzaine de femmes » auraient participé à ces ébats sexuels et l’auraient abusée sexuellement, dans l’appartement du père situé dans une petite commune au nord du Gard, dans celui d’un couple ami de leur père, dans les bois ou au bord de la Vis.
Luc, l’un des amis, défendu par Me Marc Roux et Élise, sa compagne (les deux prénoms ont été modifiés) défendu par Me Abdelghani Merah sont accusés de viol, agression sexuelle et proxénétisme sur la victime mineure.
Ils comparaîtront, eux aussi, devant la cour criminelle du Gard.
« On leur fait payer une trop grande proximité avec le père, proteste Me Abdelghani Merah, l’avocat d’Élise. Plus de 80 % des faits dénoncés reposent sur les seules déclarations de cette jeune fille fragile. C’est extrêmement grave. Ma cliente a hâte de pouvoir s’expliquer. »
Le couple a toujours nié les graves accusations qui leur sont reprochées
Quant à la grand-mère paternelle qui aurait été le témoin de scènes de violences sexuelles et de ces viols, elle est poursuivie pour des faits de non-dénonciation de crime. Elle sera défendue par Me Sophie Bonnaud.
C’est l’avocat général, David Malicot qui portera l’accusation. Les débats sont prévus sur cinq jours. Mes Séverine Lamberton et Julie Gras prendront la parole au nom de la victime et de sa maman, parties civiles.
Deux associations se sont aussi portées partie civile : Équipe Action contre le proxénétisme, représentée par Me Hugo Ferri, et Innocence en danger, représentée par Me Wafae Ezzaïtab
Des cadeaux en échange de faveurs sexuelles
La personnalité de Samuel Verbeke, le père accusé d’avoir violé et prostitué sa fille de 12 ans, décortiquée par la cour criminelle de Nîmes. Pour ce premier jour d’audience, la personnalité du père a longuement fait débat.
Qu’a-t-il pu se passer pour que ce père, qui affirme aimer profondément sa fille, ait commis ces actes odieux ? C’est la question qui a animé les nombreux débats ce lundi 4 novembre à la cour criminelle de Nîmes.
Car dans cette affaire, Samuel Verbeke, 42 ans, qui est incarcéré depuis plus de trois ans, est accusé d’avoir violé, agressé sexuellement et prostitué sa fille entre 2014 et 2020, alors qu’elle était âgée entre 8 et 12 ans, vers Alès.
Lors de son audition, Emma (le prénom a été modifié), la victime, explique que son père lui aurait caressé le sexe, se montrait en érection devant elle et la forçait à boire et à regarder des films pornographiques avec lui. Elle l’accuse également qu’une dizaine de personnes, des hommes et des femmes, auraient payé son père pour avoir des relations sexuelles avec elle, notamment ce couple d’amis.
Des faits que chacun conteste. Sauf sur le viol que Samuel reconnaît, et admet qu’elle
« pouvait avoir des cadeaux en échange de faveurs sexuelles » , explique-t-il lors de son audition. Et Emma ne serait pas la seule victime. Son beau-fils l’accuse également d’agressions sexuelles. Des accusations que Samuel reconnaît également. « J’ai eu des pulsions, mais il ne m’a pas repoussé, il semblait même qu’il appréciait » , explique-t-il lors de son audition.
Une attirance pour les jeunes qui remonterait à son adolescence. L’experte psychologue rapporte notamment que Samuel explique que
« dès son adolescence, il est intéressé par des jeunes enfants de 4-5 ans. Il précise aimer faire découvrir la sexualité aux enfants, ça l’excite » .
Il reconnaît également regarder des vidéos pornographiques mettant des mineurs en pleins ébats entre eux.
Des déviances et surtout, un passage à l’acte, que la cour tente de comprendre.
Et l’un des éléments soulevés est l’agression dont il a été lui-même victime dans son enfance. Son père, décrit par les membres de sa famille comme autoritaire et alcoolique, sauf envers Samuel qui aurait été le favori, l’aurait agressé sexuellement, ainsi que ses deux sœurs.
Un faible quotient intellectuel
Un traumatisme qui aurait pu altérer sa vision du bien et du mal, selon son avocate Me Aoudia. « La notion de perversion sexuelle est dictée par les règles de la société. Mais est-ce que mon client était dans la capacité d’intégrer que tel acte est une perversion ? »
Pour l’expert psychiatrique, il n’y a pas de doute.
« Oui, il avait bien conscience du caractère transgressif de la loi » .
Et ce, malgré un quotient intellectuel de 57 (la moyenne est entre 90 et 109 environ). Un point qui a par ailleurs longuement été relevé lors des débats pour tenter de comprendre si l’accusé est atteint de déficience intellectuelle. Mais pour les différents experts, rien ne permet d’affirmer cela.
L’experte psychologue souligne même, le fait que l’accusé « fait scrupuleusement attention à ne pas donner plus d’informations que ce qui est connu dans le dossier » .
Lors de la lecture de ce rapport, l’expert psychiatrique soulève également la « dangerosité criminelle certaine » que présente Samuel Verbeke
« Le manque de capacité d’introspection, l’absence de reconnaissance des aspects traumatisants de ses actes envers les victimes, la dimension fantasmatique pédophilique et la place qu’elle prend, et surtout, la multiplicité des victimes et leur âge, sont autant d’éléments à prendre en compte ».
Il tenait un réseau sur Internet
Le témoignage incriminant de l’ex-codétenu de Samuel Verbeke, le père accusé d’avoir violé et prostitué sa fille de 12 ans.
Un climat sordide. C’est ce qui ressort de cette deuxième journée de procès ce mardi 5 novembre 2023 à la cour criminelle de Nîmes où Samuel, 42 ans, ainsi qu’un couple d’amis, accusé de viols, d’agressions sexuelles et de proxénétisme sur sa fille entre 2014 et 2020 vers Alès.
Si le principal accusé reconnaît les viols, il conteste la prostitution de sa fille.
Mais le témoignage de son ancien codétenu, à la barre ce mardi, vient contredire sa version.
« Il m’a expliqué qu’il a prostitué sa fille chez lui mais aussi chez son cousin et sa compagne pour un montant de 50 €» , explique-t-il.
Le cousin en question et sa compagne seraient en réalité Luc* et Élise*, le couple d’amis accusé des mêmes actes à l’encontre d’Emma*, la fille de Samuel.
Et les aveux ne s’arrêteraient pas là.
« Il m’a expliqué qu’il tenait un réseau sur Internet sur lequel des individus pouvaient rencontrer des mineurs pour avoir des relations sexuelles avec eux » , poursuit-il.
Des rencontres qui se seraient déroulées chez lui, mais aussi dans un « camp de gitans » à Alès et à la plage de l’Espiguette au Grau-du-Roi.
Mais la véracité de ces révélations interpelle les avocats de la défense. Car lors de son procès, le codétenu, qui a par ailleurs été condamné à 17 ans de prison pour viols sur mineurs, a été décrit par l’enquêteur de personnalité comme « un grand menteur et un manipulateur hors pair » . Et qu’il aurait la « fâcheuse tendance à mentir pour profiter de certaines choses » .
David Malicot, l’avocat général, l’interroge sur les motivations qui l’ont amené à révéler les confidences de Samuel :
« Vous dites que vous n’avez aucun intérêt, mais vous avez demandé à pouvoir voir vos enfants. » Un argument que le codétenu conteste en expliquant que la seule raison qui l’a poussé à témoigner est pour « sauver la victime » . « Effectivement, je suis en prison pour viols, mais j’ai pris conscience de mes propres actes, alors si je peux aider maintenant, je le fais ».
Mais certains éléments rapportés par ce dernier ne peuvent être inventés comme le souligne Christian Pasta, président de la cour :
« Notamment quand vous parlez du fait que la petite devait s’épiler le sexe dès qu’elle arrivait chez son père. C’est un détail que vous n’auriez pas pu savoir s’il ne vous l’avait pas clairement dit. »
La grand-mère complice du réseau de proxénétisme
Ce témoignage, si sa véracité est prouvée, est donc primordial dans cette affaire. Car en plus de corroborer les propos d’Emma quant aux faits de proxénétisme dont elle a parlé, il implique également la mère du prévenu, aujourd’hui accusée de non-dénonciation de crimes.
Selon le codétenu, c’est elle qui gérait la comptabilité du réseau de prostitution « et qui avait tous les contacts » , précise-t-il.
Cependant, lors de la perquisition, rien a pu prouver cependant son implication. En revanche, il précise que Samuel aurait « gagné » entre 45 000 et 80 000 euros « grâce » à ce site Internet.
« Il m’a dit qu’il avait refait son appartement avec ces sous, celui de sa mère et qu’il se serait acheté des voitures » , poursuit-il.
Des faits sur lesquels chacun s’expliquera dans les prochains jours.
*Les prénoms ont été modifiés.
Ça se produisait tous les soirs
Le témoignage de la fillette de 12 ans violée et qui aurait été prostituée par Samuel Verbeke, son père.
Après deux journées à écouter les expertises psychologiques de chacun des accusés, apprenant ainsi que nombreux ont subi des agressions sexuelles ou des viols dans leur passé, ce mercredi, c’est le témoignage d’Emma (*) qui a saisi la cour criminelle.
Cette jeune fille, aujourd’hui âgée de 17 ans, a détaillé les actes que son père lui faisait subir entre ses 8 ans et ses 12 ans, dans sa maison vers Alès, et dans d’autres lieux.
Des viols qui ont débuté, selon elle, dès la séparation de ses parents, lorsqu’elle se rendait en vacances chez son père Samuel Verbeke.
« C’est arrivé dès le premier soir. J’allais pour poser ma valise, et il m’a plaqué contre le mur. Après, il m’a touché et m’a déshabillée. Il m’a mise sur le lit et il a commencé à me faire des pénétrations » , explique-t-elle.
Pénétrations vaginales, mais aussi anales. Son père lui aurait également réclamé des fellations. Des scènes qui se seraient répétées à de nombreuses reprises :
« Ça s’est produit tous les soirs lorsque j’étais chez lui. »
Un récit déjà éprouvant, auquel s’ajoute la supposée implication des autres accusés.
Notamment celle de sa grand-mère paternelle, qui habitait au rez-de-chaussée de la maison familiale, et qui avait connaissance, selon Emma, des agissements qui se passaient à l’étage.
« Elle savait car, une fois, elle est rentrée dans la maison pour apporter le repas et elle nous a vus tous les deux tout nus en pleine action. Et puis elle pouvait entendre » , explique-t-elle.
Elle est aujourd’hui accusée de non-dénonciation de crimes. Mais pour cette dernière, rien n’est vrai. Même lorsque David Malicot, l’avocat général, la questionne sur une conversation téléphonique entre elle et sa fille, la sœur de Samuel, où cette dernière évoquerait que cela « lui pendait au nez » .« Elle vous dit : “Je suis déjà étonnée qu’il n’y ait pas eu d’histoire comme ça la dernière fois”, de quoi parle-t-elle ? » « Peut-être d’une bagarre, des disputes ou peut-être qu’il a forcé une femme à faire quelque chose. Mais pas d’enfants » , répond-elle, sans donner plus de précisions.
Quant à l’accusation de sa petite-fille, mais aussi de l’ex-codétenu de Samuel, sur sa gestion de la comptabilité concernant le supposé réseau de prostitution géré par son fils ? « C’est un tissu de mensonges. Je gérais seulement l’argent que Samuel mettait de côté, car il ne sait pas bien compter. Et je notais les sommes » , s’explique-t-elle
Des images montrant des scènes pédopornographiques
Pourtant, Emma évoque avoir été « vendue » à plusieurs personnes, dont Luc (*) et Élise (*), le couple d’amis accusé.
Des relations sexuelles tarifées à hauteur de 50, 60 voire 250 € selon Emma.
« Le prix dépendait des saisons. Quand c’était l’été, c’était plus cher car il devait mettre la clim. Et ça dépendait également des jouets qui étaient utilisés », ajoute-t-elle.
De plus, une note, écrite par la main de Samuel, où il est mentionné des prénoms, des âges (8 et 10 ans) et des sommes (50 et 110 €) interpelle également la cour.
« Les prénoms sont ceux d’enfants que j’avais vus sur un site et les montants, ce sont ceux que j’avais gagnés lors de mon travail dissimulé » , se justifie Samuel.
D’autres photos – très explicites – montrant des scènes pornographiques entre enfants très jeunes ou encore des messages précisant qu’il voulait se « trouver un nouveau chéri de 18 ans maxi » , ont également été montrés à la cour.
« On peut dire que vous avez des tendances pédophiles » , souligne Christian Pasta, président de la cour. « Je ne peux pas dire oui ou non. C’est 50-50 » , rétorque Samuel Verbeke.
Lors de cette journée, les ex-compagnes de Samuel, qui se sont constituées partie civile, ont également été entendues.
Toutes deux le décrivent comme un homme « violent et possessif » . Elles parlent même de violences sur Emma, « dont un coup de pied dans les parties intimes » .
Une violence que Samuel conteste, comme le fait d’avoir agressé sexuellement sa seconde fille, malgré les dires d’Emma. .
Le procès se poursuit aujourd’hui avec les auditions du couple d’amis qui conteste, depuis le début, toute implication dans ce dossier. L’avocat général fera également part de ses réquisitions
On est sur l’Outreau du Gard
20 ans de prison requis pour Samuel Verbeke, 42 ans, le père qui a violé sa fille et l’acquittement des autres accusés.
Une réquisition qui a surpris une partie de la cour. Le jugement sera prononcé ce vendredi.
Tout au long de ce procès qui a démarré lundi, le point qui divisait la cour criminelle de Nîmes est la question du proxénétisme. Si Emma* a maintenu à plusieurs reprises avoir été « vendue » par son père à une quarantaine de personnes, dont Elise* et Luc*, le couple d’amis de son père, ces derniers ont toujours démenti ces accusations.
Ce jeudi 7 novembre, lors de leurs interrogatoires, ils ont réitéré leurs déclarations.
« Je le jure, je n’ai jamais touché à Emma ou à un seul enfant. Ce qu’elle dit me rend malade » , déclare Luc en larmes.
Accusés tous deux de viols, d’agressions sexuelles et de proxénétisme, ils encourent jusqu’à vingt ans de réclusion criminelle.
Une sexualité débridée longuement discutée
Durant ces quatre jours de procès, tentant de savoir si oui ou non ils ont joué un rôle dans cette affaire, la cour les a donc longuement questionnés. D’abord, sur leur « sexualité débridée ». Plan à plusieurs, utilisation d’objets sexuels en tout genre ou encore messages très explicites échangés avec Samuel, le père d’Emma, tout a été décortiqué.
« Vous comprenez que vous avez une relation hors norme avec Samuel ? Vous vous envoyez des photos de vos sexes en érection et vous parlez beaucoup de sexualité » , soulève David Malicot, l’avocat général.
Une relation particulière que le couple reconnaît, mais ils nient avoir eu connaissance des viols ou de l’attirance de Samuel pour les jeunes enfants.
« J’avais toute ma confiance en lui, j’aurai même pu lui laisser mon fils » , poursuit Luc.
Et justement, sur la relation entre Samuel et leur fils, la cour s’interroge sur un point :
« Pourquoi avoir envoyé une photo de votre enfant à Samuel alors même qu’il était incarcéré pour viols sur sa fille ? » , questionne l’avocat général. « On ne pensait pas que c’était vrai, ça nous semblait impossible » , répond Elise, ajoutant entre deux sanglots : « Ce que l’on veut savoir aujourd’hui, nous, c’est s’il a fait des choses à notre fils » .
Si elle m’en avait parlé de ces viols, on l’aurait aidé
Quant à la raison pour laquelle Emma les accuserait à tort ?
« Je ne sais vraiment pas pourquoi. Elle était comme ma fille. Si elle m’en avait parlé de ces viols, on l’aurait aidé. Je ne comprends pas » , assure-t-elle.
En plus des déclarations d’Emma, l’autre témoignage qui implique le couple est celui de l’ex-codétenu. Un témoignage qui se base sur les déclarations que Samuel lui a faites et que ce dernier reconnaît avoir exagérées pour « se faire mousser » auprès de son compagnon de cellule.
De quoi faire réagir les avocats du couple, Me Merah et Me Roux :
« Vous ne parlez des viols à personne, mais à votre codétenu, vous lui racontez tout en détail et en exagérant, et vous impliquez pour la première fois vos amis. Vous comprenez bien qu’aujourd’hui, les deux sont là à cause de la grande proximité qu’ils avaient avec vous ! »
Autant d’incertitudes qui seront soulevées par l’avocat général lors de ses réquisitions.
S’il ne revient pas sur les viols subis par Emma, des actes que son père a reconnus, l’implication des trois autres accusés le questionne.
« Si on fait abstraction de leur simplicité d’esprit, on est sur l’Outreau du Gard (en référence à l’affaire d’Outreau, où dix-sept personnes ont été accusées d’agressions sexuelles sur mineurs et où finalement treize ont été acquittées, NDLR) », indique-t-il, tout en précisant : « Est-ce qu’à un moment, on a un message évoquant une relation tarifée entre les différents accusés ? Non, on a juste un climat suspicieux. Est-ce que la grand-mère était au courant ? Il n’y a aucun élément dans le dossier. » Sur les déclarations d’Emma, là aussi l’avocat général se veut prudent. « Je ne dis pas qu’elle ment. Mais je ne peux pas dire non plus que ses déclarations ont été constantes tout au long de cette procédure. Sur les viols à La Vis, quand je la questionne, elle me dit qu’il n’y en a pas eu. Mais lors de ses auditions, elle dit que oui. Où est la vérité ? Je ne sais pas » , s’explique-t-il.
Vous repartirez avec certains secrets
Face à ces zones d’ombre persistantes, l’avocat général requiert l’acquittement pour le couple et la relaxe pour la grand-mère.
En revanche, pour Samuel Verbeke, le père, il requiert la peine maximale, soit vingt ans de réclusion criminelle. Et s’il écarte les faits de proxénétisme, il inclut l’agression de sa seconde fille. Agression que Samuel Verbeke a toujours contesté.
« Dans ce genre de dossier, on s’attend toujours à des rebondissements. S’il y en a eu un dans celui-là, c’est l’aveu de la seconde agression commise sur son beau-fils. Ce qui nous laisse penser que, visiblement, vous repartiez avec certains secrets avec vous, et que l’on n’aura pas bien fait notre travail… » , souligne-t-il également.
Reste à savoir si ce vendredi, la cour suivra les réquisitions de l’avocat général lors du délibéré.
Condamnation de Samuel Verbeke ce vendredi
La peine de 17 ans de réclusion criminelle qui a été prononcée est assortie d’une période de sûreté des deux tiers et d’un suivi sociojudiciaire pendant 15 ans. .
Les trois autres accusés ont été relaxés et acquittés.
Les faits avaient été reconnus par le quadragénaire qui a aussi été condamné pour des atteintes sexuelles visant deux autres enfants : sa seconde fille et le demi-frère de celle-ci.
Les magistrats n’ont, en revanche, pas retenu les faits de proxénétisme et ont donc suivi, les réquisitions de l’avocat général David Malicot qui avait tout de même requis 20 ans de réclusion criminelle.
« L’acquittement partiel (pour le proxénétisme)s’imposait, a déclaré, l’une de ses deux avocates de l’accusé, Me Dounia Hamchouch. Mais la peine peut, peut-être, faire l’objet de discussions. »
Me Dounia Hamchouch avait mis en avant, entre autres, le « positionnement encourageant » de son client qui a suivi en prison un traitement médical de castration chimique.
« Il avait arrêté mais il prend aujourd’hui un traitement équivalent. La lutte contre la pédophilie ne se fait pas en prison. »
Élise et Luc (les prénoms sont modifiés), un couple d’amis du père de famille, étaient eux aussi accusés de ces faits graves et sordides (viols et proxénétisme de la petite fille). Et depuis trois ans, ils les ont toujours niés.
« En 2019, elle n’était même pas dans le Gard » , a plaidé Me Abdelghani Merah, l’avocat d’Élise. « L’enfant dit sa vérité. Et j’en veux aux professionnels qui ne sont pas interrogés. On parle d’une vingtaine de femmes et autant d’hommes (qui auraient participé à ces ébats sexuels voire aurait abusé de l’enfant). Et ça, on devrait y croire ! » , proteste l’avocat qui conteste « la construction intellectuelle de ce dossier. »
Maître Merah, a particulièrement critiqué l’action de l’association « Innocence en danger », l’accusant d’être responsable d’erreurs judiciaires et citant l’affaire d’Outreau. Il a affirmé que ces associations, en recueillant des témoignages d’enfants via des questions ouvertes, sont dangereuses.
La cour criminelle a suivi les réquisitions de l’avocat général David Malicot. Élise et Luc ont été acquittés. On est donc bien loin du dossier monstre, à l’origine de ce procès particulier et éprouvant.
Et ce fut un immense soulagement, ce vendredi midi, pour leurs avocats et ces deux accusés très émus et en larmes.
« Je suis rassuré par cette décision, a commenté Me Abdelghani Merah, à l’issue de ce dernier jour d’audience. La cour a procédé à une vraie analyse de ce dossier, avec ses failles, en allant bien au-delà des préjugés qui ont valu à ma cliente, sa mise en cause depuis deux ans et demi. »
Me Marc Roux, l’avocat de Luc a « salué le courage de la cour criminelle… C’est rassurant pour la justice et pour notre société. C’est un combat que nous menions depuis des années. »
Défendue par Me Sophie Bonnaud, la grand-mère qui était poursuivie pour non-dénonciation de crime a été relaxée.
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