Var | 18 ans de prison pour le grand père reconnu coupable de viols sur ses petites filles
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 30/05/2024
- 12:39
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Le grand-père violait ses petites-filles dans un village du Var
La cour criminelle du Var juge un octogénaire accusé de viols sur mineurs de 15 ans par ascendant, agressions sexuelles et corruption de mineurs. Il encourt 20 ans de réclusion.
Les lèvres pincées, droite comme un i à la barre de la cour criminelle du Var, Florence (1) plie et déplie son mouchoir humide. À trois mètres sur sa droite, son grand-père.
Voleur de sa jeunesse. De son innocence.
Entre 2014 et 2018, quand la jeune fille âgée aujourd’hui de 20 ans passait les vacances d’été dans la villa de son grand-père paternel, les viols étaient quasi quotidiens.
“Ça a commencé par des visionnages de vidéos pornos, explique-t-elle. Puis il a voulu me montrer sur lui. Puis sur moi. Il faisait ça dans des endroits différents de la maison. Dans sa chambre, dans le garage, dans la forêt… Enfin, il y a eu des jouets.”
Des godemichés que René, demeurant dans un village de l’Est-Var, utilisait également sur Lise, la cousine de Florence. Entre autres pénétrations digitales et fellations…
C’est d’ailleurs Lise qui, du haut de ses 9 ans, va être la première à dénoncer ces faits à une infirmière scolaire en février 2019. Avec certains mots qu’elle ne parvenait pas alors à prononcer devant les policiers mais qui, écrits, ne laissait aucun doute sur l’horreur vécue:
“sperme”, “vibre”, “porno”…
Placé devant les déclarations de ses petites-filles, René va tout d’abord nier, évoquant un “complot familial pour des raisons d’argent”.
C’est pourtant lui qui proposera quelques euros à Florence en échange de nouveaux rapports après que celle-ci eut trouvé la force de refuser ses avances.
“Il m’a soudoyée, m’a menacée. Alors j’ai accepté de continuer.”
Le tout récent octogénaire ne reconnaîtra au départ qu’une agression sexuelle – “une bêtise” – sur une autre de ses petites-filles, Julie, commise durant l’été 2018 alors que celle-ci avait 26 ans.
“Je bronzais au bord de la piscine quand j’ai vu une ombre se pencher sur moi, raconte la jeune maman. C’était ce monsieur. Il était nu. J’étais tétanisée, j’avais peur. Mon cerveau a buggé.”
René avait alors enlevé le maillot de Julie et, tout en lui proposant un rapport sexuel, l’avait “bien analysée, touchée” au niveau de la poitrine et du sexe.
Il faudra lui présenter les vidéos et photos extraites de son ordinateur pour qu’il avoue, enfin, les viols sur Florence et Lise, clairement identifiables sur des images difficilement supportables.
“Je reconnais les faits dans leur ensemble” annonce-t-il d’ailleurs d’emblée à la présidente Catherine Bonnici, ce jeudi matin à l’ouverture de son procès.
Pour autant, devant toute sa famille assise sur le banc des parties civiles, René tente de minimiser ses actes.
“Pour moi, c’était des caresses. Je ne savais pas que c’était des viols. Mais il n’y a jamais eu de pénétration du pénis. J’ai essayé mais sans jamais aboutir.”
“Et pour les vibromasseurs”, questionne la présidente.
“C’est arrivé… Elles s’amusaient avec ça toutes les deux.”
René, accusé de viols sur mineurs de 15 ans par ascendant, agressions sexuelles par ascendant, corruption de mineurs et détention d’images pédopornographique encourt 20 ans de réclusion. Il connaîtra son verdict ce vendredi.
Jusqu’à sa dernière prise de parole, il aura donné l’impression de ne penser qu’à son nombril, alors que son procès devant la cour criminelle touchait à son terme, et que ses petites-filles, victimes de ses agissements lubriques lorsqu’elle lui rendait visite dans sa villa de l’est-Var, attendaient plus que de simples excuses.
“Je vous demande pardon. Soutenez moi dans ce qui m’arrive. J’ai fait du mal, mais j’ai besoin de vous. Pardonnez-moi. Ne me laissez pas tomber.”
Les parties civiles, déjà effarées par une matinée où il a enchaîné les réponses incongrues, ne parvenaient plus à masquer leur désappointement.
Seul le verdict, conforme aux réquisitions de l’avocate générale Chloé Pellerin, leur mettra du baume au cœur: René, 80 ans, coupable de viols incestueux, d’agressions sexuelles incestueuses, de corruption de mineurs, de détention et captation d’images pédopornographiques, est condamné à 18 ans de réclusion criminelle assortie d’une peine de sûreté de 9 ans.
À l’issue, il devra respecter un suivi socio judiciaire de 5 ans, comprenant une injonction de soins et une interdiction de contact avec ses petites-filles. Il encourra 3 ans de prison en cas de non-respect de ces obligations
“Anéanti par le discours” de son client, Me Patrick Giovannangeli aura bien tenté d’évoquer “la honte” du retraité au moment de mettre des mots sur ce qu’il a fait subir, entre 2014 et 2018, à Lise et Florence, alors âgées de 6 et 10 ans, pour humaniser celui-ci. Ou cette “piste de travail” soulevée par l’experte psychologique relevant que les faits avaient débuté 1 an après le décès accidentel de son petit-fils.
Mais le compte rendu cru des paroles de l’accusé sur l’une des vidéos pédopornographiques retrouvées dans son ordinateur mettant en scène Lise était un mur insurmontable. Insoutenable. Tout comme ses justif. aux viols commis sur Florence, durant ses séjours estivaux chez ses grands-parents.
“C’était peut-être à cause de la chaleur de l’été. Ce n’était pas une envie permanente. On passait tous au-dessus après, on avait autre chose à faire”
Un discours qui faisait bondir le père de Florence.
“Mais sois sincère un peu! Tu n’étais pas stupide avant, tu n’es pas un demeuré. Arrête de tout masquer! Tu es un lâche!”
La présidente Catherine Bonnici lui emboîtait le pas :
“Votre pardon n’a pas de sens. Il est creux, comme tout ce que vous dites. Comment pouvez-vous dire ça? Vous leur faites du mal une 2ème fois. Vous n’assumez rien du tout!”
Le coup de grâce est venu dans la foulée, lors de l’évocation de l’usage des godemichés sur les enfants.
“Vous nous aviez dit hier qu’elles s’amusaient avec? Vous le pensez encore?”
“Ben oui. Je ne vois pas d’autres qualificatifs”
“Monsieur ne cherche que la satisfaction de son plaisir et se fout du reste, résume Me Barbara Balestri aux intérêts de Julie, victime d’agression sexuelle de la part de son grand-père au cours de l’été 2018. Il ne reconnaît les faits que pour la procédure”
Une reconnaissance sans affect ni recul qui donne à ce dossier, selon Me Lionel Ferlaud aussi en partie civile, des allures “d’apocalypse du sordide”.
“Je pense qu’il est ainsi depuis longtemps, bien avant le décès de son petit-fils. Sa 1ère proie était sa femme. Et d’autres femmes. Puis il a craqué car, avec l’âge, il ne pouvait plus donner le change. Comme c’est un tout-petit, il s’est déporté sur le plus facile, sur les petites”
“La domination était telle, de par sa position et de leur âge, qu’il leur a fait croire que ce qu’il faisait était normal, estime l’avocate générale. Il les a choisies au regard de leur fragilité, les a utilisées comme des objets en ne pensant qu’à son propre petit plaisir”
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