Tourves | Pédophilie, photos volées, viols,… site “coquin” ou plateforme limite illégale
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 27/07/2023
- 07:19
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Le récit est angoissant et il faut s’accrocher pour le lire jusqu’au bout.
Dans les colonnes du Monde ce mardi, l’affaire du septuagénaire des viols de Mazan (Vaucluse) est décortiquée avec une précision chirurgicale.
Le lecteur y découvre l’histoire d’une sexagénaire du Vaucluse qui avait été droguée par son mari, Dominique P. et violée pendant 10 ans par 83 inconnus (dont 51 ont été identifiés et arrêtés par la police judiciaire d’Avignon).
Par précaution, il lui administrait des sédatifs, et, inconsciente, elle subissait ces agressions sexuelles, sans jamais en prendre réellement conscience avant la première garde à vue de son mari en 2020.
Dans la région, une récente série d’arrestations a mis au jour l’implication “passive” de ce sulfureux site web libertin dans une affaire de mœurs, qui a choqué l’opinion publique.
Dominique P., époux modèle selon la description initiale de sa femme, maintenue au quotidien dans une “soumission chimique”, écrasait chaque soir des comprimés anxiolytiques dans le dîner de sa compagne, provoquant inconscience et amnésie.
Cette dernière a tout découvert au hasard d’un interrogatoire mené par les policiers de Carpentras.
Au lit de la victime, se sont ainsi relayés des “hommes ordinaires”, selon un long article paru dans Le Monde le 20 juin, détaillant les accusés, âgés de 26 à 73 ans.
Ces derniers se pressaient plusieurs fois par semaine dans la chambre du couple pour avoir des relations sexuelles non consenties avec un pantin désarticulé.
Soit des viols, selon le code pénal français.
Point commun, ils étaient tous entrés en contact avec l’instigateur de ces crimes via Coco.fr.
En effet, le site, qui abrite des forums libertins en tous genres – parfaitement légaux -, donne également certaines clés pour accéder en quelques secondes à des pratiques répréhensibles par la loi.
Viols, pédophilie, photos volées, drogues, tout y est, les “salles de tchat” étant aussi mouvantes que leurs utilisateurs.
Coco.fr
Derrière cette histoire sinistre, le site Internet Coco.fr est aussi responsable.
C’est sur ce site que Dominique P. a pu réunir tous ces hommes, des profils extrêmement différents qui formeront finalement un même réseau clandestin.
« Premier site de tchat gratuit avec des milliers de connectés », Coco.fr invite ses utilisateurs à retrouver ses amis, à multiplier les rencontres et développer son réseau de connaissances.
« Un forum de discussion sympa », dit sa propre page d’accueil.
« Sympa », le qualificatif n’est peut-être pas le seul terme qui nous viendrait en tête face à la dangerosité que représente ce réseau ultra-accessible, « sans inscription ».
Depuis sa création en 2003, le site a grandi et est devenu de plus en plus populaire malgré une interface vraiment bas de gamme.
Désormais, Coco.fr est devenu un véritable site de rencontres et cumule environ 500.000 visiteurs par mois.
Mais, sans vérification à l’inscription, de nombreux faux profils cohabitent sur le site, qu’ils soient dealers, prédateurs sexuels ou pédocriminels… alors que, initialement, le site était destiné aux plus jeunes.
L’infâme promotion des agressions sexuelles
Sur Coco.fr, chacun peut devenir n’importe qui pour faire n’importe quoi.
De fait, par son extrême liberté, la plateforme devient un repère à toutes sortes de pratiques, majoritairement sexuelles.
Dans le salon public « En couple », les propositions d’échangisme ne manquent pas.
Plus bas, dans la discussion « Fantasme », d’autres rêvent de soirée où leur femme « termine entourée de mecs », ou de « jouir dans la femme d’un autre ».
Difficile également de passer à côté des pseudos : « Quipretesafemme », « coquin79 » ou encore « puteboisdeboulogne » et « enviedesucer31 ».
Pire encore, d’autres discussions frôlent clairement l’illégal.
C’est le cas du salon « Prise de force », publiant fréquemment des photos de femmes en train d’être pénétrées.
Le consentement, ici, est sans doute une histoire ancienne.
Le revenge porn – le partage de contenu sexuellement explicite sans consentement de l’autre dans le but d’une vengeance – semble également s’inviter sur le forum.
Qu’il s’agisse de relations non consenties ou d’agressions sexuelles sur mineurs, les discussions tombent souvent dans les abysses de ce que la loi décrit comme des agressions sexuelles.
Force est de constater que le réseau de Dominique P. – nommé « A son insu » – ne fait pas figure d’exception sur le forum.
Sur Coco.fr, les images prises secrètement font également sensation.
D’ailleurs, les salons les plus prisés sont souvent ceux en rapport avec un échangisme pas totalement consenti.
C’est le cas des salons « Exhibnofemmes » ou « Candaulisme » – une pratique consistant cette fois à exposer ou partager son conjoint pour ressentir une excitation sexuelle.
Pour accéder à ces salons populaires, mieux vaut donc être premium à raison d’un abonnement à 5 euros par mois ou à 44 euros pour un an.
Et en prime, quelques avantages inclus : l’historique de tous les salons et plus aucun temps d’attente pour intégrer un nouveau canal, contre cinq secondes pour un profil normal.
Coco.fr, devenu Coco.gg.
Derrière ces six lettres banales, un site Internet hébergé aujourd’hui dans l’île anglo-normande de Guernesey, mais dont le gérant serait installé… à Tourves, dans le Var.
Design vieillot, inscription anonyme et rapide, pass premium contre quelques euros: avec cet agrégateur de forums “coquins”, comme on en trouve des dizaines sur la toile, Nora Szabo et Isaac Steidl, respectivement propriétaire et gérant de la société Zenco, revendiquent 500 000 visites par mois.
Problème, Coco.gg est devenu en quelques années la plaque tournante de pratiques illégales, bien que ses détenteurs s’en défendent en affirmant que leur site, dit “de rencontres”, ne peut être tenu responsable des agissements des utilisateurs “dans la vraie vie”.
Pourtant, nom de domaine, adresse, et même intitulé de la maison mère ont changé plusieurs fois au fil des ans, sautant de la Bulgarie à Hong Kong en passant par le Var à au moins trois reprises.
Ainsi, l’une des sociétés du duo, appelée Zeroben, fut-elle en activité pendant moins d’un an, au 48 Grand-Rue, à Tavernes, dans le Var. On retrouve des traces de la SARL Zenco au 11 rue Jean-Aicard à Toulon et aussi au 38 rue de l’Arbre d’Or à Brignoles. Symboles d’un ancrage varois évident de ses fondateurs.
Sur place désormais, respectivement une boîte aux lettres, une porte cochère et une petite maison de ville. “Définitivement fermées”, annonçait Google Maps.
Nous avons pu constater qu’aucune entreprise n’y avait plus son siège aujourd’hui.
Coco.gg appartiendrait maintenant à Vinci SA, une société bulgare.
Son mystérieux gérant, lui, vivrait toujours à Tourves.
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