Saint-Nazaire | Le professeur de musique condamné pour agressions sexuelles reste libre
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
oui
Pédocriminel En liberté
- 30/03/2022
- 14:00
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Elles sont quatre, nées en 2001, 2002 et 2004.
Elles sont sur le banc des victimes, un mouchoir à la main.
« Gage » avec une baguette de xylophone
Derrière les victimes, quatre avocates du barreau nazairien : Maîtres Gruber, Amisse-Gauthier, Florance et Bayeux.
Toutes ont plaidé dans le même sens, décrivant notamment « une solitude morbide ».
L’une a fait des recherches sur « le langage corporel » et les répercussions des gestes d’agression sexuelle sur des fillettes alors qu’âgées d’une dizaine d’années, elles sont en pleine découverte des changements de leur corps.
À l’audience, elle insiste :
« Les conséquences peuvent être catastrophiques. Le même événement traumatisant peut avoir des répercussions différentes. »
À la barre, le professeur de musique, aujourd’hui âgé de 66 ans, reconnaît tout.
S’il a utilisé une baguette de xylophone avec une boule au bout, c’est par « approche pédagogique ».
Rien de tel qu’un gage quand on a fait une erreur…
En quoi consiste ce gage ? À promener cette baguette sur le dos de la fautive.
Un comportement « hallucinant »
Sauf que du dos, le professeur passe à la poitrine, à l’entrejambe, au sexe, fait des massages dans le cou, sur les épaules et pour l’une d’entre elles, abandonne la baguette au profit de ses mains.
Agissements qui permettraient aussi « d’améliorer la concentration ».
La présidente cadre le prévenu :
« Comment voulez-vous que des fillettes de 10-11 ans, dont les parents paient des cours de musique, vous répondent de façon rationnelle. Comment voulez-vous qu’elles en parlent à leurs parents ? «
Le prévenu consent que son comportement était « décalé », ce qui fait réagir la présidente :
« Décalé, non hallucinant »
Le sexagénaire admet qu’il a réalisé que ce qui était devenu « un besoin » pour lui, pouvait être mal perçu par les élèves puisque deux d’entre elles ont démissionné.
Il reconnaît « un plaisir émotionnel », confessant :
« Heureusement qu’une m’a dénoncé, sinon je pense que les faits auraient pu être plus graves ! »
Il estime qu’il lui a fallu des années de suivi psychologique pour comprendre son attitude.
Les victimes s’essuient les yeux, toutes expriment les répercussions de cette relation toxique :
« Je ne voulais plus voir mon grand-père »
« Je ne suis pas à l’aise avec les hommes »
« La moindre contrariété m’empêche de manger »
« Je suis anorexique, j’ai voulu me suicider »
« J’ai perdu confiance en moi »…
« Des gestes anciens »
Le procureur Lefur appuie sur l’attirance du prévenu pour le monde de l’enfance qui l’émerveille :
« On pourrait craindre qu’il ne dérive vers la pédophilie »
Il fait de lourdes réquisitions (trois ans de prison avec mandat de dépôt), qui effraient Me Julie Conta :
« Mon client a toujours agi sur les vêtements. Ce sont des gestes anciens qui n’ont pas été suivis de récidive »
Mentionnant que son casier judiciaire est vierge, elle demande que la peine infligée ait un véritable sens.
Il est condamné à 36 mois de prison dont 28 avec sursis probatoire.
Outre la peine de prison, le sexagénaire a plusieurs obligations dont celle d’indemniser les victimes.
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