Suisse – France | Clap de fin pour le transporteur et sa boîte de nuit roulante

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Tony un français de Marseille est condamné à 4 ans de prison
Le chauffeur privé, qui a brillé par son absence lors de la lecture du verdict, est reconnu coupable d’une très longue liste d’infractions dont du sexe tarifé avec des mineures, à qui il vendait et offrait de la drogue. Elles avaient de 12 à 16 ans…

L’ambiance était beaucoup plus sérieuse lors de la lecture du verdict, hier, dans la rocambolesque affaire du «Transporteur», roi de la discothèque roulante, de la fête débridée et de la livraison de coke à domicile pour une clientèle aisée des rives du lac Léman.

Et pour cause. Malgré son bagout de Marseillais, source de quelques fous rires chez les juges, Tony, de son prénom d’emprunt, n’aura absolument pas convaincu de son innocence.

La décision du Tribunal correctionnel, qui évoque des explications «fantaisistes et contradictoires», le reconnaît coupable de presque tout et le condamne à une peine privative de liberté de 4 ans

Original jusqu’au bout, le chauffeur n’a pas daigné se présenter à l’audience pour entendre cette sévère motivation.

Une absence qui va pousser la procureure Sonia Tuil à demander aux juges de lancer un mandat d’arrêt afin de placer ce chauffeur professionnel en détention de sûreté.

Requête rejetée.

L’intéressé, défendu par Me Yaël Hayat, s’étant toujours présenté aux convocations et ayant suivi les mesures imposées lors de la libération provisoire, le tribunal estime «que le risque de fuite n’est pas assez concret et aigu» pour une telle détention.

Il a fallu près d’une heure à la présidente Isabelle Cuendet pour résumer la conviction du tribunal, tant les infractions reprochées étaient nombreuses.

Seule plaignante de ce procès, l’ex-copine de Tony, «beaucoup plus jeune, naïve, crédule et amoureuse», est jugée crédible dans ses déclarations lorsqu’elle dit avoir été contrainte à se prostituer et à lui remettre une partie de ses gains.

«Elle est tombée dans un piège. Après l’avoir manipulée, il l’a donnée sans vergogne à des clients pour qu’ils assouvissent leurs pulsions sexuelles.»

Les juges sont également persuadés que la plaignante a bien été effrayée lorsqu’il exhibait un couteau dans sa caravane et a vécu des épisodes de violences physiques.

Les lésions corporelles simples étant toutefois écartées faute de traces visibles et les voies de fait étant prescrites, Tony est reconnu coupable d’encouragement à la prostitution, menace et contrainte en lien avec ce volet.

Il devra payer 10 000 francs de tort moral à la jeune fille.

Vient ensuite le chapitre de ses relations avec des mineures. Rapport tarifé avec une adolescente de 16 ans, deux autres tentatives du même type (une seule est finalement retenue), et remise de drogue et d’alcool dans son bus transformé en discothèque.

Même si le tribunal admet que certaines de ces filles avaient présenté des documents d’identité falsifiés, le verdict retient que «le Transporteur» n’était pas dupe.

Il savait par les réseaux sociaux que son van attirait les mineures, il allait parfois les chercher à l’école et l’apparence des plus jeunes, parfois 12 ans, ne pouvait pas laisser place au doute.

«Les jeunes filles, c’était son public cible et il a voulu ignorer l’âge ou ne pas se donner les moyens de le contrôler», relève le tribunal. En résumé, «il savait ou devait savoir que l’écrasante majorité était âgée de moins de 18 ou de moins de 16 ans.»

Encore coupable donc, pour le sexe tarifé avec des trop jeunes et pour avoir remis dans son bus ou sa caravane, et souvent gratuitement, des substances à ces gamines

Coke livrée en clinique

Hormis deux cas demeurés trop flous, le tribunal considère que Tony a vendu beaucoup de cocaïne à des clients qui lui commandaient la drogue sous l’appellation de «bouteille de champagne».

Il a livré à domicile et a même acheminé des doses à un client qui se trouvait hospitalisé en clinique psychiatrique pour une désintoxication. En vrac, il est aussi reconnu coupable d’avoir conduit sous retrait de permis, d’avoir détenu des armes interdites ainsi qu’un pointeur laser et un pétard (la négligence due à l’ignorance est admise pour ces deux derniers objets) et enfin d’avoir lui-même consommé passablement de poudre blanche.

Deux acquittements tout de même dans cette interminable liste.

La conduite sous l’emprise de stupéfiants n’est pas démontrée.

Il échappe aussi à l’usurpation de fonction.

Le fait qu’il se soit légitimé avec une carte en criant «police» pour entrer sur un parking – il prétendait avoir crié «restez poli» (autre moment de rires) – n’est pas retenu car il devait aller nettoyer des excréments laissés par les fêtards de son karaoké ambulant et n’avait pas d’autre dessein illicite en tête.

Pour fixer la peine, le tribunal évoque une faute lourde.

Mépris de la liberté de son amie intime, mise en danger de mineures en situation de faiblesse, désir de plaire et d’être reconnu, appât du gain facile, très mauvaise collaboration à l’enquête ou encore explications farfelues.

Sans oublier un casier judiciaire chargé.

Une peine ferme est donc prononcée ainsi qu’une expulsion judiciaire d’une durée de cinq ans.

Il aura également l’interdiction à vie d’exercer toute activité professionnelle ou autre activité organisée impliquant des contacts réguliers avec des mineurs.

La fête est vraiment finie, même si «le Transporteur» a sans doute encore l’énergie de faire appel.

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