St-Leu | 4 ans de prison ferme pour le père incestueux soutenu par sa famille

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Sa grand-mère paternelle refuse de la voir, l’adolescente se sent coupable
Jacques*, 55 ans, a commencé à agresser sexuellement sa fille Caroline* alors qu’elle avait 12 ans. Pourtant, malgré les faits qu’il minimise, mais reconnait à la barre, sa femme et la mère de la victime se refuse à accepter la situation.

Caroline* a osé briser le silence. Depuis qu’elle a 12 ans, son père s’invite dans son lit pour caresser son sexe.

Elle garde en mémoire sa présence dans son lit et ce souffle si proche d’elle. Dans ces moments-là, l’adolescente préfère faire semblant de dormir.

À 15 ans, alors qu’elle avait été laissée tranquille pendant un temps, elle est réveillée une nuit par une pénétration dans son vagin.

Le lendemain, elle se décide à parler à un personnel de son lycée.

Mais par peur des conséquences sur sa famille et malgré les confessions faites auprès de ses amies, Caroline se rétracte à plusieurs reprises.

L’adolescente est prise dans un conflit de loyauté entre dénoncer son agresseur, son père, et épargner sa famille.

En garde à vue, Jacques* finit rapidement par reconnaitre “avoir essayé [ndlr de la pénétrer] et ne pas réussir finalement” en prenant conscience qu’il s’agit de sa fille.

Jacques éprouve des difficultés à s’exprimer, mais explique ce jeudi face aux juges, s’être ce soir-là réveillé dans la nuit pour boire de l’eau et ne “pas avoir résisté à la tentation en voyant les fesses de Caroline dépasser la couverture”.

“Plus jamais ça”

L’adolescente dort en effet dans un espace aménagé dans le salon. Jacques reconnait aussi avoir déjà touché le sexe de sa fille “pour la réveiller ou la taquiner, surtout quand elle ne veut pas se lever le matin”.

L’expertise psychologique confirme que Caroline souffre énormément de cette situation et se trouve dans une grande confusion quant à ses figures parentales.

L’adolescente se sent coupable de ce qui s’est passé et a peur d’être exclue de sa famille.

Les conclusions psychologiques de Jacques évoquent “une élaboration pauvre” et « une légère déficience intellectuelle”.

Même s’il mesure la gravité des faits, l’homme affiche des regrets de surface. Jacques a du mal à s’exprimer et à exprimer des sentiments.

Pour l’expert, le risque de récidive est important.

“Plus jamais ça”, répond aux juges le quinquagénaire.

Jacques, consommateur d’alcool et de zamal, a pourtant une mention pour exhibition sexuelle à son casier judiciaire, qu’il peine là aussi à expliquer.

“Votre rôle en tant que mère, c’est aussi de protéger votre fille”

Caroline, en stage, n’a pu venir au procès. Sa mère en revanche a fait le déplacement.

Une mère de famille et une épouse “perdue”, avoue-t-elle face aux faits et au placement en détention de son mari depuis septembre dernier.

“Je l’aime toujours et je serai contente qu’il retrouve sa vie de famille”, répond la mère face au tribunal.

“Votre rôle en tant que mère, c’est aussi de protéger votre fille”, intervient le parquet.

Caroline “protège sa famille qui ne l’a pas protégée”, fait valoir Me Marina Beaumont dans les intérêts de la victime, accompagnée par l’Arajufa.

 “Toute sa famille lui en a voulu”, insiste l’avocate.

Sa grand-mère paternelle refuse ainsi de la voir depuis la révélation des faits. Jacques a également pu fournir des attestations d’hébergement et une promesse de travail venant de sa famille.

Les services sociaux ont par ailleurs renoncé au placement en raison d’un risque important de fugue.

Pour ces “faits graves et face à une victime qui se retrouve isolée au sein de sa famille”, le procureur a demandé 6 ans de prison avec maintien en détention. Une peine qui garantirait la protection de la jeune fille au moins jusqu’à ce qu’elle puisse voler de ses propres ailes.

Jacques comparait devant le tribunal correctionnel et non la cour criminelle parce que les faits de viol n’ont pas été caractérisés, rappelle son avocate Me Victoria Rouxel, étonnée par “les réquisitions disproportionnées au regard de la situation et de la personnalité” de son client.

Pour l’avocate, l’expertise psychologique aurait pu aller jusqu’à déclarer “l’altération du discernement quand on l’entend s’exprimer”.

La robe noire reste pour autant confiante en l’avenir et rappelle que son client a reconnu les faits et regrette douloureusement.

Jacques a finalement été condamné à 4 ans de prison ferme avec maintien en détention.

Son autorité parentale envers Caroline lui a été retirée. Jacques devra se soigner. L’homme est désormais inscrit au fichier des délinquants sexuels et a interdiction d’entrer en contact avec la victime, de paraitre à son domicile, mais aussi d’exercer une activité en lien avec les enfants durant 5 ans. Il devra enfin verser 5.000 euros pour le préjudice moral de sa fille.

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