Seine Saint Denis | Inès prostituée de force alors qu’elle avait 15 ans 

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Pédocriminel En liberté

“Je veux dire aux adolescentes qu’elles ne sont pas seules”
La cour d’assises de la Seine-Saint-Denis examine cette semaine une affaire de prostitution de mineur où l’une des proxénètes était elle-même mineure. Une affaire sordide qui n’est pas exceptionnelle. Inès s’est retrouvée prostituée de force à 15 ans. Elle témoigne pour “ici Paris Ile-de-France.”

Son calvaire a duré jusqu’à sa majorité. Pendant trois ans, Inès (prénom d’emprunt) s’est retrouvée prostituée de force, dès l’âge de 15 ans.

À l’époque, elle est en rupture familiale. Un père absent, une relation dégradée avec la mère, l’adolescente se retrouve en foyer d’accueil. C’est là qu’elle fait de mauvaises rencontres. Une amie du foyer lui présente un homme de 24 ans et une femme de 22 ans qui se prostitue. Elle les suit et s’installe avec eux.

Au début, elle aide surtout l’”escort” a organiser son travail, en répondant aux messages envoyés par les clients sur les réseaux sociaux.

Mais sous leur emprise, elle devient petit à petit une esclave sexuelle.

J’étais un peu abandonnée par tout le monde. Je me suis retrouvée seule et c’est comme ça que ça a commencé. Je voulais juste avoir un cocon, une maison, me sentir un peu libre. A force de chercher cette liberté, je me suis retrouvée séquestrée“, raconte-t-elle au micro de “ici Paris Ile-de-France”.

Pendant plus d’un an, Inès change d’appartement toutes les semaines et se prostitue jusqu’à l’épuisement, complètement coupée du monde :

Je dormais trois à quatre heures par nuit. C’était à la chaîne. J’ai parfois enchaîné jusqu’à 50 clients par jour. J’avais de petites pauses pour manger puis je reprenais. Ils contrôlaient mon téléphone, mes réseaux sociaux, je ne pouvais jamais sortir seule, j’étais toujours accompagnée”, se souvient la jeune femme désormais âgée de 20 ans.

Elle est également exploitée financièrement, ne touchant que des sommes dérisoires pour faire quelques courses.

Inès s’échappe le jour de ses 16 ans, grâce à un client, se cache quelque temps chez sa mère puis retombe dans la prostitution, d’abord seule, via les réseaux sociaux où elle subit une agression assez violente.

Quand très jeune vous ne connaissez que ça, vous y restez. Personne ne vous apprend la vraie vie, sachant que vous avez grandi et passé votre adolescence toute seule. J’étais assez naïve, j’avais confiance en l’être humain et du coup, je me suis retrouvée encore dans un réseau“.

Là encore, une connaissance l’utilise et la fait venir dans le Nord, où elle se retrouve une nouvelle fois sous l’emprise d’un proxénète qui la prostitue.

Elle est finalement sauvée par la police qui menait une enquête sur ce réseau de prostitution.

Désormais jeune femme active, Inès a trouvé du travail et veut témoigner :

J’en ai assez de voir des filles qui se font maltraiter, manipuler par des hommes ou d’autres femmes. J’aimerais faire bouger un peu les choses“, espère-t-elle.

Très reconnaissante de l’aide apportée par une policière lors de l’enquête pour laquelle elle a témoigné, Inès veut passer les concours pour devenir policière.

Elle aimerait pouvoir éviter que d’autres jeunes femmes ne subissent le même sort qu’elle. Inès est épaulée dans ses démarches par  l’association Equipes d’Action Contre le Proxénétisme qui se charge de représenter les victimes et de les aider dans tous les aspects même les plus complexes de leur dossier.

 

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