Sarthe | Condamné à 17 ans pour viol incestueux, il fait appel

Depuis le début de la procédure et durant tout le procès, l’accusé a nié en bloc.

Son appel n’est pas une surprise. Il y aura donc un second procès.

Cette fois, l’accusé comparaîtra sous le régime de la détention provisoire, alors qu’il était libre sous contrôle judiciaire pour son procès devant la cour d’assises de la Sarthe.

« Une nouvelle épreuve pour les victimes »

Malheureusement, il faudra recommencer.

Ce sera une nouvelle épreuve pour les victimes , confiait Me Valérie Moine, avocate des parties civiles. Cette dernière défend les intérêts des belles-filles, mais aussi de leur mère et des frères des victimes, fils de l’accusé.

Rappel : Récit du procès publié par Ouest-France le 19 septembre 2025

Sur le banc des parties civiles, elles sont fortes. La mère et ses deux filles, aujourd’hui âgées de 24 et 26 ans, font bloc.

La tenue et le maquillage sont soignés. Elles sont dignes. Malgré les dénégations de l’accusé et la lenteur de la procédure judiciaire, elles se tiennent droites et fières. Ce sont des battantes.

Face aux faits dénoncés, on pourrait s’attendre à voir des victimes recroquevillées , concède l’avocate des parties civiles, Me Valérie Moine. Mais, on a des victimes qui essayent de tenir debout, qui essayent d’être aussi fortes que possible.

Bien sûr, les larmes coulent parfois. Quand, par exemple, l’avocate générale Marie-Agnès Joly salue cette mère courage qui a réagi, tout de suite, dès la révélation des faits.

Nous sommes le 8 juillet 2016 au Mans, mère et filles se disputent.

Une claque part. Ça fait l’effet d’une cocotte-minute qui explose. Tout sort. On hurle. On pleure. On appelle l’accusé pour qu’il vienne s’expliquer. Il s’offusque.

C’est du n’importe quoi ! Vous êtes complètement malades !

Neuf ans plus tard, la posture est la même :

C’est honteux, ignoble ! Je n’ai rien à me reprocher. Je suis innocent. Je n’ai jamais touché les filles. Jamais. Jamais, Jamais. La mère, elle, a toujours cru ses filles.

Ces dernières dénoncent des viols. Du plus loin qu’elles se souviennent , cela remonte à l’âge de 6 ou 7 ans. Petit à petit, leur beau-père, si gentil, si aimant, s’est immiscé dans leur psyché, dans leur corps.

On leur fait croire que c’est normal.

Il a fait en sorte que chacune des trois femmes qu’il a sa disposition, la mère et ses filles, puisse lui servir , estime Me Moine.

Sodomies, fellations, pénétrations avec des objets.

C’est une abjection ce qu’elles ont vécu, ces petites , lâche l’avocate générale.

Elle réclame 19 années de réclusion criminelle . C’est presque le maximum. L’homme, âgé de 61 ans, encourt vingt ans.

Sans casier judiciaire, l’accusé comparaît libre.

Pour Me Aouatef Braber, c’est bien le signe qu’il y a un doute. Le doute est immense, objectif, irréfutable.

L’avocate de la défense demande à la cour et aux jurés de ne pas céder à la peur, à l’émotion, à l’image .

En l’absence des preuves matérielles (pas d’ADN, pas de déchirures gynécologiques), Me Braber tente de faire pencher la balance du côté de son client.

Le poids d’une condamnation pour agression sexuelle, pour laquelle l’accusé a fait appel, pèse lourd.

Mais le sexagénaire reste imperturbable. “Je suis innocent, monsieur le président”. Ce seront ses derniers mots avant que la cour ne parte délibérer. Il était plus 18 h 30.

« La théorie du complot n’existe pas »

Moins de trois heures après, le verdict est tombé.

Ergumen Yilmaz a été reconnu coupable d’inceste sur ses deux belles-filles alors qu’elles avaient entre 6 et 17 ans.

En répression, il a été condamné à 17 années de réclusion criminelle. “La théorie du complot n’existe pas” , a expliqué le président.

Pour la première fois, les parties civiles ont éclaté en sanglots, en remerciant la cour et les jurés.

Ergumen Yilmaz a été incarcéré dans la soirée. Il a dix jours pour faire appel de la décision.