
Saint-Nazaire | Le père accusé d’avoir jeté sa fille du pont
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 14/05/2025
- 21:49
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Il est jugé, depuis ce mardi 13 mai 2025, par la cour d’assises à Nantes, pour le meurtre de sa fille, en juin 2022. Il est accusé de l’avoir jetée du pont de Saint-Nazaire.
L’homme de 47 ans, un artisan turc, lui, conteste la version des témoins, réfute l’avoir poussée dans le vide. Il dit, au contraire, avoir voulu empêcher Selen de se suicider.
Quelques minutes avant le drame, la jeune femme envoie à sa maman un SMS où elle écrit en lettres majuscules “PAPA VA ME TUER”.
Selen, tout juste 18 ans, était tombée dans la drogue, cannabis et cocaïne.
“Je suis innocent” – l’accusé, père de la victime
Quand il évoque sa fille ainée, Selen, morte deux jours après ses 18 ans, l’accusé, veste beige sur les épaules, crâne dégarni, ne peut s’empêcher de crier.
“C’était ma petite fille, ma princesse, mon cœur”.
Un peu plus tôt, la voix brisée par les sanglots, il lance :
“je suis innocent, je ne l’ai pas tuée, j’aime ma famille, j’essaie toujours de protéger”.
Lors de cette journée d’audience, il déclare aussi :
“qu’il aurait voulu mourir à la place de sa fille ce jour-là.”
Pour l’enquêtrice de personnalité, qui a déposé en fin de matinée, ce n’est pas un homme autoritaire.
Il est décrit par la mère de Selen comme quelqu’un d’investi dans l’éducation de ses deux filles,
“un papa moderne, qui change les couches et participe aux sorties scolaires”.
Quand, à l’adolescence, Selen décroche à l’école, puis tombe dans la drogue, il est là, selon elle.
“On essayait de la sortir de là, sans la brusquer”, confie la mère à cette enquêtrice de personnalité.
Condamné pour des violences sur sa fille
Incontestablement, l’accusé en veut beaucoup aux gendarmes qui, selon lui, sont restés sourds pendant des mois à ses appels à l’aide.
Décrit comme solitaire et impulsif par son chef d’équipe – il travaille dans le bâtiment – il réfute ce terme, mais reconnaît qu’il peut s’emporter si quelque chose ne lui plait pas au travail.
Selon ses collègues,
“il n’était pas en colère contre sa fille, mais l’entourage de celle-ci qui l’amenait à la drogue.”
À son chef d’équipe, il dit que
“s’il trouve sa fille droguée, il la tuerait.”
Mais cet homme temporise, précisant que pour lui, ces propos-là sont l’expression d’une colère liée à la toxicomanie de Selen, que l’accusé “parlait avec amour de sa fille.”
En janvier 2024, cependant, le père de famille est condamné par le tribunal de Saint-Nazaire pour des violences sur sa fille, qui remontent à décembre 2021, six mois donc avec le drame.
C’est à la suite d’une fugue d’environ une semaine. La présidente, dans l’après-midi, lit un extrait de l’audition de Selen à l’époque.
Il est question de menaces avec un couteau, de coups, d’insultes.
Il aurait dit à plusieurs fois “vouloir la tuer”.
Elle ne souhaite pas déposer plainte. L’homme, qui a écopé de deux mois de prison avec sursis, a fait appel de cette peine.
Drogue, fugues à répétition
“On peut dire qu’il a pu perdre pied, par moment”, pour l’enquêtrice de personnalité, entendue dans la matinée.
Un père qui fait front, avec son épouse, aux fugues à répétition de leur fille. Sa consommation de drogue qui l’a conduite à se prostituer.
Interrogé sur la religion, il affirme que celle-ci n’a jamais eu d’influence dans l’éducation donnée à ses filles. S’il est musulman, cet homme, né en Turquie et qui y a passé les 25 premières années de sa vie, accepte de se marier à l’église par amour pour sa femme.
C’était en 2003, en Normandie, peu de temps après son arrivée en France. Il dit ne pas désapprouver que Selen sorte, démarre une relation intime, ait un petit copain, mais il n’aime pas l’influence de celui-ci.
Un garçon condamné pour des violences sur Selen.
Selen, dont l’accusé apprendra tardivement qu’elle a été violée, vers 13-14 ans, par un membre de sa famille maternelle.
Pour son père, à l’audience, c’est à ce moment-là que sa fille commence à aller mal. Une jeune fille décrite comme ayant des tendances suicidaires.
Elle n’avait pas pu être hospitalisée faute de place, mais semblait s’épanouir dans une toute nouvelle formation.
Elle avait rendez-vous avec un psychiatre à Nantes, le 29 juin, soit le lendemain de son décès.
Verdict attendu lundi 19 mai
Au cœur de ce procès, il y a les nombreux témoins qui affirment que le père a jeté volontairement sa fille dans le vide. Lui maintient au contraire avoir tenté de l’empêcher de sauter dans l’eau.
Ce lundi après-midi, l’avocat du père, Me Franck Boëzec fait citer une experte du témoignage en justice.
Le directeur d’enquête, pour sa part, a rappelé qu’en juin 2022, s’il y avait des caméras sur le pont, l’enregistrement, la conservation des images n’était alors pas possible.
Il a aussi indiqué que Selen a fait une chute de 60 mètres, soit 20 étages, pour un impact en Loire estimé à 100-120 km/h.
Mercredi après-midi, la personnalité de la victime sera abordée, avec notamment le témoignage de son petit ami, actuellement en détention. Des amies de Selen doivent aussi être entendues.
L’accusé doit être auditionné jeudi sur les faits. Les témoins, présents sur le pont, doivent être interrogés dans l’après-midi.
L’épouse de l’accusé et mère de Selen ne s’est pas constituée partie civile et a toujours soutenu son époux. Elle sera entendue vendredi. Le procès doit se tenir jusqu’au lundi 19 mai.
Selen a été inhumée le 4 juillet 2022 à Caen, dans le Calvados.
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