Pont-Sainte-Maxence | De la photo dénudée aux accusations de viols,cinq mois de prison avec sursis

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Il avait fait de Kévin, son « assistant sexuel »
Un habitant de Pont-Sainte-Maxence a été condamné ce mercredi 4 juin à cinq mois de prison avec sursis pour corruption de mineur. Cette affaire n’est que le point de départ d’une histoire sordide, qui devrait connaître son épilogue devant la cour d’assises en 2026.

Un dossier où le prévenu et la victime sont tous les deux détenus, c’est déjà le signe d’une affaire quelque peu inhabituelle devant le tribunal correctionnel de Senlis, ce mercredi matin.

Pour les deux hommes, la détention provisoire est liée à des faits criminels, des viols qui seront jugés l’année prochaine devant la cour d’assises. Mais impossible de les dissocier de ce qui intéresse les juges ce mercredi, une corruption de mineur reprochée à Norbert J., 57 ans, habitant de Pont-Sainte-Maxence et ex-employé de Disneyland Paris.

Ce qui est reproché à Norbert J., c’est l’envoi d’une photo de lui nu et en érection à Kévin (le prénom a été changé) un jeune homme de 17 ans le 24 août 2021. Un garçon au parcours tourmenté, qui a trouvé refuge chez le quinquagénaire de Pont-Sainte-Maxence, voyant en lui une figure paternelle.

Une adoption est même envisagée, mais il s’avère que la pseudo-relation filiale s’avère plutôt

« dysfonctionnelle et incestueuse » selon la substitute du procureur.

Interpellés en 2022

Trois jours après l’envoi de cette photo, une relation sexuelle est consommée entre Norbert J. et son protégé, prélude à une dérive qui va aller crescendo.

Les voisins de Norbert J., qui vivait rue Pasteur à Pont-Sainte-Maxence, s’étaient déjà plusieurs fois étonnés des allées et venues régulières de jeunes gens dans son logement.

Ils n’avaient sans doute pas envisagé le pire. En octobre 2022, le jeune homme hébergé chez lui est interpellé, soupçonné de viol sur personne vulnérable, sa petite amie souffrant d’une déficience mentale.

Kévin est vite rejoint en détention provisoire par Norbert J. car tous les deux sont aussi mis en examen pour le viol d’un jeune sans domicile fixe qui a eu le malheur de rencontrer le duo à Pont-Sainte-Maxence.

C’est donc tous deux accompagnés d’une escorte pénitentiaire qu’ils étaient ce jeudi matin au tribunal de Senlis, dans le rôle du prévenu pour Norbert J., dans celui de victime pour le jeune homme, devenu depuis majeur.

La photo de lui nu, « le point de départ »

« Cet envoi de photo de lui nu à un mineur qu’il hébergeait n’est qu’un élément de contexte mais c’est aussi en quelque sorte le point de départ de tout le reste, décrypte la substitute du procureur.

Ce n’était pas une relation saine, elle était sexualisée dès le départ. »

Petit homme chétif dans le box, Norbert J. a toujours été attiré par des hommes jeunes, se présentant lui même sur les réseaux comme quelqu’un de jeune grâce aux filtres, mais réfute le terme de pédophile.

« La photo, je n’aurais pas dû lui envoyer mais c’est parce que mon téléphone était bloqué. Je lui ai demandé de la transférer à quelqu’un d’autre. Et si je l’ai présenté comme mon petit ami sur les réseaux, c’est pour que d’autres personnes arrêtent de m’embêter. »

« Le jeune homme pouvait se montrer violent »

On est ici très loin d’une éventuelle relation père-fils, ce que confirment quelques messages trouvés dans le téléphone de Norbert J.

« Il fera sa p… pour 10 balles avec Fred »,écrit-il à propos du jeune homme qu’il souhaitait adopter.

« Ce jeune s’est raccroché à Norbert J. parce qu’il était à la rue, estime Me Emmanuelle Thiebaut-Gouin, avocate de Kévin. Norbert J. a trouvé en lui un assistant sexuel et ça a forcément joué sur ce qui s’est passé ensuite. »

Pour Me Amandine Fontaine-Tardu, avocate de Norbert J., on ne peut pas résumer la relation de façon aussi tranchée.

« La victime a 17 ans et 11 mois quand elle reçoit cette photo et a déjà une sexualité très mature. Plusieurs témoins indiquent que le jeune homme pouvait se montrer violent envers Norbert J. pour obtenir de l’argent ou imposer ses amis chez lui. »

Le tribunal a condamné Norbert J. à cinq mois de prison avec sursis et l’interdiction de toute activité en contact avec des mineurs.

Ce qui devrait exclure un retour chez Disney, dont il a d’ailleurs été licencié depuis.

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