Paris | Stéphane Lamberth, ancien pilote de l’armée commandait des viols sur internet

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Le “live streaming” explose avec parfois des demandes aux limite de la torture
Ce 13 janvier 2020, l’homme qui comparaît devant le tribunal correctionnel de Paris a les yeux baissés, et l’air très mal à l’aise. Costume strict et cheveux grisonnants, cet élégant quinquagénaire, divorcé, père de deux enfants, est poursuivi pour « complicité d’agressions sexuelles sur mineurs ».

Actualisation du 1 Mars 2023:

Stephan Lamberth, jugé le 24 février par le tribunal correctionnel de Bordeaux après une plainte de son ancienne voisine, a été condamné à deux ans de prison ferme. Le parquet avait requis cinq ans d’emprisonnement assortis d’un mandat de dépôt.

Dans un précédent procès, en 2020, il avait reçu une peine de cinq ans de prison pour avoir commandité des violences sexuelles sur des fillettes aux Philippines.

Stephan Lamberth, soupçonné d’avoir commis des attouchements sur son ancienne voisine, Maëlle J., à Mérignac (Gironde) a été jugé le 24 février par le tribunal correctionnel de Bordeaux après une plainte de celle-ci.

Le parcours de M. Lamberth, pilote de ligne et père divorcé de 53 ans, avait été très médiatisé, en janvier 2020, lorsqu’il a été condamné par la 15e chambre correctionnelle du tribunal de Paris à cinq ans de prison avec mandat de dépôt, pour complicité d’agressions sexuelles sur mineurs par « instigation ».

Déjà condamné en 2003 à un an de prison avec sursis pour détention d’images pédopornographiques, M. Lamberth a été le premier prévenu jugé par la justice française pour avoir commandité, via Internet, des agressions sexuelles sur des fillettes dans le cadre de shows pédopornographiques filmés aux Philippines et diffusés en direct.

 

Article du 1 Octobre 2021:

Ancien pilote de l’armée de l’air, Stéphane Lamberth s’est fait coincer pour avoir « commandé » des viols d’enfants en direct sur internet.

Du « live streaming », comme on appelle cette pratique.

La lecture du dossier d’instruction est révoltante.

L’affaire commence dix ans plus tôt, aux Etats-Unis.

Un agent du FBI, spécialisé dans la traque des pédophiles sur le Dark Web, repère un certain BenjiBenjio028.

Adepte de Pedobook, sorte de réseau social utilisé par les pervers, l’individu dit rechercher des « petites filles de 6 à 11 ans », pour de la « pornographie dure avec sperme ».

L’agent parvient à identifier son adresse de connexion (l’adresse IP de son ordinateur), une chambre d’hôtel parisienne.

La police française est alertée.

Stéphane Lamberth est identifié.

Le pervers avoue être devenu « accro » au live streaming

Les enquêteurs découvrent qu’il contacte régulièrement une certaine Gaudiosa, une Philippine à qui il adresse des virements de 25 à 50 euros.

Le 12 août 2014, Stéphane Lamberth est interpellé à Paris.

Dans son ordinateur, on retrouve 14 000 photos et vidéos pédophiles.

Ainsi que des extraits de ses échanges avec la mystérieuse correspondante.

Dans une conversation, Lamberth lui demande de « doigter une fillette ».

Il demande:

— Quel âge a-t-elle ?

Réponse:

— Huit ans.

Le reste est impubliable.

Dans un autre échange, Lamberth se fait plus directif :

— Est-ce qu’elle peut mettre ses doigts dans son vagin ? Montre-moi bien !

Les vidéos n’ont pas été conservées dans la mémoire de son ordinateur.

Mais les échanges écrits, si.

Ils sont très clairs.

Face à la justice, l’odieux personnage reconnaît qu’il s’agissait bien de live streaming, et qu’il en était « accro ».

La présidente lui demande:

— Vous saviez que vous aviez affaire à des mineures ?

Il mentira effrontément:

— Je n’ai jamais pu déterminer leur âge…

La présidente:

— Vous avez eu des orgasmes en regardant ces vidéos ?

L’accusé:

— Je me contentais de regarder. C’était des shows soft !

La magistrate s’indigne:

— Pour vous, une petite fille de 10 ans qui se déshabille, se met à quatre pattes et simule une masturbation, c’est soft ?

 

Verdict : cinq ans de prison ferme.

Et un avertissement aux juges, formulé par l’avocat général :

— Vous allez voir ces affaires de live streaming se multiplier !

On ne saurait malheureusement le contredire.

En effet, si cette pratique apparaît encore marginale aux yeux du grand public, il s’agit en réalité d’un marché immense, déjà bien établi.

 Un business mondial très lucratif

Le live streaming pédopornographique est apparu il y a une dizaine d’années.

Les clients ? Des pédophiles qui allaient auparavant violer des enfants aux Philippines, en Thaïlande ou en Haïti.

Avantage de cette nouvelle formule : le pervers reste tranquillement chez lui, et suit le viol en direct depuis son canapé, avec la possibilité d’exiger des mises en scène.

C’est beaucoup moins risqué que de se rendre sur place.

C’est aussi beaucoup moins cher… A peine 25 euros l’abus sexuel dans l’exemple de Stéphane Lamberth.

Un enquêteur français explique:

— Le prix varie en fonction de l’âge de l’enfant Pour un petit garçon de 2 ans, il faut compter environ 100 euros.

Une petite somme pour un quinquagénaire occidental.

Mais une fortune aux Philippines, devenues le centre mondial de cette nouvelle industrie criminelle.

Dans l’archipel du Sud-Est asiatique, le salaire moyen est de 250 euros par mois.

Mais des milliers d’enfants pauvres vivent avec beaucoup moins, livrés à eux-mêmes dans les rues.

Autant de proies faciles pour les nouveaux maquereaux de l’internet, qui peuvent en plus bénéficier de l’excellente couverture réseau du pays.

Résultat, on estime que près de 100 000 enfants philippins sont ainsi livrés au regard libidineux de tous les pervers du globe.

Certains gosses, c’est triste à dire, y sont contraints par leur propre famille.

Et dans le dédale des bidonvilles, où les adresses IP sont souvent collectives, il est très difficile de les retrouver !

Les clients français sont de plus en plus nombreux

Mais les Philippines ne sont plus les seules à héberger ce genre de services.

Un Français nommé Philippe G. a récemment écopé de six ans de prison pour avoir commandé des live streams au Népal et au Cambodge.

Sur les webcams, on croise aussi des enfants d’Afrique et d’Amérique du Sud, et même des petits Roumains.

Avec cette offre qui explose, les clients français sont de plus en plus nombreux.

On en trouve dans toutes les régions, et dans tous les milieux sociaux.

Récemment, à Nancy, c’est un gendarme de 55 ans, Didier D., qui s’est fait prendre la main dans le stream !

Un phénomène de masse, qui s’est encore amplifié avec la pandémie…

Le confinement a fait exploser la pédopornographie

Avec le déferlement du coronavirus, les mesures de confinement ont bloqué chez eux les adeptes du tourisme sexuel.

Empêchés de voyager, les pédophiles se sont donc rabattus sur Internet.

Beaucoup ont découvert à cette occasion l’existence de cette prostitution à distance, simple et peu coûteuse.

Repérer sur les réseaux sociaux une mère de famille qui « propose » ses enfants est facile.

Il suffit ensuite de prendre contact avec elle, et de s’accorder sur un prix.

La note est généralement réglée par le système de transfert de fonds Western Union. Ne reste au pédophile qu’à se connecter sur Skype au jour et à l’heure convenus, pour profiter du « spectacle »…

Treize policiers traquent les pédophiles à plein temps

Malheureusement, dénoncer le phénomène ne risque pas de l’arrêter.

La violente crise économique provoquée par la pandémie n’a fait qu’accroître la misère dans le monde, en exposant toujours plus d’enfants à l’exploitation sexuelle.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon une enquête du Journal du dimanche, les « abus d’enfants en direct » aux Philippines auraient augmenté de 260 % depuis janvier 2020…

Mais même si les vidéos diffusées sur Skype ne laissent généralement pas de traces, les pédophiles qui les visionnent auraient tort de se croire intouchables.

En France, treize policiers les traquent à plein temps, et les jugements s’enchaînent.

A l’image de Stéphane Lamberth, les pervers sont généralement confondus par leurs échanges écrits.

Plus de 300 « clients » français seraient actuellement dans le viseur.

Les policiers constatent que leur profil évolue.

De plus en plus jeunes, ils sont aussi plus nombreux à réclamer des mises en scènes abjectes, parfois aux limites de la torture.

Philippe Guichard, adjoint au sous-directeur de la lutte contre la criminalité organisée explique:

— Ce que l’on craint, c’est d’assister un jour à un meurtre en direct,

Le phénomène est tellement inquiétant que le gouvernement français a fait passer une nouvelle loi en juillet 2020.

Elle permet de poursuivre quiconque fait des offres, des promesses ou des dons à un tiers afin qu’il commette un viol.

Dans ce cas, le demandeur risque désormais sept ans de prison et 150 000 euros d’amende, même si le viol n’a pas lieu.

Avis à tous ces prédateurs.

Une enquête de Christophe Guerra

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