Orléans | Un sergent de la base aérienne condamné à de la prison ferme pour proxénétisme
- La Prison avec sursis... C'est quoi ?
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- 06/08/2024
- 09:35
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Côté pile : un militaire engagé dans l’armée de l’air en 2018, promu sergent en 2022 et affecté à la base de Bricy.
Côté face : un homme qui, en l’espace de moins de deux ans (de juin 2020 à novembre 2021), a perçu 53.000 euros en exploitant au moins neuf jeunes femmes qui se livraient à la prostitution, et à qui il fournissait les profils sur les sites spécialisés de rencontre et les lieux pour exercer cette “activité”.
Âgé de 26 ans, il a été condamné ce jeudi par le tribunal correctionnel d’Orléans à trois ans de prison dont 18 mois ferme pour “proxénétisme aggravé“.
Un réseau rapidement “professionnalisé”
Point de départ de cette affaire : une simple aviatrice de la base de Bricy, qui un jour confie à ce sergent qu’elle a des difficultés financières.
Après l’avoir mise en confiance, il lui propose alors clairement de se prostituer, lui expliquant qu’il a ses “entrées” dans ce milieu.
Étonnée, la jeune femme en fait part à sa hiérarchie qui diligente une enquête interne, avant finalement de saisir la justice.
Lui explique que c’est par hasard qu’il a monté ce réseau local : une prostituée dont il est le client régulier lui demande s’il ne peut pas l’héberger.
“Par la suite, raconte-t-il, elle a amené des connaissances à elle, et c’est parti comme ça.”
Mais au fil du temps, il se “professionnalise” et recrute lui-même des jeunes femmes, dont sa propre compagne de l’époque avec qui il lui arrive parfois d’être violent.
Les passes, qui au début se déroulent dans son appartement dans le centre-ville d’Orléans, sont organisées bientôt dans des chambres d’hôtel ou dans des appartements loués sur Airbnb.
Il perçoit 30 à 50% sur les prestations, et les sommes engrangées s’envolent, 53.000 euros donc en un an et demi, selon les estimations des gendarmes.
“Vous aviez besoin d’argent ?” interroge la présidente.
“Au début non, répond-il, mais c’est devenu un besoin car j’ai réalisé que j’aimais dépenser, en sorties, en vêtements, pour consommer du cannabis aussi.”
“La femme reléguée au statut d’objet consommable”
Dans le box, le militaire minimise pourtant les faits.
“Je sais que ce que j’ai fait n’est pas bien, mais je ne les ai pas forcées, elles étaient consentantes, tente-t-il d’expliquer. Je reconnais que j’ai profité d’elles, mais je les ai aussi aidées.”
Des propos qui provoquent la colère de Me Laure Massiera, qui défend trois des victimes : “Toutes les femmes qui travaillaient pour vous étaient particulièrement jeunes – l’une n’avait même que 16 ans, une autre 17 ans – et toutes étaient en situation de grande vulnérabilité, en rupture familiale, ou sortant de l’Aide sociale à l’enfance, ou étant à la rue. Et vous appelez ça les avoir aidées ?”
Le procureur insiste sur la personnalité “inquiétante” du jeune homme, dont on ne peut exclure qu’il “relègue la femme au statut d’objet consommable”, selon les conclusions de l’expert psychiatre.
“Avec cette affaire, on est loin des valeurs militaires d’exemplarité, de dignité et de probité”, insiste le magistrat.
Me Matthieu Mhamdi, avocat de la défense, préfère retenir le terrible “engrenage” dans lequel a sombré le militaire, adopté à l’âge de 12 ans, et au casier judiciaire vierge.
Le jeune proxénète a donc été condamné à trois ans de prison dont 18 mois ferme, assorti d’une amende pénale de 20.000 euros.
Il a aussi l’interdiction de détenir une arme pendant cinq ans.
Il a été immédiatement incarcéré.
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