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Elle a été violée pendant des années, quand elle avait entre 11 et 19 ans. Son beau-père s’est suicidé avant son procès d’assises. Pour cette Isarienne, c’est un drame.
Elle attendait beaucoup de procès. Les 8 et 9 décembre prochains, un homme qui habitait dans la région de Méru (Oise) devait être jugé devant la cour d’assises de l’Oise. Il lui était reproché d’avoir violé sa belle-fille au cours de nombreuses années. Le procès n’aura pas lieu. L’homme s’est suicidé par arme à feu le 28 octobre dernier.
Pour Sylvie (prénom modifié), cet acte a été un choc : « Je me suis effondrée ». Cet Isarienne de 28 ans, mère de trois enfants, comptait sur ce procès « pour que la vérité éclate ».
Car, explique-t-elle, depuis qu’elle a dénoncé les faits, c’est elle « qui passe pour la méchante » au sein de sa famille. Sa mère a pris faits et causes pour son beau-père, et elle ne voit plus ses trois frères.
Les faits dénoncés sont d’une extrême gravité. Sa mère s’est mise en couple avec cet homme quand elle avait cinq ans. Tout se passait bien, le beau-père s’occupant d’elle comme si elle était sa propre fille. Le calvaire a commencé quand elle avait 11 ans.
Un soir, raconte-t-elle, il entre dans sa chambre. Il lui donne une boîte de chewing-gum et lui ordonne de l’enfoncer dans son vagin. La fillette, apeurée, s’exécute. Au fils des mois et des années, l’homme viole sa belle-fille.
« Si jamais tu le dis à ta mère, j’irai en prison, mais dès que je sortirai, je tuerai toi, ta mère et tes petits frères. Ta mère ne t’aimera plus et tu iras à la DDASS », disait-il. Le supplice de l’Isarienne a duré jusqu’à ses 19 ans.
En grande souffrance, la jeune femme présentait des marques de scarification. Son petit ami les a remarquées, il lui a demandé des explications. Elle a fini par tout lui raconter.
L’affaire éclate en 2013. Placé en garde à vue en juillet 2013, le beau-père a commencé par nier les faits puis passe aux aveux. Il a parlé d’une « sorte de dérapage, de curiosité », dans une période où il buvait beaucoup. Il a réitéré ses aveux devant le juge d’instruction : « On a fait des bêtises (…) Des fois c’est elle qui voulait aussi (…) Au départ, c’est moi, je l’avoue ». La mère de Sylvie, pour sa part, a dit aux gendarmes que sa fille était une menteuse.
« Beaucoup ne la croient pas, malgré les aveux. Ma cliente attendait cette confrontation judiciaire et publique pour se reconstruire. Ce décès met à néant cet espoir, et certains lui reprochent même d’être à l’origine de cette tragédie », regrette Me Giuseppina Marras, l’avocate de Sylvie.
Me Benoît Varin, l’avocat du beau-père, se dit « surpris » par le suicide de son client. « Pour tout le monde, il aurait fallu ce procès. » Sylvie s’accroche à l’amour de son concubin et de ses enfants pour continuer à avancer.
« Je voulais être reconnue comme victime. Que la vérité éclate, et que mes frères reviennent vers moi. »
Source : courrier-picard.fr
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