Nevers | Une adolescente sauvée du suicide après la révélation d’une agression sexuelle

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Seulement du sursis pour ce pédocriminel
Une adolescente de Nevers sauvée du suicide par un message désespéré à son petit ami, une discussion à coeur ouvert avec son père et la révélation des agressions sexuelles d’un ancien compagnon de sa grand-mère.

Elle est dans la salle des bains, tape quelques mots sur son téléphone, les envoie à son petit ami et les efface aussitôt.

Mais le garçon a eu le temps de les lire et de comprendre la détresse.

Il appelle immédiatement le père de la jeune fille, qui intervient avant qu’elle n’attente à sa vie.

Ils parlent à cœur ouvert.

Le papa pense que le harcèlement scolaire est en cause.

Il pense aussi aux deux amies proches de sa fille qui se sont suicidées.

Mais il devine progressivement qu’il y a autre chose et pressent que c’est dans la famille.

Alors, il égrène les noms.

Lorsqu’il prononce celui de l’ancien compagnon de la grand-mère paternelle, elle hoche la tête.

L’homme de 65 ans comparaît à l’audience correctionnelle de mardi, à Nevers, pour agression sexuelle sur l’enfant.

Elle avait entre 11 et 12 ans en 2019 et 2020 et venait chez sa grand-mère pour les vacances scolaires.

Il est entré dans la chambre quand elle jouait seule.

Il l’a caressée sous son tee-shirt ample, au niveau de sa poitrine pas encore formée, et sur son pantalon slim, à l’entrecuisse.

« Je regrette ce que j’ai fait », déclare-t-il.

Il n’a jamais contesté, alors que la grand-mère (ils ont été en couple peu de temps dans les années 1990 et ont continué à se fréquenter amicalement) refuse de croire sa petite-fille et n’a plus jamais voulu la revoir depuis la révélation des faits.

En une courte phrase, il évoque une « pulsion ».

L’enquête a fait remonter des souvenirs de jeunesse au père et à son frère, des testicules saisis par le prévenu durant une « bagarre ».

Le sexagénaire n’a guère plus de mots à livrer là-dessus.

« Ils vous attirent, les enfants ? — Non.

— Comment expliquez-vous tout cela ?

— J’ai fait une bêtise.

— Les bêtises, c’est à l’école. Ici, nous jugeons les infractions pénales. »

Les parents de la victime sont présents et s’en veulent.

« Ma fille a commencé à faire des dessins un peu bizarres au collège », raconte le père.

« Les services sociaux sont venus, il y a eu un an de suivi et ils n’ont rien trouvé. Elle voyait une psychologue, mais elle s’est renfermée et elle a commencé à avoir des idées noires. »

La procureure de la République, Anne Lehaitre, tient à les remercier.

« Sans vous, il n’y aurait pas eu cette procédure. »

Ni l’évolution de la victime, « un peu plus épanouie » aujourd’hui, malgré quatre ans de scolarités gâchés.

« Elle va mieux, même si c’est pas tout à fait ça non plus », décrit la mère.

« Je ne pensais pas que ça pouvait arriver, car on… on… on avait confiance en ce monsieur [des larmes lui viennent]. Il a détruit notre famille, je ne souhaite ça à personne. »

L’entretien psychiatrique du prévenu s’est avéré « très pauvre ».

Cependant, l’expert ne le pense pas dangereux et incapable de récidiver.

« La procédure a été suffisamment impressionnante pour l’empêcher de recommencer. »

Maître Valérie Kucan s’appuie sur cet avis et sur la reconnaissance des faits par son client.

« Ce n’est pas courant dans ce type d’affaire, c’est même plus qu’inhabituel. Je pense vraiment que, ce jour-là, il a pété un plomb. Il n’arrive pas à l’expliquer, car c’est très certainement quelque chose d’inexplicable. Mais on ne le reverra jamais ici. »

Conformément aux réquisitions, il est condamné à dix-huit mois de prison avec sursis probatoire, les obligations de suivre des soins et d’indemniser la victime à hauteur de 1.500 €, les interdictions d’entrer en contact avec elle et de toute activité en lien avec des mineurs.

Il est inscrit au fichier des délinquants et criminels sexuels.

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