Cergy-Pontoise | Seulement trois ans de prison pour des années de viols incestueux

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Le père rattrapé par la justice 30 ans après ses premiers viols incestueux à Cergy
Trois ans d’emprisonnement ferme pour avoir violé sa fille aînée pendant des années, quand elle avait entre 3 et 17 ans, à Cergy
Un père de famille a été condamné à trois ans d’emprisonnement pour avoir violé sa fille aînée quand elle était mineure et qu’ils habitaient Cergy, dans le Val-d’Oise.

Un sexagénaire « obsédé du sexe » originaire de Sainte-Marie (Martinique) a été condamné mercredi 25 octobre 2023 à trois ans d’emprisonnement ferme pour avoir violé sa fille aînée pendant des années, quand elle avait entre 3 et 17 ans, à Cergy, dans le Val-d’Oise, notamment.

Le tribunal correctionnel de Nantes a également infligé deux années de prison supplémentaires à Corantin X. après que l’une de ses ex-compagnes se soit « jetée » du cinquième étage de son immeuble à Nantes (Loire-Atlantique) en 2015.

Cette jeune Martiniquaise alors âgée de 27 ans avait en effet dit aux secours qu’elle tentait de fuir les violences de cet homme en invalidité, âgé aujourd’hui de 62 ans, et qui s’est présenté avec une canne à la barre du tribunal correctionnel.

L’homme est en fait père de six enfants – dont des jumeaux – nés de cinq mères différentes ; mais il pense qu’il est le géniteur de « beaucoup » d’autres – « au moins douze » – qu’il n’a pas reconnus.

Il proposait de jouer « au papa et à la maman »

Ce prévenu « volage » et « qui papillonne » – désormais reconnu travailleur handicapé – avait d’abord fait l’objet d’une plainte de sa fille aînée Priscillia en février 2014 après qu’il se soit livré à de nouveaux « attouchements » sur une jeune demi-sœur.

La jeune femme – alors âgée d’à peine 18 ans – avait expliqué aux policiers du commissariat d’Herblay-sur-Seine  que « son sang n’a fait qu’un tour » quand elle avait pris connaissance de ces méfaits par le biais d’une amie commune.

Elle-même en avait été victime quand elle était encore « en maternelle » à Villepinte (Seine-Saint-Denis) avec sa mère, ville qu’elles avaient quitté en 1990 pour s’installer à Cergy.

Les crimes se déroulaient dans la voiture du prévenu : il lui mettait « un bandeau sur les yeux » pour « jouer au papa et à la maman », avait expliqué l’adolescente aux policiers.

Le Martiniquais lui « prenait les mains » pour le « masturber » et « éjaculait dedans » ; il lui faisait de même « dans la bouche », avant de lui demander de « recracher le sperme dans un mouchoir ».

Des faits similaires avaient lieu quand il l’emmenait au Mc Do et qu’il trouvait « un coin tranquille » avant, ou bien chez sa grand-mère paternelle à Châtillon (Hauts-de-Seine).

Cet homme avait pourtant « une peur maladive des pédophiles« , dira l’une de ses ex-compagnes, « au point qu’il ne voulait pas que leur fils ait un maître mais une maîtresse » à l’école.

Ce mercredi 25 octobre, à la barre du tribunal correctionnel de Nantes, l’homme a été « incapable » d’expliquer de telles accusations et a dit « ne pas savoir » si sa fille « ment ».

Il avait invoqué devant les policiers une possible « vengeance » après qu’il lui ait annoncé qu’il « ne viendrait plus la voir » en région parisienne quand il avait appris qu’elle était « homosexuelle ».

« Quand je venais la voir chez sa mère, je ne l’ai jamais vue avec un petit copain, toujours avec des copines…

Un jour, je lui ai donc dit « Vu ton orientation sexuelle, je ne viendrai plus à Pontoise mais je resterai quand même ton père. »

Le prévenu

« Or, trois mois après, je recevais une convocation suite à sa plainte… »

« Peur maladive des pédophiles »

Reste que l’une de ses ex-compagnes – qu’il avait connue « à 16 ans en boîte de nuit » – avait dit aux policiers qu’il était « particulièrement attiré par les femmes (…) à la limite de la minorité ».

Il avait ainsi « dragué » une baby-sitter « de 17-18 ans ».

L’homme avait finalement été placé en détention provisoire deux jours après qu’une autre jeune compagne de 27 ans soit tombée du 5e étage de son immeuble à 23h10 dans le quartier Pirmil, à Nantes.

Présent à ses côtés lors de l’arrivée des policiers, Corantin X. avait alors dit aux forces de l’ordre qu’elle s’était « défenestrée après une dispute ».

Mais, après qu’il se soit mis à l’écart, la victime leur avait soufflé « avoir voulu échapper aux violences » que le prévenu lui faisait « subir ».

Un voisin avait confirmé avoir « entendu des cris et des bruits sourds » susceptibles de faire penser à des violences conjugales.

Des amphétamines, de la résine de cannabis, un nunchaku et des couteaux avaient alors été saisis par la police.

Sa compagne s’était jetée du 5e étage

Présentée comme « hystérique » et « instable » par le prévenu, cette petite Martiniquaise malentendante a eu « les deux fémurs et quatre côtes cassés » dans sa chute du 5e étage, a souligné son avocate Me Stéphanie Houssin.

Le prévenu l’avait menacée de lui envoyer « des sorciers » et « des vaudous » après qu’il ait appris qu’elle ait eu une relation avec un autre homme que lui.

La procureure de la République, de son côté, a commencé par « regretter » la longueur de cette procédure : l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel a été signée en 2018, et le procès a été renvoyé à plusieurs reprises.

« Si la cour criminelle départementale avait existé à l’époque, jamais il n’y aurait eu de démarche de correctionnalisation »

pense-t-elle.

L’homme a déjà purgé neuf mois et demi de détention provisoire dans le cadre de la première affaire, puis remis en liberté.

Mercredi 25 octobre, son avocate avait plaidé sa relaxe pour les « violences » conjugales.

« L’immeuble compte dix-neuf appartements, il y a dix voisins et un seul dit avoir entendu des bruits évocateurs de violences »

avait relevé Me Aurélie Rolland.

Il devra verser 15 000 euros à sa fille aînée

D’un point de vue judiciaire, son client habite à présent « dans les Bouches-du-Rhône », après avoir vécu successivement donc en région parisienne, à Perpignan (Pyrénées-Orientales) et à Nantes.

Sur le plan judiciaire, il n’était jusqu’alors connu de la justice que pour un « abandon de famille » et des « appels téléphoniques malveillants » au préjudice d’une ex-compagne.

Corantin X. devra dorénavant se soumettre à un suivi socio-judiciaire de cinq ans à sa sortie de détention.

Il lui a été fait « injonction » de se plier à des soins psychiatriques « en lien avec ses passages à l’acte sexuels », sans quoi il risquerait de purger trois ans de prison en plus.

Son nom a été inscrit au Fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles (FIJAIS), ce qui l’obligera à pointer tous les six mois à la gendarmerie ou à la brigade de police la plus proche de son domicile.

Sur un plan civil, il devra verser 15 000 € de dommages et intérêts à sa fille aînée et 2 000 € à sa demi-sœur cadette.

Le montant de l’indemnisation de la jeune femme qui s’était jetée du 5eétage de son immeuble à Nantes sera arrêté lors d’une audience ultérieure, prévue le 7 février 2025.

Dans l’immédiat, il devra lui payer une première « provision » de 3 500 €.

À ces sommes, s’ajouteront 4 200 € de frais d’avocats, qu’il devra verser à ses victimes.

Sa dernière fille a 6 ans.

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