Montbéliard | L’homme qui se « frottait » aux lycéennes dans les bus écope de six mois de prison ferme

En 2012, « Les femmes du bus 678 », un film réalisé par Mohamed Diab, dénonçait les agressions sexuelles dont sont victimes les Égyptiennes dans les transports en commun. Jeudi matin, un dossier à l’audience du tribunal correctionnel de Montbéliard faisait penser, toutes proportions gardées, à ce long-métrage où une poignée de courageuses fait la guerre aux « frotteurs ».

L’homme empruntait des bus, tous les mercredis, choisissant les trajets vers les lycées. Trois femmes ont déposé plainte. Photo d’archives ER L’homme empruntait des bus, tous les mercredis, choisissant les trajets vers les lycées. Trois femmes ont déposé plainte. Photo d’archives ER[/caption]

Resat Zejnula, un Montbéliardais de 69 ans, est un homme sans histoire, sans passé judiciaire, bon époux et bon père de famille. Seulement, le sexagénaire avait pris des habitudes, tout au moins le temps de la prévention (entre septembre 2013 et juin 2014), beaucoup moins avouables. Il empruntait les bus pour se coller aux jeunes femmes. Trois d’entre elles, mineures à l’époque, ont déposé plainte.

« J’ai honte »

La présidente Audrey Vandendriessche reprend le témoignage d’une victime :
« Il se tenait à la rambarde et se frottait le sexe contre mon bas-ventre. Il se mettait sur la pointe des pieds car il était de petite taille. »

L’homme, vite identifié (les victimes ont pris des photos), bafouille : « Ça ne s’est passé que trois ou quatre fois. J’ai honte. »
Les magistrats ne vont pas s’en contenter : « C’était très régulier, tous les mercredis. C’est grave, monsieur. On a l’impression que vous n’avez pas avancé ! Qu’est-ce qu’il faut faire ? Continuer à vous interdire de prendre le bus ? », martèle la juge.

« Des objets sexuels »

Mais le prévenu, chez qui l’expert psychiatre n’a pas décelé de tendance pédophile, semble encore peu conscient du mal qu’il a engendré. « Il montait en dernier dans les bus bondés. J’étais coincée. Je lui disais d’arrêter, il partait l’air de rien.

Je l’ai vu faire ça sur d’autres personnes. Je ne peux plus prendre le bus. Je suis allée faire mes études ailleurs », note une victime, aujourd’hui majeure, qui s’effondre à la barre. Son père intervient, modéré malgré la douleur et la colère : « C’est un prédateur de jeunes filles. »

Le procureur parle d’une organisation dans le mode opératoire. « Il visait des proies, des objets sexuels. Il choisissait le mercredi, des trajets vers les lycées pour être sûr de croiser des jeunes femmes, plus fragiles », commente Swen Morelle qui requiert six mois de prison avec un suivi sociojudiciaire de cinq ans : « Deux ans de prison si celui-ci n’est pas respecté », ajoute le ministère public qui demande aussi l’inscription de l’homme sur le fichier des délinquants sexuels.

Interdiction de prendre un bus de la CTPM

Me Rothe, à la défense, pense que son client est dévoré par la honte : « C’est difficile pour lui de se présenter devant vous. Il a encore du chemin à parcourir mais l’expert le dit, il y a une capacité, chez lui, à prendre conscience de ses actes.
La sanction doit être axée sur les soins », temporise l’avocat.

Jugement du tribunal : six mois de prison ferme, suivi sociojudiciaire pendant cinq ans (un an de prison en cas de non-exécution), avec interdiction d’emprunter le réseau de bus de la CTPM, de se présenter devant des établissements où se trouvent des mineurs, obligation de soins.

L’homme est inscrit au fichier national des délinquants sexuels. Deux victimes touchent les dommages et intérêts sollicités, 1000 € pour l’une, 500 € pour l’autre.

Source: http://www.estrepublicain.fr/

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